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Par lartisan le 28 Août 2018 à 11:06
Si tu tiens à une nature vierge, ignorante de l'homme, passe ton chemin : cette rando n'est pas pour toi :)
Juin 1910 : début d’un projet visionnaire : relier Chamonix au sommet de l’Aiguille du Midi !
Août 2018. Pour moi c'est la n-ième montée jusqu'à la gare : c'est une de mes randos préférées dans la vallée. Pourtant peu prisée des touristes (les meilleurs marcheurs montent à la Jonction), elle donne des points de vue extraordinaires sur les Aiguilles Rouges, sur le Mont-Blanc, les massifs plus lointains, et sur le glacier des Bossons.
Tunnel sous le Mont-Blanc : le départ est à droite de l'entrée, en rive droite orographique du torrent de la Creuse.
La première partie de la rando est une balade ombragée sous les mélèzes et les épicéas. Déjà quelques pièces d'acier rouillées.
Stoppés par la guerre, les travaux n'avaient repris qu'en 1922. Objectif : les Jeux Olympiques de Chamonix 1924. Le premier tronçon sera achevé juste à temps...
On prend de l'altitude très vite, et quasiment sans effort, grâce à la régularité de la montée. Au détour d'un virage, nous voilà à la gare de la Para. Il reste aujourd'hui un bâtiment de pierres de taille quasi indestructible.
La cabine dans son jus... (Photo trouvée sur le net.)
La même aujourd'hui, pleine de couleurs.
L'intérieur du bâtiment est accessible sans trop d'efforts. Faut aimer l'art urbain. Moi j'aime bien :)
Tag version année 1920.
En 1924, la Para permettait d’accéder à la piste olympique de bobsleigh.
Un sport de malades dans les conditions de l'époque ! Il faudrait prendre le temps de fouiner dans la forêt pour retrouver les vestiges de cette piste.
Ça continue à monter raide, en courts lacets, et on émerge très vite au-dessus des bois. Les Aiguilles Rouges...
Le Dôme du Goûter et l'Aiguille du Goûter...
A droite, l'Aiguille Verte, la moraine du glacier des Pèlerins et le nouveau téléphérique...
C'est marrant : l'orthographe consensuelle du mot 'téléphérique' a changé.
1927, ouverture du 2ème tronçon : c’est alors paraît-il le plus haut du monde !!
Imprenables vues sur le glacier des Bossons.
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Par lartisan le 1 Avril 2017 à 19:12
Ça fait presque 5 ans que j'ai mis en ligne une première étude photographique témoignant du recul du glacier des Bossons (c'est là !).
On en était resté sur cette photo de l'hiver 2012.
Le recul semble s'être stabilisé, comme on le voit sur les photos suivantes :
Le bout de la langue glaciaire se maintient dans un équilibre précaire, dans une pente forte. S'en approcher devient très dangereux : des chutes de glace conséquentes peuvent survenir.
La photo suivante, je l'ai trouvée sur Internet. Ainsi, en juin 2015, a eu lieu cette avalanche de séracs de plus de 100 000 m3, qui atteint le rocher où je photographie habituellement mes enfants...
Voilà le lien du site, très documenté, où j'ai trouvé cette photo.
Je reprends les photos hivernales :
Compare à 2012 : pas tellement de différence au niveau du glacier. Pas de recul comparable aux 2 sinistres périodes de 1990-1993 et de 2009-2012.
Pour mémoire, la photo de 1990 :
Frappante est également l'évolution de la combe.
Dans mon enfance, je m'amusais à faire des barrages, à dévier les filets d'eau au pied du glacier. Ça ressemblait à ça :
(1984)
Les avalanches, l'impact beaucoup plus violent du torrent, l'érosion des pentes, tout concourt à changer en profondeur l'aspect du vallon.
1999 :
Ce gros rocher est en fait tombé au printemps 1997.
Le même en 2007 :
Qu'est-ce que la végétation a poussé, sur les pentes abandonnées par le glacier ! Quant au rocher, il commence à s'enfoncer.
2012 :
Certes, c'est une photo hivernale.
2016 :
J'aurais bien mis la photo de 2017, mais en fait, on n'a tout simplement pas retrouvé le rocher, avalé par le sol et caché par la neige...
Mes enfants ont encore eu le privilège de jouer aux barrages. Maintenant, le torrent de fonte, qui vient de bien plus haut, a pris de la force et s'est creusé. Le terrain de jeu a disparu.
Cinq ans après... A ce lien.
