• J1 - Faxasund

    A 5h.30 du matin, nous entrions en rade de Recife tandis que piaillaient les mouettes et qu'une flottille de marchands de fruits exotiques se pressait le long de la coque.

    Larti, t'es tombé sur la tête. Non, pas vraiment, tout sera expliqué. Cela-dit, cette fois-ci, contrairement à 2012, je n'écris pas ces chroniques en live. Il peut y avoir quelques erreurs.

    Cette première (demi-) journée de marche ne m'a pas tellement marquée. Cependant, je me rappelle....

    Je me rappelle la sensation brutale d'angoisse au moment où le car m'abandonne au bord de la route, "into the wild".

    J1 - Faxasund

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    Je me rappelle que la route est morne, en cette première heure et que, pour une raison psychologique qui m'échappe, je fonce comme un malade.

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    Je me rappelle qu'au bout d'une heure, j'ai avancé de 4,7 km à vol d'oiseau, selon mon GPS. Évidemment, je suis lessivé, alors même que j'abandonne la piste et coupe à travers la pénéplaine et ses épuisants ravinements qu'il faut traverser un par un.

    J1 - Faxasund

    Je finis par en prendre mon parti, choisis une rivière qui part plus ou moins dans la bonne direction et décide de la suivre.

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    Petit à petit, le talweg se creuse, devient ravin voire canyon. Je fais le pari de continuer à suivre le torrent, ma carte n'indiquant pas de reliefs importants. Il faudra que je l'apprivoise cette carte. C'est un vieux fond cartographique de 1971, imprécis et simpliste, au 1/100 000, que j'ai agrandi au 1/50 000. Elle va à plusieurs reprises me pousser à sous-estimer les difficultés.

    J1 - Faxasund

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    Et bien entendu, comme toujours ou presque, arrive le moment où la descente par le ravin devient impossible. En l’occurrence, je me retrouve en haut d'une superbe chute d'eau. N'ai pas d'autre choix que de crapahuter à moitié à quatre pattes pour remonter le versant gauche. (C'est quoi, la moitié de 4 pattes ? ;-) Crevant avec mes 20 kg sur le dos.

    J1 - Faxasund

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    Il m'est heureusement facile un peu plus loin de rejoindre la plaine de Faxasund via les coteaux. Encore quelques kilomètres. Je pense à installer mon bivouac, dès que je trouverai un caillou pour enfoncer les sardines, car il n'y a que de la terre molle, des roches friables et de la mousse. Et puis je coince.

    Tant pis je m'arrête. Le corps humain - son mental aussi, peut-être - est un diesel : il faut démarrer en douceur. Tant pis si je suis à 5 km de l'emplacement que j'avais prévu pour mon bivouac, et tant pis si le coin n'a rien de bien extraordinaire. Je me rattraperai une autre fois.

    J1 - Faxasund

    Mon livre de chevet, choisi au tout dernier moment : "Tristes Tropiques", de Claude Lévi-Strauss, publié en 1955 et mêlant récits de voyage et réflexions philosophiques. Une écriture compliquée, faite de phrases à rallonge typiques de la littérature de l'époque, accentuée par l'acuité et la complexité de la pensée du grand homme.

    La solitude sera propice à cette lecture qui nécessite concentration et obstination. Si je n'étais pas feignant, je reprendrais en exemple la dernière phrase du livre : 22 lignes, 33 verbes... Je préfère recopier celle du début, très connue : "Je hais les voyages et les explorateurs." Charge contre les récits de voyage - alors qu'il a conscience de s’apprêter à en écrire un. La 1ère phrase de cet article  - j'avais dit que je m'expliquerais - est un exemple de ce qu'il appelle les scories de la mémoire.

    "Eh quoi ? Faut-il narrer par le menu tant de détails insipides, d'évènements insignifiants ?" Mon récit n'en manquera pas ;-)

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    9 km.

    (Jour précédent)  (Jour suivant)

     


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