-
Jour 2 : La Soula - Portillon
C’est censé (déjà) être la grande journée du périple, en grande partie hors piste, et qui doit me venger du fiasco de 2007. Du caillou, du caillou, du caillou. Je vous mets quand même une touche de rose ?
Je retrouve très rapidement les magnifiques lacs bleus qui parsèment le chemin des Gourgs Blancs.
D’abord le lac de Caillauas :
De belles myrtilles au bord du lac ; je prends le temps d’en profiter, ça complétera mon régime de lyophilisés et de barres Ovomaltine (ah, j'ai aussi un bien sympathique saucisson fumé, en complément).
Tout au fond de la vallée, bien loin compte-tenu du poids du sac : le col des Gourgs Blancs.
Et voilà le lac des Isclots, avec sa petite île.
A partir de là, il n’y a plus vraiment de sentier, on chemine comme on peut à travers les pierriers. C’est un peu austère, mais pas bien compliqué.
Parmi les blocs de roche, certains me font penser au granite du Mont-Blanc, avec de belles macles d'orthose.
Sur la carte, un glacier est encore indiqué en fond de vallée. En vérité, côté ouest, il n'y a plus que quelques mètres-carrés de névé. Et un bon gros tas de cailloux.
Col des Gourgs Blancs, 2877 m, panorama ouest (avec le Pic du Midi, à droite) :
C’est allé bien lentement mais c’est toujours mieux qu’en 2007 : il est 15h30 au lieu de 18h. Col des Gourgs Blanc, panorama est :
Je repère facilement le cheminement qui m’avait fait galérer dans les congères : la ligne de neige de gauche sur la photo qui précède. Encore des lambeaux de glacier, d'après la carte : le glacier du Seil de la Baque.
On longe le Lac Glacé du Port d'Oô, le plus bleu peut-être.
Laquet englacé qui précède une remontée d’un névé bien dur mais les chaussures accrochent. Petit regard derrière moi vers le col des Gourgs Blancs (à droite le Pic Gourdon, à gauche le Pic des Gourgs Blancs) :
Enfin, voilà le Perdiguère et le lac du Portillon :
Assez dubitatif sur la suite. Le refuge et le barrage sont sur la gauche, pas visibles d'où je suis. Je n'ai qu'un bout de carte au 1/50 000. Le relief y est sommaire et les itinéraires indiqués souvent faux. De toute façon le seul tracé à cet endroit est pour le ski de printemps.
Il me semble que le lac est bordé de barres rocheuses et qu’il me faudra le rejoindre par un moyen détourné, alors que j’avais imaginé de bêtement longer la rive jusqu'au barrage.
Je suis d’abord des cairns, puis avise un randonneur un peu plus haut sur la gauche. D'où vient-il ? Je le hèle, histoire de le consulter. Il me répond en espagnol. D’après ce que je comprends, il pense qu’il me faut le rejoindre. Je me dirige vers lui, pour constater que son chemin descend vers le Lac Glacé du Port d'Oô, à l'ouest du Tusse de Montarqué.
Ce n’est surtout pas ma route ! Je reprends la descente en oblique.
Le Perdiguère :
Plutôt que de longer le Tusse de Montarqué, j'espére aboutir à un point de vue sur les éventuelles barres rocheuses qui m’inquiètent. Et effectivement… elles sont là. Je continue sur la gauche. La journée se fait longue, mais au moins il fait jour.
Vraiment, en 2007, j’ai eu le bon réflexe de suivre, à la lampe frontale, la ligne de cairns qui m’a (plus ou moins) mis sur le bon chemin. Si j’avais eu la mauvaise idée de descendre tout droit sur le lac du Portillon, il est clair que j’aurais été bon pour une nuit sous la lune par moins 10 degrés.
J’aperçois une sorte de saignée dans la roche, utilisée pour l’alimentation en eau du refuge. Elle aboutit en bas d’un ravin qui me semble viable. Si j’arrive à le rejoindre, c’est gagné. (Je le répète, ne faites pas comme moi ; la vraie bonne route consiste à remonter encore plus au nord, mais le poids du sac m’en a dissuadé).
Je joue un peu au dahut et j’atteins le sommet du ravin, que je débaroule avec précaution mais sans grande difficulté. Le refuge est ensuite rapidement atteint.
9 heures de marche, quand même. Le refuge est ouvert, j’en profite. Nuitée et petit déjeuner (j’ai déjà l’impression d’avoir été un peu léger sur mes besoins alimentaires). Et même une petite douche… froide, j’ai quand même des principes, alors quoi.
On est environ une douzaine. Dont un petit groupe avec un accompagnateur qui raconte quelques anecdotes, sa chute sur le chemin du Perdiguère : "10 mètres vertical et 40 mètres en roulé-boulé ; juste quelques côtes cassée".
Petite bibliothèque au refuge. Je tombe sur un recueil de poèmes consacrés au voyage. Un extrait (Blaise Cendrars, "Tu es plus belle que le ciel et la mer") :
Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partirPlus loin :
Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t'enA l’aise, Blaise. Partir pour aimer, partir pour être aimer ? Partir pour mieux revenir, partir ensemble ?? Je ramasse les copies à la fin de la rando.
Concert du soir : les premiers romantiques. Liszt (le 1er) intègre mon best-of. Chopin. Le 1er, gros bof (quoiqu’il y ait un moment magique dans le mouvement lent). Le 2, je dis oui. Mais je me demande pourquoi Chopin s’est encombré d’un orchestre. Les parties de piano sont magnifiques.
Mes 4 compagnons de chambrée ne ronflent pas. Ouf.
(Jour précédent) (Jour suivant)
Tags : Gourgs blancs, caillauas, isclots, portillon, perdiguère
-
Commentaires