(Sommaire articles Mont-Blanc)
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Par lartisan le 12 Août 2015 à 22:11
La thématique du jour consiste simplement à remonter la Mer Glace de haut en bas. Pas directement, je n'imagine pas que ce soit possible (quoique... Faudrait peut-être aller voir) - mais en tout cas depuis la vallée, sans utiliser le train du Montenvers.
Le chemin part donc des Bois de Chamonix, au niveau du pont qui traverse l'Arveyron à proximité de l'héliport (le fameux qu'on voit dans tous les documentaires sur le secours en montagne).
Progression en sous-bois très sympathique, à l'abri du soleil, jusqu'à approcher des Rochers des Mottets.
Finalement, la Mer de Glace ou plutôt son fond de vallée n'est pas visible avant d'arriver à la buvette des Mottets. Dire que vers 1850, la glace atteignait ce niveau... avant de se retirer "définitivement" dans sa cuvette vers 1920.
Difficile de dire où en est exactement le pied du glacier. Depuis la buvette les 2 petits lacs qui sont apparus dans la moraine terminale vers la fin des années 90 ne sont pas visibles - pour autant qu'ils existent encore.
De façon assez décevante, le chemin des Mottets n'accorde pas de point de vue sur le glacier. Avis au Syndicat d'Initiative : un sentier en balcon serait une belle idée ! Enfin, la Mer de Glace réapparaît, mais on est déjà presque au Montenvers.
On atteint d'ailleurs très rapidement le petit téléphérique de la grotte de glace, on passe en contre-bas du Montevers et on continue vers les échelles.
Misère... Comme la glace paraît loin. Je n'étais pas venu là depuis 2006 (9 ans...), lors de ma rando au Refuge du Requin. Apparemment, à ce niveau du glacier, la perte d’épaisseur est de 4-5 m par an. 40 mètres de perdus. C'est un vrai choc, encore plus que la fonte du glacier des Bossons, que j'ai vu reculer lentement.
Dans ce contexte la descente des échelles est presque angoissante. La première série, je l'ai toujours connue, mais quand je les descendais dans les années 80-90, il n'y avait plus alors que quelques mètres de moraines à dévaler pour rejoindre la glace...
Prendre le temps de souffler avant de continuer. En face, le pilier sud-ouest des Drus.
Deuxième série d'échelles, qu'il faut d'abord rejoindre en progressant le long d'une main courante et les pieds sur les broches installées le long d'une vire. Aérien, mais techniquement facile.
(Qu'on ne s'y trompe pas : ces photos ne présentent que la deuxième série d'échelles.)
Honnêtement, ça fait beaucoup d'échelles... Déconseillé formellement aux personnes ressentant le vertige, ou n'ayant pas le pied sûr, ou encore peu entraînées - sauf à s'encorder, ce que certains alpinistes font, d'ailleurs.
Restent quelques mètres de moraine et j'arrive à la glace. Autre grosse différence avec "avant"... il n'y a plus ce chaos de crevasses : les premiers pas sur le glacier étaient parfois coton, voire nécessitaient des crampons ; ça n'est plus le cas.
C'est déjà l'heure du déjeuner. Je m'installe au pied d'un énorme rocher. Il serait amusant de le rechercher sur d'anciennes photos pour voir sa vitesse d'avancement.
La Mer de Glace semble se subdiviser en 2 parties, coupée longitudinalement par une bédière. Craignant d'être coincé du mauvais côté (je veux rester sur le flanc Aiguille Verte), je m'arrange pour la traverser avant que sa pente ne se creuse.
La photo suivante est sur un point de vue assez comparable à la première de l'article du refuge du Requin. Je la mets pour comparaison de la hauteur de la moraine sous les Drus. Je suis perplexe sur la façon de rejoindre le refuge de la Charpoua.
Je continue la montée en restant au milieu de la Mer de Glace, jusqu'à la jonction (où elle perd son nom) du glacier de Leschaux et du glacier du Tacul.
Je stoppe, bloqué par les crevasses qui se forment vers le Tacul. Au fond, les séracs du Géant, la Tour Ronde et l'arête de la Brenva qui remonte à droite vers le Mont Maudit et le Mont-Blanc.
Mon intention première était de continuer vers Leschaux et les Grandes Jorasses, mais la moraine intermédiaire s'est au fil des années transformée en un gros tas de cailloux peu passionnant. Je renonce et redescend en contournant cette fois-ci la bédière par la rive gauche.
Le soleil a tourné ; on distingue mieux la face nord des Grandes Jorasses enneigée par l'orage d'avant-hier.
Je rejoins les échelles. Les remonter est athlétique mais c'est moins impressionnant que dans l'autre sens...
Descente par le même chemin, sous l'Aiguille Verte et l'imposante paroi morainique qui s'est créée sous le glacier du Nant Blanc.
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