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Par lartisan le 7 Juillet 2012 à 20:02
Nahandove, ô belle Nahandove ! L’oiseau nocturne a commencé ses cris, la pleine lune brille sur ma tête, et la rosée naissante humecte mes cheveux. Voici l’heure: qui peut t’arrêter, Nahandove, ô belle Nahandove ?
Le lit de feuilles est préparé ; je l’ai parsemé de fleurs et d’herbes odoriférantes, il est digne de tes charmes, Nahandove, ô belle Nahandove !
Elle vient. J’ai reconnu la respiration précipitée que donne une marche rapide ; j’entends le froissement de la pagne qui l’enveloppe, c’est elle, c’est Nahandove, la belle Nahandove !
Reprends haleine, ma jeune amie ; repose-toi sur mes genoux. Que ton regard est enchanteur ! que le mouvement de ton sein est vif et délicieux sous la main qui le presse ! Tu souris, Nahandove, ô belle Nahandove !
Tes baisers pénètrent jusqu’à l’âme ; tes caresses brûlent tous mes sens : arrête, ou je vais mourir. Meurt-on de volupté, Nahandove, ô belle Nahandove ?
Le plaisir passe comme un éclair ; ta douce haleine s’affaiblit, tes yeux humides se referment, ta tête se penche mollement, et tes transports s’éteignent dans la langueur. Jamais tu ne fus si belle, Nahandove, ô belle Nahandove !
Que le sommeil est délicieux dans les bras d'une maîtresse ! Moins délicieux pourtant que le réveil. Tu pars, et je vais languir dans les regrets et les désirs ; je languirai jusqu’au soir ; tu reviendras ce soir, Nahandove, ô belle Nahandove !
Cette nuit, j'ai fait la rencontre de la belle trollesse. Ou alors j'ai rêvé ? Je ne sais plus. Et puis Bamba a disparu ; j'ai dit que les trolls adoraient les friandises.
Tant pis, pas de sentimentalisme, je ne reverrai ni Bamba ni Nahandove - à moins qu'ils ne m'attendent en France !.
Reykjadalir est à 2 pas de ma tente. J'y vais sans démonter le bivouac. Encore un site magique. Une fois de plus je me promène de marmites de sorcière en bouches de l'enfer.
Sacré cassoulet !
Je m'amuse à passer sous des tunnels de neige. Ça n'est plus du trek, c'est de la ballade ! Ce n'est plus de la plongée, c'est un palier de décompression !
Allez, il faut quand même se rapprocher de Landmannalaugar. Je retourne démonter le bivouac puis je reprends la route vers Austurdalir.
Je rejoins la Markarfljót et entreprends de remonter vers sa source. Elle n'est plus redoutable, mais au contraire bien paisible.
Poulet korma (MX3) et, pour changer, dessert à midi : fromage blanc aux fraises (Travellunch) ! Pendant un court moment, je suis sur un chemin balisé, mais celui-ci quitte la Markarfljót pour remonter un petit torrent : je me retrouve une nouvelle fois hors piste.
Magnifique vallon moussu (toujours la Markarfljót) que j'arpente en crocs et pantalon relevé, plutôt que de déchausser régulièrement car il est souvent nécessaire de traverser.
Mais il est temps de s'arrêter, avant d'être trop prêt de l'arrivée : le camping est interdit, et le bivouac n'est que toléré - et donc difficile à justifier à 1 heure de Landmannalaugar... Dîner : colombo de poulet et riz (MX3).
A demain !
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Par lartisan le 8 Juillet 2012 à 20:23
Si j'avais les étoffes brodées des cieux, tramées de lumière d'or et d'argent, les étoffes bleues, les pâles et les sombres, de la nuit, du jour et du demi-jour, je les déroulerais sous tes pas.
Mais moi je suis pauvre, je n'ai que mes rêves : marche d'un pas léger, tu marches sur mes rêves.
10ème jour qu'on marche ensemble, on peut se tutoyer, non ? Si tu as apprécié, si ce voyage par procuration t'a donné des idées, tant mieux ! Ne sous-estime pas, si tu te lances, la charge mentale d'un tel périple, surtout en solitaire, ni les aléas du climat islandais : il y a eu des morts de froid en été sur le laugavegur, ça n'est pas une légende.
Et si tu as la chance d'avoir une compagne ou un compagnon "au niveau", n'oublie pas l'adage : "Un voyage à deux vous laisse deux fois plus de souvenirs heureux."
Le lendemain, il ne me reste que 7 km à faire.
Passage aux fumerolles de Stórihver et je rejoins le sentier du laugavegur.
Je commence à rencontrer un peu de monde : trekkeurs du laugavegur ou randonneurs du dimanche venus passer cette magnifique journée de beau temps à Landmannalaugar.
C'est l'arrivée glorieuse sur Landmannalaugar par le Brennisteinsalda et la Laugahraun.
Revoilà le Blahnukur :
Le Haalda au fond de la vallée de Vondugil :
Et bien sûr le Brennisteinsalda - la photo emblématique de Landmannalaugar, incontournable :
Il est tout juste midi. Dernier lyophilisé - ouf ! truffade auvergnate (MX3), laugar, douche, rasage ; à 15h30, bus. Cette nuit avion, demain train… Bouh, c'est fini.
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Par lartisan le 18 Septembre 2012 à 20:50
Homme ou femme de peu de foi, tu doutes - tu as tort...
Les trolls existent, et je les ai même photographiés :
OK, celui-là est un peu tiré par les cheveux, mais regarde les suivants :
Schtroumph alors !
Et mon préféré, mi once mi bison :
Autre chose : j'ai emprunté quelques textes, en voilà donc les auteurs :
Jules Supervielle (J1),
Arthur Rimbaud (J2) - non ce n'est pas Jean-Louis Aubert, andouille,
Charles Baudelaire (J4),
Maurice Rollinat (J5),
Guillaume du Bartas (J6),
Robert Desnos (J8),
Evariste Parny (J9),
John Keats (J10).
Et aussi des bouts de Jacques Brel, Georges Brassens, Claude Nougaro et (moins évident...) Philippe Delerm et Syvain Tesson.
Et aussi la contribution d'un griot anonyme, reconstituée par mes soins.
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