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Une fois de plus c'est à Pont d'Espagne que je laisse la voiture. Dire qu'hier à 21 heures, j'étais encore en pleine phosphoration sur les cartes du massif Central, pour un trek Puy de Dôme - Sancy. Mais non, il me fallait l'ivresse de l'altitude.
La cascade du Pont d'Espagne est plus belle que jamais.
De même que la vallée du Marcadau, un vrai fantasme de pécheur digne d'un roman de Nicholas Evans - est-ce qu'un jour j'y croiserai Scarlett Johansson ?
(D'accord Jeremiah, je mélange un peu tous les films de Redford.)
J'arrive au refuge Wallon. Bizarre accueil, avec cette inscription sur la porte : "Pour quémander c'est ici", et sur l'enclos : "Vos enfants aiment nos poneys, nos poneys n'aiment pas vos enfants"... On est en pays ami...
Bah, je n'y passe que pour demander, par courtoisie, l'autorisation de planter ma tente. La gardienne est en pleine dragouille avec le berger du coin, pendant que son mec est aux fourneaux, en plus je ne viens pas pour raquer, je la gonfle. "Où vous voulez, mais pas avant 19 heures, et pas après 9 heures." OK, OK.
Le lendemain matin, je me lance vers les lacs de Cambalès.
Le chemin monte tranquilou dans la prairie d'altitude, sous le Soum det Malh. Rapidement je double le couple d'espagnols partis devant moi du refuge. Apparemment la forme est là :).
Petit laquet, prémice des lacs de Cambalès, avec en arrière-plan le sommet bifide du Vignemale, surgissant au-dessus du Port d'Arratille.
Devant, le Pic de Cambalès. Le col où je vais passer est juste à sa droite.
Ruisseau calme, d'un très grande transparence, ce qui permet le développement de quelques plantes à fleurs aquatiques, inconnues de moi...
Et voilà le premier lac de Cambalès.
Étrange, cette petite cascade qui semble comme sortir du haut d'un rocher !
Exutoire, évidemment, du deuxième lac de Cambalès, jumeau du premier.
Le même lac avec en arrière-plan au sud, le Pena de Aragon et la Petite Fache.
Et toujours le Pic de Cambalès, un "presque 3000 m" (2968 m), inaccessible au simple randonneur que je suis.
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(Accès à la 1ère partie de l'article)
Encore un autre lac plus au sud... (Ne te lasse pas trop vite, ce ne sont pas les lacs qui vont manquer au long de ce trek !)
Pas de souci, a priori ; je suis un chemin plutôt bien cairné qui se faufile dans une brèche sans difficultés. Mais le temps passe, je devrais déjà être au col : il semble que le poids du sac me scotche un peu.
A vrai dire, ayant organisé mon itinéraire au dernier moment, je me suis trouvé en manque de lyophilisés. Alors j'ai blindé le sac de boites de maquereaux, de pâté Hénaff, de gâteau breton et de crèmes Mont-Blanc (trois parfums : chocolat, vanille et pralinés eh eh). Ça pèse un âne mort ces machins-là.
Arrivée à un lac supplémentaire. Ça commence à bien faire. il est où ce foutu col ?
D'autant que maintenant, il n'y a plus de trace. Des tas de cailloux. Il faut soit les grimper, soit sauter de l'un à l'autre et si c'était drôle au début, je commence à me lasser.
Et alors, ne me demande pas pourquoi, je pète un câble. Paumé. Plus d'envie, mal au bide, la nausée. Si c'était facile, je ferais demi-tour et zou, la Bretagne... Qu'est-ce que je fous là, qu'est-ce qui m'arrive, qu'est-ce que je me fais chier, plus rien dans le ventre, plus rien dans la tête, plus rien dans le froc.
Mais se taper à l'envers le tour du lac... Pas mieux ! Alors je ravale ma haine et je continue. Un bienveillant névé me permet d'éviter la crapahutage de caillou en caillou pendant quelques deux cents mètres. Et je m'aperçois que je retrouve le chemin cairné - qui évitait la purge du pierrier en passant bien plus au nord.
Le col de Cambalès, au final, est atteint - avec largement 2 heures de retard sur l'horaire normal. Bon ben je ne sais pas ce qui s'est passé mais c'est pas grave, c'est la bascule. En face, le Balaïtous.
Le chapelet des lacs de Cambalès depuis le col...
Descente raide mais sans difficulté. Je profite d'un ruisseau qui descend du Pic de Cambalès pour refaire mes réserves d'eau. Pas de risque qu'il y ait des moutons plus haut. Au nord, le lac de Remoulis au fond de la vallée d'Arrens.
Et le passage en Espagne au Port de la Peyre Saint Martin. Note la petite tache à gauche, c'est là-bas que j'ai prévu mon bivouac.
Je descends vers le lac de Campoplano et le cirque de Piedrafita.
(Je m'aperçois que j'ai pris quasiment la même photo, mais sous la neige de printemps il y a dix ans : voir là pour l'article et là pour la photo.)
Le lac est au plus bas, largement sous les infrastructures du barrage.
Je bifurque à gauche plus ou moins en hors piste pour une courte bavante, le Port de la Peyre Saint Martin derrière moi.
Et voilà ce petit lac au bord duquel j'ai prévu d'installer la tente.
Mais un vent très frais et costaud s'est installé et débaroule de la Peyre Saint Martin, alors j'avance encore un peu à la recherche d'un abri, et trouve un petit laquet bien sympa et abrité du noroît. Va, c'est fini pour aujourd'hui !
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La nuit sous la lune... La superlune même, puisqu' il paraît qu'elle est au plus près de la Terre ces jours-ci.
...Nothing like the sun
Les yeux de mon amante n'ont rien de solaire.
Bien plus que ses lèvres, le corail est carmin.
Son sein n'est pas neige : il a le blond du désert,
Tandis que ses cheveux s'amassent en noirs crins.J'ai vu des roses damassées rouge sur blanc,
Mais sur ses joues pas tant de rose porcelaine.
De bien des parfums, bien sûr ! le charme est plus grand
Qu'au réveil de ma mie, quelquefois l'âcre haleine.Je sais - bien que j'adore à l'entendre parler -
Que le hautbois sonne plus harmonieusement.
J'ai pu rêver de voir une déesse aller ;
Ma bien aimée, hélas, reste gauche en marchant.Pourtant, Dieu ! je crois celle que j'aime aussi rare
Que ces belles à qui le Barde la compare...(Traduction / interprétation libre du sonnet 130 de Shakespeare. Le lien entre mon empyrée lunaire et ce sonnet est dans la jolie chanson de Sting, Sister Moon.)
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