• Glaciers de la Vanoise 2019

    "Voici l'Espace, voici l'air pur, voici le silence. Le royaume des aurores intactes et des bêtes naïves. Ici commence le Pays de la Liberté."

    Samivel

    Glaciers de la Vanoise 2019

    Où vibreront les roches et les glaces,
    Où poseront les bêtes et les fleurs,
    Où l'on s'ancrera, la tête dans les nues.
    Où l'on s'évadera, les pieds dans les noues

    Heu, bon, le tour des Glaciers de la Vanoise, par le Ravin Noir et la Pointe de la Réchasse. Environ 85 km et 7000 m de dénivelé en comptant quelques détours et escapades de fins de journée.

  • La mise en jambe après les dix longues heures de voiture (bonjour le bilan carbone...). Je me suis garé au bout de la route, au sud de Pralognan, un peu avant le Pont de la Pêche.

    J1 - Peclet-Polset

    Il s'agit juste de parcourir les 7 km jusqu'au refuge de Péclet-Polset, en longeant le Doron de Chavière. Le ciel est un peu encombré, laissant peu d'aperçus vers les sommets. Un peu de glaces, quand même, probablement un bout du glacier du Génépy ou peut-être du glacier de Rosoire.

    J1 - Peclet-Polset

    Les glaciers sont le fil rouge et le prétexte de cette rando. Ils forment, dans cette partie de la Vanoise, ce qui ressemble le plus, en France, à un petit inlandsis. Inlandsis fossile, de 11 km sur 4 (au plus large), dont je ferai le tour avec, si tout va bien, quelques incursions sur ses flancs voire ses sommets...

    La Pointe Ariande.

    J1 - Peclet-Polset

    Si j'avais pu arriver le matin, j'en aurai programmé le tour avant de rejoindre le refuge. Il y a apparemment une jolie balade hors-piste possible, par le col du Génépy.

    Le soir tombant, les marmottes, très nombreuses en Vanoise, sont de sortie, et peu farouches.

    J1 - Peclet-Polset

    Le ciel se dégage un moment, le temps d'observer la Pointe de l’Échelle.

    J1 - Chavière

    Et voilà qu'apparaît mon point de chute de ce soir, le refuge de Péclet-Polset.

    J1 - Peclet-Polset

    Aujourd'hui d'après mon GPS, 7,7 km, +740 m. Impatient d'être à demain.

    J1 - Chavière

    Le refuge de Péclet-Polset est encore ouvert (c'est sa dernière semaine de l'été, je crois). On n'est pas nombreux (8 clients). Mes voisins dégustent des crozets aux lardons, tandis que je réchauffe un lyophilisé. Pas bégueule, le gardien m'inclut dans la tournée de génépi. Fameux.

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  • (Jour précédent)

    Grand bleu ; à l'ouest du refuge de Péclet-Polset, le Dôme de Polset au soleil matinal...

    J2 - Ravin Noir

    En fait, il n'y aura pas beaucoup de glaces aujourd'hui : mon tour des glaciers de la Vanoise "à moi" déborde au sud au-delà de la Pointe de l’Échelle, afin d'intégrer quelques passages hors sentiers un peu sympas. Au lieu de traverser par le col d'Aussois, je remonte vers le col de Chavière.

    Au nord, Pralognan est sous une splendide mer de nuages.

    J2 - Ravin Noir

    Sous le col de Chavière, le Plan des Cairns...

    J2 - Ravin Noir

    Le phénomène ne doit pas être récent, puisqu'il a même intégré la toponymie de l'IGN. Il paraît que c'est devenu la mode, en bord de mer, de fabriquer ces "apachetas", avec l'inconvénient de déplacer les galets et de détruire la faune qui vit dessous. Moins de risque ici, ce ne sont pas les cailloux qui manquent !

    J2 - Ravin Noir

    A 2600 m, il a givré cette nuit ; il en reste des traces sur les fleurs et dans les creux.

    J2 - Ravin Noir

    Arrivée au col de Chavière, 2796 m.

    J2 - Ravin Noir

    Large panorama, du col de Chavière, avec les sommets de l'Oisans, le Pelvoux et surtout la belle face nord-ouest de la Barre des Écrins.

    J2 - Ravin Noir

    Je dévale le col de Chavière côté Maurienne.

    J2 - Ravin Noir

    Paysage lunaire ponctué de cônes de dissolution blanchâtres. Je bifurque vers le lac de la Partie.

    J2 - Ravin Noir

    J'aurais pu le laisser à main droite, mais il vaut bien que j'en fasse le tour !

    J2 - Ravin Noir

    Allez ! Encore une photo du lac de la Partie, avec le col de Chavière en arrière-plan.

    J2 - Ravin Noir

    J'ai donc quitté le chemin pour remonter au jugé le Ravin Noir. J'essaye de trouver l’itinéraire le moins fatigant, d'éviter les accumulations de gros blocs, qu'il faut sauter ou contourner, ce qui bouffe pas mal d'énergie.

