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J2 Balcons du Mont-Pourri
Météo-France, auquel j'en encore accès en ce début de trek, confirme l'arrivée des orages en début d'après-midi. Bref, il faut avancer. Je traverse le barrage de la Sassière.
Je descends au Saut par la piste, certainement moins bucolique que le sentier rive gauche mais plus rapide.
Bucolique quand même : la Grande Motte (les pistes de ski d'été de Tignes) et la Grande Casse.
Il y a plusieurs chemins pour rejoindre le Monal à flanc de vallée. Je choisis la voie haute, espérance de beaux panoramas si les orages veulent bien attendre. Elle part rapidement au nord-ouest, 300 mètres après le barrage du Saut, remonte vers une cabane en ruine. Apparition du dôme de la Sache. Vieux souvenir : je l'ai grimpé en ski de rando il y a quelques 20 ans.
Le sentier en balcon dévoile de magnifiques points de vue sur le lac du Chevril, le lac formé par le fameux barrage qui, en 1952, engloutissait le "vieux" village de Tignes. C'est le "nouveau" Tignes qu'on aperçoit sur la droite.
Au nord-ouest du lac du Chevril, le dôme de la Sache flanqué plus à droite du mont Pourri.
Au sud-ouest du lac du Chevril, toujours la Grande Motte et la Grande Casse. Et donc Tignes et son lac qui, lui, n'est pas un lac de barrage.
Sous la Grande Combe, je passe sous un grand troupeau de moutons.
Qui dit moutons en Vanoise dit patou... Je ne suis pas trop inquiet : il y a aussi la bergère et ses deux chiens de berger. En fait j'ai quasiment dépassé le troupeau quand le patou s'avise de ma présence et s'élance vers moi en aboyant. Je ne bouge plus, le surveille du coin de l’œil en faisant semblant de ne m'intéresser qu'au paysage. Il s'arrête à quelques mètres, stoppe ses aboiements au bout d'une minute.
Pourquoi les patous de Vanoise sont-ils tellement plus agressifs - du moins à mon expérience - que ceux des Pyrénées ? Est-ce une question de mode d'élevage ? Est-ce la pression du loup qui les rend plus vigilants ? La bergère s'est rapprochée, les deux borders collie viennent me flairer. Le patou ne s'inquiétant plus de ma présence, j'en profite pour un cliché sympa devant le lac du Chevril.
Tandis que je continue sur mon chemin de dahu, le ciel se voile peu à peu par le sud, la grisaille atteint le mont Pourri.
J'ai passé la Davie, je remonte vers le plan du Genièvre. Je photographie à nouveau le mont Pourri et le dôme de la Sache. Les prémices du mauvais temps se sont désagrégées (35 minutes entre les deux clichés), mais ça n'est que momentané.
Déjeuner en approche du nant Cruet. Les nuages s'accumulent maintenant également de mon côté, sur la Petite Sassière et le glacier du Fond.
Il n'y aura plus de paysages ce soir. Me restent les fleurs, dont cette belle orchidée.
Orchis de mai !
Après la traversée du ravin, la signalétique me pousse à redescendre vers les chalets de Nantcruet, contrairement à ce que m'indiquent les extraits d'IGN que j'ai chargés dans mon GPS ; le chemin qui monte au nord est barré d'une grosse chaîne. Bien décidé à ne pas perdre d'altitude, je me persuade qu'elle n'est là que pour les véhicules motorisés et m'obstine à continuer tout droit. Je dépasse un chalet et remonte la piste encore 400 ou 500 mètres, après quoi elle s’interrompt brutalement.
Je tente quelques minutes de continuer en hors piste, mais la végétation et la pente rendent la progression bien compliquée et bien lente. Enfin je prends le temps de bien me situer : j'ai raté un embranchement. S'il y a un chemin, il est au moins 100 mètres plus bas. Marche arrière puis, dans une zone moins raide je dégringole dans les broussailles jusqu'à retrouver la sente qui devrait me conduire jusqu'au Fenil.
Je commence à m'inquiéter d'un site de bivouac, quoi qu'il ne soit même pas 15 heures. Le temps se détériore très vite. Arrivé au Fenil (ou au Monal, où il y a un gîte), je serai dans une zone habitée, peu propice au camping sauvage et, plus haut, je ne sais pas si c'est autorisé, sans compter que je n'y serai pas avant la pluie... Mais dans cette traversée, pas moyen de trouver deux mètres-carrés plats.
Le Fenil se rapproche (j'entrevois la piste agricole 100 mètres plus bas), l'orage gronde maintenant au nord, coincé dans les sommets vers le Petit Saint Bernard. J'avise une crête qui monte à ma droite et dont l'épaule pourrait m'offrir un coin plat. Je pose le sac et monte l'inspecter.
Bof, pas de place pour ma tente sur l'épaule. Mais sur la crête elle-même, à l'orée de la sapinaie, il y a moyen de s'installer. Je fonce récupérer le sac à dos. L'orage est maintenant sur Sainte Foy-Tarentaise, tout proche. Au-dessus de moi, les nuées foncent vers le nord. Bloqués par les pentes, des lambeaux de nuages repartent lentement à contre-courant à mon altitude. En quelques minutes je suis dans la brume. La tente est vite montée.
Le temps d'un cliché et c'est la grêle... 15h50. Je ferme la tente. Je n'ai plus qu'à écouter les grêlons rebondir sur la toile, les éclairs claquer autour de moi. Bien installé sur mon matelas gonflable, je m'estime à l'abri. L'emplacement n'est pas si plat mais j'en suis bien satisfait : j'ai évité - à dix minutes près ! - une belle saucée.
Je ressors un peu plus tard, profitant d'une petite accalmie. Le brouillard enveloppe complètement mon bivouac, je ne distingue plus rien d'autre que mon bout de crête.
Tags : mont Pourri, Chevril
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