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J4 - Maelifellssandur
Ma tente a été brassée par le vent toute la nuit, malgré sa situation protégée au fond du cratère. Il m’a fallu des boules Quiès et un somnifère pour arriver à m’endormir.
Quand je me lève, je constate les dégâts : deux sardines arrachées de la mousse où elles étaient fichées (mais la tente s’est juste un peu affaissée). Sur un tel site, je n’ai pas voulu beaucoup lester, car chaque pierre déplacée laisse une marque.
"Dans une avalanche, le flocon ne se sent pas responsable..."
Le tourisme en Islande double tous les trois ans. Et l'île n'y est pas préparée... Même s'il est marginal, le trek hors-piste suit probablement la même évolution. Faut-il légiférer, réglementer, contrôler..? Équiper, aménager, logistiquer..? La nature n'est pas réservée à un happy few.
Quant à la housse de tente, que j’avais par habitude laissée entre les deux parois, elle a disparu. Envolée, avec le kit de réparation. Je cherche un moment, mais il est probable qu’elle ait fini dans le lac…
Pas grave.
Grosse journée de marche aujourd’hui. S’agit d’abord de sortir de la vallée de la Hólmsá – et de traverser la rivière. Elle passe dans un court défilé, et a la malice de buter successivement sur les deux bords. Il faudra donc la traverser… trois fois…
Je me mets en tenue de gué complète, y compris le pantalon de pluie. Première traversée de la Hólmsá juste sous la dernière cascade.
Le courant pousse fort, mais en restant bien concentré, ça passe sans trop de difficultés. De l’eau à mi-cuisses. Deuxième traversée identique.
A la troisième, c’est la routine – alors que j’ai mal choisi mon gué, qui se rétrécit sur quelques mètres où ça brasse beaucoup. Mon pied gauche glisse mais je me rattrape in extremis avec mes bâtons, évitant une désagréable trempette...
Juste après la sortie du défilé, c’est la Brennivinksvísl qu’il s’agit de traverser.
Rivière large et argileuse – on ne voit pas où on met les pieds – mais facile en comparaison avec la Hólmsá...
Je me rhabille puis tente d’accéder à Internet. Connexion ! J’interroge Veður, le site météo islandais. Et découvre qu’il y a eu une alerte au vent sur l’Oraefi : 15 m/s avec des rafales à 25 m/s. Sortie en voiture déconseillée... (Les piétons, on n'en parle même pas...) Finalement j’étais bien à l’abri dans mon cratère… Et ceci explique ma solitude d’hier après-midi.
Avant de rejoindre le désert, un petit cône volcanique ouvert en deux.
Dernier avatar d'Eldgjá avant qu'elle ne soit avalée par le sable...
Le Maelifell, au pied duquel il faut passer.
Et le sable du Maelifellssandur…
Vent de côté (vent du nord) assez fort, mais pour l’instant pas gênant. Du côté du Mýrdasjökull, ça a l’air d'être un peu la tempête de sable. La poussière y est sans doute plus légère.
Parfois, le désert change de couleur, un coup brun, un coup gris...
Il fait un temps magnifique ; ces passages de gué réussis m’ont mis en joie. Il n'y a qu'à avancer et profiter de l'ambiance. En pleine sérénité, ivre, je chante – « So far away from Ellay » – Pourvu que ça dure !
Et puis ça fait maintenant plus de 60 heures que je n’ai vu personne, alors je débloque les cordes vocales !
« D’étranges filles aux cheveux d’or – Dans ma mémoire traînent encor. »
Oh les jolies petites fleurs.
« I’m no one but a shadow, but a shadow, but a shadow. »
Tags : holmsa, Brennivinksvísl, Raudibotn, Maelifell, Maelifellssandur, Mýrdasjökull
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