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Ouessant 3
Petit matin blême (êmeu). Pas si tôt en fait. Des heures il n'a pas sonné la neuvième (êmeu). Apparemment une sorte de brumasse colle au paysage. Peut-être que ça va passer quand le vent se lèvera ?
Je continue vers le bout de la pointe de Pern (érneu ?). Encore un troll. Pas la peine de l'habiller, on reconnaît bien son œil plissé, sa bouche, ses bajoux, son nez cornu...
En approche du phare de Nividic, à gauche, et des deux mats qui, dans le temps, lui étaient associés. Deux pylônes de béton, en fait, reliés au phare par des câbles électriques et même un téléphérique pour permettre sa maintenance.
Balaise, non ?
En vérité ça n'a pas marché longtemps : en service en 1936, le phare de Nividic s'éteint pendant la guerre. La corrosion a raison du mécanisme. Le phare reprendra son activité plus tard, avec un accès classique par mer, et même ensuite par hélicoptère après l'ajout d'une plateforme d'atterrissage.
Pointe de Pern : j'ai atteint le bout du bout. Pas moyen d'être plus à l'ouest...
Assez loin : le fameux phare de la Jument.
Un ancien fortin, type Vauban, auprès duquel est exposée une ancre marine. C'est celle de l'Atlas, bateau naufragé en 1781 dans l'anse juste en contrebas.
Je longe toute la côte nord de la baie de Lampaul, double un petit troupeau de biquettes - et son bouc bien poilu, bien barbichu (le bouc a un bouc).
Lampaul, bourg de l'île. A la première maison où je croise du monde, je m'enquière de la fontaine du village. Bien entendu, on me remplit obligeamment mes deux bouteilles. Je traverse, jette un œil rapide au port sans prétention.
Et continue cette fois-ci sur la rive sud de la baie de Lampaul. A droite, l'îlot de Youc'h Korz.
Comme attendu, le vent s'est très vite remis à souffler du nord-est. Je l'ai toujours dans le dos, ce n'est pas trop gênant. Une drôle de baie, d'un ovale parfait : Porz Goret. On dirait presque un cratère de météorite.
Je fais bien consciencieusement le tour de la pointe, vire vers la pyramide du Runiou.
La remontée à l'est est laborieuse. Étonnamment, l'atmosphère reste très embrumée alors que le vent redouble de violence. Contrairement à mes espoirs, il n'est pas, ou à peine, freiné par la terre. Je le prend quasiment de face, mes sinus font office de tubes de Pitot, je passe mon temps à me moucher.
C'est le genre de situation où on ne flâne pas vraiment ; j'avance très vite sans prendre beaucoup de photos. Vers 11h45 je trouve un accès en bas des falaises, dans une crique à proximité de Porsguen.
Ouf, un peu de répit à l'abri du vent. Déjeuner, farniente, je repars. Roch' Haro.
Un moment j'ai l'illusion d'approcher déjà de la pointe est. En fait c'est l'îlot Enez an Eïn, nouveau refuge d'oiseaux marins.
La croix de Saint Paul, ou Croas ar C'halac'h, amer au niveau de l'îlot Youc'h. Elle date de 1702.
Et me voilà à la pointe est. Il n'y a plus qu'à remonter au nord pour rejoindre le Stiff.
J'ai failli raté le cromlech, en suivant toujours aussi scrupuleusement le bord des falaises. Mais en haut de celles-ci, c'est tellement plat et raboté par le vent que j'aperçois les menhirs derrière moi, et fais donc un petit détour pour les photographier. Le cromlech d'Ouessant daterait de l'âge de bronze.
Porz Ligoudou : les derniers hectomètres avant de rejoindre le port du Stiff.
Et voilà, le tour est bouclé. Jour deux : 22,8 km, déniv +600. Ouessant peu à peu disparaît dans la brume.
(Début d'article) (Sommaire Bretagne)
Tags : ouessant, stiff, nividic
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