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Bretagne
La rubrique "Bretagne" s'est étoffée... Ci-dessous un sommaire par département.
Coucher de soleil morbihanais sous l'influence de l'éruption à Holuhraun
Finistère :
La traversée des Monts d'Arrée
Et une petit balade en paddle sur l'Aulne
Côtes d'Armor :
Ille & Vilaine :
Les polders du Mont Saint-Michel
Morbihan :
Le cimetière de bateaux de Lanester
Et un bon tas de balades en stand-up paddle
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Par lartisan le 25 Mars 2022 à 23:45
Petit matin blême (êmeu). Pas si tôt en fait. Des heures il n'a pas sonné la neuvième (êmeu). Apparemment une sorte de brumasse colle au paysage. Peut-être que ça va passer quand le vent se lèvera ?
Je continue vers le bout de la pointe de Pern (érneu ?). Encore un troll. Pas la peine de l'habiller, on reconnaît bien son œil plissé, sa bouche, ses bajoux, son nez cornu...
En approche du phare de Nividic, à gauche, et des deux mats qui, dans le temps, lui étaient associés. Deux pylônes de béton, en fait, reliés au phare par des câbles électriques et même un téléphérique pour permettre sa maintenance.
Balaise, non ?
En vérité ça n'a pas marché longtemps : en service en 1936, le phare de Nividic s'éteint pendant la guerre. La corrosion a raison du mécanisme. Le phare reprendra son activité plus tard, avec un accès classique par mer, et même ensuite par hélicoptère après l'ajout d'une plateforme d'atterrissage.
Pointe de Pern : j'ai atteint le bout du bout. Pas moyen d'être plus à l'ouest...
Assez loin : le fameux phare de la Jument.
Un ancien fortin, type Vauban, auprès duquel est exposée une ancre marine. C'est celle de l'Atlas, bateau naufragé en 1781 dans l'anse juste en contrebas.
Je longe toute la côte nord de la baie de Lampaul, double un petit troupeau de biquettes - et son bouc bien poilu, bien barbichu (le bouc a un bouc).
Lampaul, bourg de l'île. A la première maison où je croise du monde, je m'enquière de la fontaine du village. Bien entendu, on me remplit obligeamment mes deux bouteilles. Je traverse, jette un œil rapide au port sans prétention.
Et continue cette fois-ci sur la rive sud de la baie de Lampaul. A droite, l'îlot de Youc'h Korz.
Comme attendu, le vent s'est très vite remis à souffler du nord-est. Je l'ai toujours dans le dos, ce n'est pas trop gênant. Une drôle de baie, d'un ovale parfait : Porz Goret. On dirait presque un cratère de météorite.
Je fais bien consciencieusement le tour de la pointe, vire vers la pyramide du Runiou.
La remontée à l'est est laborieuse. Étonnamment, l'atmosphère reste très embrumée alors que le vent redouble de violence. Contrairement à mes espoirs, il n'est pas, ou à peine, freiné par la terre. Je le prend quasiment de face, mes sinus font office de tubes de Pitot, je passe mon temps à me moucher.
C'est le genre de situation où on ne flâne pas vraiment ; j'avance très vite sans prendre beaucoup de photos. Vers 11h45 je trouve un accès en bas des falaises, dans une crique à proximité de Porsguen.
Ouf, un peu de répit à l'abri du vent. Déjeuner, farniente, je repars. Roch' Haro.
Un moment j'ai l'illusion d'approcher déjà de la pointe est. En fait c'est l'îlot Enez an Eïn, nouveau refuge d'oiseaux marins.
La croix de Saint Paul, ou Croas ar C'halac'h, amer au niveau de l'îlot Youc'h. Elle date de 1702.
Et me voilà à la pointe est. Il n'y a plus qu'à remonter au nord pour rejoindre le Stiff.
J'ai failli raté le cromlech, en suivant toujours aussi scrupuleusement le bord des falaises. Mais en haut de celles-ci, c'est tellement plat et raboté par le vent que j'aperçois les menhirs derrière moi, et fais donc un petit détour pour les photographier. Le cromlech d'Ouessant daterait de l'âge de bronze.
Porz Ligoudou : les derniers hectomètres avant de rejoindre le port du Stiff.
Et voilà, le tour est bouclé. Jour deux : 22,8 km, déniv +600. Ouessant peu à peu disparaît dans la brume.
(Début d'article) (Sommaire Bretagne)
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Par lartisan le 25 Mars 2022 à 21:59
Les roches déchirées entre Rilouet et Corn Héré - suite.
Côté terre.
Côté mer. Corn Héré, terreur des marins...
Un troll, tête de varan ?
Le même sur l'autre face. L'île de Keller en arrière-plan.
Corn Héré, paradis... des naufrageurs ?
La cale de Yuzin, protégée du noroît et du vent d'est. (OK, le montage panoramique ne vaut rien ; il faut que je trouve un logiciel plus performant.)
La suite, entre Beg Binigou et le Créac'h, toujours aussi spectaculaire.
Une étrange construction au sommet d'un roc. Ce sont les restes de la cloche sous-marine d'Ouessant. Elle a fonctionné de 1912 à 1919.
Si j'ai bien compris elle émettait un son régulier susceptible d'être entendu et interprété par les bateaux équipés de récepteurs acoustiques, jusqu'à une distance de 5 milles nautiques. Une technologie transitoire, à l'époque où l'on naviguait à l'estime et avant la généralisation des radars.
