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Pays du Mont-Blanc
Quelques articles sur les nombreuses randonnées que j'ai effectuées dans la vallée de Chamonix et les vallées attenantes - du nord au sud :
Côté Vallorcine :
Tré-les-Eaux, vallon mystérieux
Côté Chamonix :
Le cirque glaciaire d'Argentière
Focus sur le glacier des Bossons :
Le recul du glacier des Bossons, de 93 à 2012
Côté Les Houches :
Tête Rousse : sur la route du Mont-Blanc
Traversée les Houches - Vallorcine
L'Aiguillette des Houches en raquettes
Côté Servoz - Passy :
Col d'Anterne et Tête de Moëde
Côté les Contamines :
Les lacs Jovet en raquette (ou à pieds)
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Par lartisan le 16 Août 2023 à 21:41
2023, tout a changé : la municipalité a estimé que le lac générait trop de danger. Le risque, j'imagine, était que le côté du lac qui s'appuyait sur le glacier cède. Et que le lac se vidange d'un coup, ce qui aurait provoqué une catastrophe dans le village des Bossons en contre-bas.
Bref, en août 2023 le lac a été vidé intégralement. Je suis monté constater ce que ça donnait.
Au niveau de l'ancien exutoire, il n'y a plus d'eau. Les sangles sont toujours là :
La dépression est vide.
Je suppose que la pierraille et l'argile qui bordaient le lac côté glacier des Bossons ont été raclés, de façon à rétablir l'écoulement de l'eau sous la glace.
Sur la partie droite du front du glacier des Bossons, un nouveau torrent s'est formé.
Il s'écoule ensuite sur les roches dénudées libérées par le retrait du glacier des Bossons.
Pour autant ça reste un but de randonnée intéressant, on flirte toujours avec la glace.
Si tu zoomes sur cette photo (ou la suivante), tu verras qu'une zone sombre - la roche sous la glace - apparaît au niveau de la rupture de pente. J'ai bien peur que ce soit les prémices d'une disjonction du glacier des Bossons. Auquel cas la partie détachée ne survivra pas longtemps. On verra bien, on verra vite !
Les débris de l'avion sont toujours là.
Tiens j'ai noté les références du pneu : c'est un 46*16 Tubeless 225 MPH de chez Kleber Colombes. J'ai googlé... Apparemment il s'agit bien de la roue d'un avion de ligne. C'est la pointure, par exemple, d'un Airbus A300.
Bref, je suis retourné sur le sentier et j'ai continué la montée jusqu'au joli point de vue dit "des Pyramides".
A suivre ! On verra bien si la nature contrarie l'homme et rétablit le remplissage du lac...
(Sommaire articles Mont-Blanc)
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Par lartisan le 13 Août 2023 à 20:21
Sandwich maison jambon-beaufort. A côté de moi, un joli plant de lin des Alpes.
Bon. Il est où ce gisement de fossiles ? Ma seule indication : un peu en-dessous du point coté 2484. C'est par là-bas.
Autre objectif potentiel, si la chasse aux fossiles ne t'intéresse pas : remonter jusqu'au crêtes, ou même bien sûr grimper au sommet de la pointe d'Anterne. (Je crois qu'il y a un pas d'escalade ; je n'y suis jamais allé.) Chacun cheminera comme il le sent, c'est tout l'intérêt du truc. A l'aller il m'a paru logique, pour m'approcher du point 2484, de ne pas prendre trop vite de l'altitude, afin de ne pas faire dahu sur des lapiaz trop pentus.
Un grain passe sur l'ouest du désert de Platé et sur la Tête du Colonney, puis s'en va vers Sixt, en laissant derrière lui un ciel un peu menaçant.
Un lièvre variable déboule sous mes pieds. Bien trop rapide pour pouvoir le prendre en photo. J'arrive sous le point 2484, environ à 2300 m d'altitude. Le plus dur reste à faire : trouver le gisement de fossiles des Salamanes. J'ai en tête une vague photo du spot, montrant une roche brunâtre, alors que quasi partout autour de moi c'est du bon calcaire gris clair bien compact. Plus loin, ça a l'air de changer de couleur, je monte voir. Rien. Et j'ai dépassé le point 2484. Je redescends, tourne en rond, m'énerve un peu. J'ai perdu l'habitude de ce genre de recherche qui nécessite de la patience. En plus le temps un peu délabré m'inquiète, je n'ai pas envie de me retrouver dans le passage du Dérochoir sous la pluie. Sans parler des lapiaz bien glissants, un beau piège à entorses.
Et puis, bam, je tombe sur le gisement.
Les voilà donc, ces fossiles des Salamanes.
Manifestement, il s'agit d'ammonites, en tout cas de fossiles de mollusques à coquille.
J'ai eu du mal à trouver, sur le net, d'infos claires sur le gisement de fossiles des Salamanes.
Même les photos que j'y ai trouvées sont différentes des miennes. Peut-être y a-t-il plusieurs affleurements dans les Salamanes ?
J'ai quand même trouvé trace d'une excursion géologique de l'université de Grenoble dans le massif de Platé en 2016 qui semble y être passée.
Le site des Salamanes y est décrit comme "dalles à stromatolites des Rochers des Fiz", et inclut la photo de "stromatolites calcaréo-phosphatées développées autour d'un fragment d'ammonite du Cénomanien". Apparemment, on parle bien du même endroit, vu l'illustration :
(La croix bleue sous la pointe d'Anterne.)