    J2 - Ravin Noir

    Pour cela, je reste au plus près de la falaise nord, dans une zone plus enherbée. De temps en temps je tombe sur un cairn ou une vague trace. A vrai dire, tous les itinéraires se valent...

    Je monte péniblement. Le génépi d'hier - à moins que ce soit juste l'altitude - m'a provoqué une grosse migraine nocturne et maintenant je paye ma nuit sans sommeil. Pendant ce temps, des nuages de condensation sont apparu et cachent l'Aiguille de Polset.

    J2 - Ravin Noir

    Le haut du Ravin Noir est un vaste éboulis. Je me rapproche de la crête. Pas évident ; il semble qu'il y ait plusieurs points bas quasiment de niveau sur environ 200 m. Il s'agit pourtant d'atteindre la crête au bon endroit, là où la descente côté est sera possible. Heureusement, dans les derniers moments de la montée, une trace bien marqué apparaît, montant en diagonale vers le sud.

    Voilà donc le col du Ravin Noir, 2940 m.

    J2 - Ravin Noir

    Juste à l'heure du déjeuner.

    (Suite de la journée)


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  • (Accès au début de journée)

    Inspection du versant est du col du Ravin Noir : une ravine austère, surmontée par le Rateau d'Aussois, un 3000 que j'avais mis à mon programme, mais vu ma fatigue, il n'y aura pas moyen. De toute façon pas de visi.

    J2 - Ravin Noir suite

    Pendant que mon lyophilisé se réhydrate, le ciel se découvre un peu à l'ouest du Ravin Noir, au-dessus de l'Aiguille de Polset.

    J2 - Ravin Noir suite

    Le massif de Péclet-Polset en panorama, de la Pointe Rénod à l'Aiguille de Polset.

    J2 - Ravin Noir suite

    Je redescends à l'est du col du Ravin Noir. Les premiers mètres sont délicats, dans un éboulis de schistouille assez raide qu'il faut traverser en diagonale vers le nord. La photo ci-dessous illustre bien le passage.

    J2 - Ravin Noir suite

    Les bâtons sont bien utiles dans ce type de terrain. Je me tue à le répéter, c'est un équipement indispensable. Ils stabilisent le corps, réduisant beaucoup l'énergie dépensée à gainer, ils amortissent les descentes, font participer les épaules à l'effort en montée ; je passe sur leur usage en traversée de gué.

    Ma route vers le col de la Masse me mène droit vers une petite harde de bouquetins.

    J2 - Ravin Noir suite

    Quelques étagnes et cabris.

    J2 - Ravin Noir suite

    Me voilà dans l'axe du vallon de la Masse.

    J2 - Ravin Noir suite

    D'où je rejoins péniblement le col de la Masse. Une vue de la traversée depuis le col du Ravin Noir.

    J2 - Ravin Noir suite

    Au nord, c'est la Dent Parrachée, extrémité sud des Glaciers de la Vanoise. Le refuge de ce soir est quelque part dans les alpages en-dessous.

    J2 - Ravin Noir suite

    Il y a donc une longue descente dans les pentes herbeuses. Nouveau groupe de bouquetins.

    J2 - Ravin Noir suite

    "Le face à face avec l'animal, c'est la véritable expérience de l'Altérité" écrit Sylvain Tesson dans La Panthère des neiges. Je ne sais pas si j'adhère à cette phrase, personnellement. Me demande si je ne me sens pas plus Autre à un cocktail, disons. Ou à un match de foot.

    La vallée à main droite, c'est la haute Maurienne. Je n'arrive pas à mettre un nom sur les sommets, vers le Mont-Cenis.

    J2 - Ravin Noir suite

    Il a fallu que je descende au fond de la vallée, le Fond d'Aussois. Cote 2215 m au pont de Sétéria.

    J2 - Ravin Noir suite

    300 m à remonter pour rejoindre le refuge de la Dent Parrachée.

    J2 - Ravin Noir suite

    Je n'en peux plus, je m'arrête tous les 100 mètres. Bah, j'ai tout mon temps...

    A 18 heures, je suis au refuge, une demi-heure avant l'heure du dîner. Aujourd'hui d'après mon GPS, 13,2 km, +1290 m, -1240 m.

    J2 - Ravin Noir suite

    Riz, oignons et diots (saucisse en savoyard, au cas où tu l'ignorais - mais tu le savais, bien sûr). Me rappelle plus ce qu'il y a eu en entrée ; de la salade verte, ça j'en suis sûr, vu que je me suis donné du mal à la mélanger pour toute la tablée. En dessert, tarte fine aux pommes et sa glace vanille ; moins la glace.

    Et la tournée de génépi du gardien, évidemment. Échaudé par ma dernière nuit, je me contente tristement d'y tremper les lèvres (elle est plus goûteuse que celle de Péclet-Polset) et refourgue mon verre à mes voisins ravis de l'aubaine.

    Il y a toute une troupe de gamins d'une 6ème de Montmélian en journée d'intégration, ils font un boucan d'enfer, mais à l'heure du couvre-feu, tout le monde au lit sans discussion.

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