Le vent donne bien maintenant, et je commence à me tracasser pour mon bivouac. S'agit de trouver un endroit - plat - herbeux - sec - à l'abri du vent du nord-est - à l'écart des chemins. Cahier des charges compliqué. L'emplacement, l'emplacement, l'emplacement. Passé les bâtiments du musée et du phare, je tombe pile sur le coin parfait, au bout même de la pointe du Créac'h. C'est encore un peu tôt, je ne suis pas à mi-chemin du tour, mais compte-tenu des horaires du bateau j'aurai plus de temps demain. Je ne laisse pas passer l'opportunité. Je me pose, bouquine un peu en attendant le soir.
Jour un : 13 km, déniv +500 m. Rapidement il n'y a plus de visiteurs (on est en mars - et en semaine) : je monte la tente.
Puis j'explore les rochers qu'encore une fois une vieille passerelle de béton permet d'atteindre.
A l'ouest, la pointe du Pern et le phare du Nividic.
A l'est, le phare du Créac'h. Mon site de bivouac juste sous les rochers de droite.
Gros plan du roc et du phare du Créac'h.
La pollution a bien coloré le coucher du soleil.
Un bien chouette site de bivouac, non ?
Sauf que juste à ce moment, se ramènent une camionnette et deux gars qui déballent puis installent tout un matos, projos, câbles et même groupe électrogène. Arg, qu'est-ce que c'est que ça... Une rave-party à dix mètres de mon bivouac ?? J'interroge les deux manutentionnaires. En fait il s'agit d'une équipe de cinéma qui tourne quelques images sur l'île. Ils me rassurent : ils ont plusieurs sites de tournage cette nuit, ils auront remballé à 22 heures.
Bon... Pas grave. L'obscurité s'installe, le phare du Créac'h - le plus puissant de France - s'allume.
Les projos aussi s'allument. Et le groupe électrogène. Apparemment, ils filment la passerelle et les rochers côté mer. Mais bah, je me couche et m'endors sans difficulté, plus bercé par le bruit du vent et de la mer que par les cinéastes.
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Par lartisan le 25 Mars 2022 à 20:14
Un détour par Molène - trop petite pour intéresser le randonneur - et le bateau me dépose au port du Stiff.
Je suis resté jusqu'au dernier moment indécis : tour d'Ouessant dans le sens antihoraire ? Dans le sens horaire ? Bon, je remonte vers le nord, le phare et le sémaphore du Stiff.
La baie de Poull Ifern et plus loin la baie du Stiff. Le bateau s'est installé au mouillage, en attendant sa rotation du soir.
La plage très privée de Poull Ifern.
Deux jours de soleil sont prévus par Météo-France, mais dans un régime de très fort vent du nord-est, c'est ce qui m'a fait opté pour le sens anti-horaire : le vent dans le dos le premier jour puis être plus ou moins protégé par l'île en remontant vers l'est.
A cette heure, le vent reste supportable. Mais ça commence déjà à moutonner sur la baie de Toull Auroz. Le vent s'engouffre pile entre Bouyou Glaz et la pointe Bac'haol. Et là-haut, au sommet du sémaphore du Stiff , ça doit bien souffler !
L'île Bouyou Glaz, lotissement des mouettes, impasse des goélands, allée des guillemots - ceux en tout cas qui n'ont pas peur d'être décoiffés !
La pointe de Bougué Ru, les îles Cadoran et Roc'h Mell.
Vue arrière, le Stiff s'éloigne.
L'île de Keller, qui fut jadis le théâtre d'une marée noire, avec le naufrage de l'Olympic Bravery en 1976. Eh oui, c'est ici l'entrée du rail d'Ouessant.
Contournement de la pointe de Bougué Ru. La côte nord se dévoile : baie de Béninou, et déjà le phare du Créac'h, peu distinct dans l'atmosphère jaunâtre que le vent nous ramène des côtes hollandaises. Il faut que je le dépasse avant de bivouaquer.
Pour une première fois s'offre la possibilité de descendre jusqu'en bord de mer, pour approcher d'une grotte qui traverse la pointe de par en par.
Oui, forcément, encore une fois, raconter le tour d'une île ne permet pas beaucoup de suspense, ni même d'anecdote savoureuse... Je longe la baie de Béninou, tombe sur une demi-baguette de pain, envolée d'un des sacs du couple de randonneurs qui me précède depuis le débarcadère, et qui m'a lâché pendant que je faisais consciencieusement le tour de chaque pointe du littoral. C'est pas perdu pour tout le monde ! Je partage avec les mouettes : je dévore toute la mie et leur laisse la croute.
La côte, le long de la baie de Béninou, est très déchiquetée, succession de mini-abers remplis d'aiguilles et d'arches tous plus photogéniques les uns que les autres.
Vers la cale de Penn ar Ru Meur, une vieille passerelle de béton permet de rejoindre des îlots rocheux. C'est assez mystérieux : à quoi bon cette construction ?
Passé Penn ar Ru Meur, c'est peut-être la partie la plus spectaculaire d'Ouessant. On voit bien, maintenant, le phare du Créac'h.
De Rilouet à Corn Héré, c'est un délire de rocs invraisemblable.
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