Ci-dessus une photo du site visité. La dalle à fossiles des Salamanes est la partie brune au milieu. Le point coté 2484 est juste à l'aplomb. Et ci-dessous le même site avec vue sur les Grandes Platières et la pointe de Platé.
Temps de rentrer. Encore une photo caractéristique : cette grande dalle de lapiaz marron. (Ça doit être aux alentours des 2400 m.) Il suffit de la contourner par la gauche puis de monter droit dans la pente vers le point coté 2484.
La météo s'est stabilisée, je vais éviter la pluie. Je redescends par un autre chemin, en restant en altitude plus longtemps.
Je profite des parties en pelouse, plus faciles à repérer à la descente. Un chamois se barre devant moi, trop loin.
Montée harassante pour rejoindre le passage du Dérochoir, et dégringolade en tenant la corde.
Dans ce sens, le Dérochoir est évidemment plus impressionnant qu'à la montée. Deux passages (au moins) sont à descendre dos au vide, dont bien sûr la dalle finale. Il faut avouer qu'avoir fait un peu d'escalade, ça aide bien !
Rendu aux Ayères des Pierrières, arrêt à la fontaine pour se rafraîchir, et puis retour à Plaine-Joux. Données GPS : 19,6 km, 1806 m de déniv.
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Par lartisan le 13 Août 2023 à 20:04
L'objectif de cette randonnée est de trouver le gisement de fossiles des Salamanes, mais c'est aussi un bon prétexte pour découvrir les paysages du désert de Platé, dans la partie où il n'est pas abîmé par les pistes de ski de Flaine. Alumni des Ecoles de Géologie, n'emportez pas vos marteaux, d'abord c'est interdit (on est en pleine réserve !), et puis les fossiles ne sont pas extractibles.
J'ai laissé la voiture au grand parking de Plaine-Joux. Le Mont-Blanc est sous son âne, mais la météo ne prévoit pas d'orage avant la soirée.
La route du Châtelet d'Ayères est fermée depuis 2016 au moins, d'après les arrêtés affichés par la Commune. Faudra le dire à Google Maps... Je la prends quand même (à pied). L'œuvre de l'entropie est impressionnante : éboulements, effondrement de la chaussée, envahissement par la végétation... Après le restaurant du Châtelet ça monte en zigzags jusqu'aux Ayères des Rocs. Les Fiz, formidables, dressent leur barrière dans le ciel bleu, il va bien falloir pourtant se frayer un chemin vers là-haut.
Ayères des Pierrières. Bifurcation vers le point faible des remparts : le fameux passage du Dérochoir.
Ça grimpe vite, dans l'immense tas de cailloux du Dérochoir. En fait toute la zone, jusqu'à Servoz, en bas, est un gigantesque glissement de terrain plus ou moins stabilisé.
10 milliards de mètres-cube sont en mouvement, quand même. Tout ça était soutenu par l'énorme glacier descendant de la vallée de Chamonix et a commencé à se déliter à sa fonte, il y a 15 000 ans. Le genre de phénomène qui se multiplie - à diverses échelles - avec le réchauffement climatique. Voir ce qui se passe en Oisans au glacier de la Pilatte, par exemple.
Les derniers grands glissements ont eu lieu entre le XVème et le XVIIIème siècle. Encore que la dernière catastrophe ne soit pas si vieille : 1970, un sanatorium est emporté au plateau d'Assy, à 3 km à l'ouest. Dans la partie haute, le Dérochoir proprement dit est un sacré beau chaos de roches.
Ça se traverse cependant sans problème, dans une sorte de goulet, comme si une partie de la montagne s'était détachée de la falaise.
L'Aiguille Verte derrière moi. Pas vraiment d'âne dessus, c'est bon signe : Si Verte ne veut, Mont-Blanc ne peut.
Le passage du Dérochoir en approche.
Faut pas le sous-estimer, ce passage du Dérochoir. Si tu as le vertige, ça risque de coincer. Le bon côté, c'est que tu le sauras vite : c'est le début le plus difficile, une dalle de quelques mètres, équipée de barreaux et d'une grosse corde à nœuds.
Ensuite, c'est une succession de petits passages où il faut mettre les mains et de traversées dans la schistouille, avec toujours la corde pour s'aider.
Et c'est l'arrivée sur la crête, et qu'est-ce que c'est beau ! La pointe de Platé, à l'ouest, puis les pentes du synclinal perché.
Les Grandes Platières à gauche, le début des gorges qui mènent à Sixt, et puis ça remonte.
Les Salamanes à droite : les pentes qui rejoignent les sommets des Fiz, la Tête à l'Âne, la pointe d'Anterne.
On va donc aller visiter le fond du synclinal. Petite descente de 200 mètres (il faudra les remonter au retour...).
Une petite mare. C'est le seul point d'eau du coin !
Un vérâtre blanc. A ne pas confondre avec la gentiane jaune : le premier est toxique, les racines de la seconde peuvent servir à fabriquer un apéritif genre Suze.
Le truc pour ne pas les confondre : les feuilles du vérâtre sont alternées, celles de la gentiane se font face.
Dès qu'on remonte un peu, on se trouve dans les lapiaz. Il faut avoir le pied alerte, c'est comme évoluer sur un glacier de calcaire !
Arrêt déjeuner sur une dalle.
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