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Jour 1 : Saint Guilhem - la Barre
Le retour d'Islande a été pénible, déprimant. Pour plein de raisons, dont la moindre n'est pas cette impression de vide qui vous envahit lorsque vous arrivez au bout d'un projet. Un projet qui vous a accompagné, accaparé, qui vous a rendu sourd et paradoxalement vulnérable au monde extérieur pendant presque 6 mois.
Alors pas de prise de tête cette fois-ci, pas de rêve partagé avec une éphémère et décevante Nahandove. Un créneau de quelques jours, le soleil qui s'annonce, quelques clics sur Internet. C'est parti.
Traversée de la France, 10 heures dans la bulle : boite auto, GPS, régulateur. Pour un peu on s'effondrerait sur la banquette arrière et on laisserait à l'ordinateur de bord le soin de la téléportation. On se redresse brusquement. Qu'est-ce que c'est que ça, on l'avait vu à la télé, on le voit pour de vrai : le fantastique viaduc de Millau.
1er bivouac, un coin tranquille à 10 mn de Saint-Guilhem, une petite église isolée, perdue au milieu des oliviers et dans les saveurs du thym sauvage.
Le soleil affalé, le silence s'installe quelques instants puis brutalement c'est un extraordinaire vacarme au fond du vallon. Il y a un filet d'eau, une petite mare et quelques grenouilles qui coassent à coeur-joie. Sans parler des grillons (à moins qu'il s'agisse d'hélicoptères ?) qui vrombissent, heureusement à plus de 100 m de la tente.
Popote du soir - je vous fais grâce de la litanie des lyo, cette fois-ci. MX3, Mountain House et Travellunch ne sponsorisent pas mon blog. Dodo.
Au matin, tandis que je savoure un vrai petit déjeuner - la manne du coffre de ma voiture - voilà qu'un cycliste surgit de la garrigue.
Ecoutez, qu'il me dit. Pause. Vous entendez cet oiseau ? Pause. Ça veut dire qu'il va pleuvoir.
Ah bon !? je réponds (cause toujours : la météo annonce 4 jours de beau).
C'est un berger qui m'a appris ça. Pause. Mais la pluie n'est pas pour tout de suite. Pause. Dans 3 jours.
Et il s'en va.
Un coup d'oeil en passant au Pont du Diable, je gare la voiture à Saint-Guilhem, fais le plein d'eau et zou, c'est parti.
Tout de suite, ça grimpe dur. La route du Cirque de l'Infernet est une vraie oeuvre d'art, elle date du moyen-âge : c'est un des chemins de Compostelle.
On se dirige en plein vers le fond du Cirque, on se demande bien comment on va le franchir.
On s'élève, on s'élève.
Me voilà aux Fenestrelles. De quand précisemment date cet ouvrage invraisemblable, qui a priori n'a été construit qu'à seule fin de supporter le passage des pélerins de Saint Jacques ?
Le chemin continue dans la garrigue. Petite pause pour reprendre mon souffle. Le sac pèse lourd : craignant la chaleur et la sécheresse, j'ai fait le plein d'eau, près de 5 litres, ce qui est idiot puisque je vais passer dans un village dans l'après-midi. Du coup, je dois bien porter près de 18 kg.
Une vipère s'échappe quasiment entre mes jambes. Elle ne me laisse pas le temps de la prendre en photo.
Je recommence à grimper, vers le point culminant de mon trek, le Mont Saint Baudille, 848 m.
Une bande de lycéens squatte la table d'orientation avec leur prof de géologie. Il leur détaille le paysage, le lac du Salagou et ses épanchements volcaniques.
Descente vers les causses.
La suite est un peu moins sympa. L'ancien chemin est coupé par des barbelés, les randonneurs sont déviés sur le chemin des VTT. Chemin large et poussiéreux, avec de part et d'autre une clôture électrique. Pas même moyen d'aller s'abriter quelques minutes sous un arbre. De l'autre côté de la clôture (mais qui est in qui est out ?), quelques ânes.
Ouf, finie la piste cyclable. Comme la végétation n'est pas très dense, je tente un petit raccourci hors sentier, saute 2-3 clôtures (pas électrifiées... elles me font peur), passe à côté d'une sympathique bergerie (Tédenat).
Et me voilà au village de la Vacquerie. J'ai une adresse, un vigneron, fournisseur et ami d'un copain marchand de vin. Un spot pour refaire de l'eau et heu..
Ben zut, il n'est pas là. Mais sa compagne, Géraldine me reçoit avec gentillesse. On écluse 2 godets chacun (appellation Terrasses du Larzac) et je reprends la route. La vache ! Sous le soleil, le vin n'est pas l'ami du randonneur... Je trimbale tant bien que mal mes 18 kgs vers le hameau de la Barre, au travers d'une route sans grand intérêt et c'est tant mieux car je n'aurais pas été en état de l'apprécier.
Re-voilà la garrigue, chuis crevé, je m'arrête avant de trop monter et que le terrain ne se prête plus au bivouac.
Gros dodo, pas de bruits de bête ce soir...
Tags : larzac, saint guilhem, fenestrelles, infernet
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