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Jour 1 : Reykjavik - Holaskjol
Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant.
Ceux qui seront entrés dans mes froides cavernes sont-ils sûrs d'en sortir même pour un moment?
J'entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre, pêle-mêle, les passagers et les marins, et j'éteins la lumière aux yeux, dans les cabines. Je me fais des amis des grandes profondeurs.
Prêts à plonger ?
Lever 6 h (8 heures françaises). Petit déjeuner : skyr aux blaber, rauðbrau et thé. (Nb : retenez le "ð", lettre très courante en Islandais, qui correspond au "th" anglais).
Courte traversée de Reykjavik en bus. Aperçu de la "muraille de lave" dont parle Arnaldur Indriðason : c'est l'immeuble des banques, le seul « gratte-ciel » du pays, point névralgique de la terrible crise qu'a vécu le pays en 2009, et dont il s'est relevé bien plus vite que nous autres "€uropéens". Faut dire qu'ils se sont un peu révoltés, et ont carrément refusé de payer en totalité leurs créanciers, grosses banques britanniques et hollandaises.
Me revoilà au terminal des bus. En route vers Landmannalaugar, qui sera en quelque sorte mon camp de base, et où je prévois de laisser du matériel et la moitié de ma nourriture.
Le bus monte dans les collines. Traversée de coulées de lave et de vallons fumants.
A Selfoss, changement d'ambiance : une plaine verdoyante, des prés avec une multitude de petits chevaux. Un peu plus loin, le volcan Hekla et ses 1400 m, prête (les volcans sont féminins, en Islandais, logique, non ?) pour sa prochaine éruption.
Histoire de se mettre dans l'ambiance, arrivée à Landmannalaugar sous la pluie...
Comme prévu, un warden m'indique où laisser les affaires inutiles pendant la 1ère partie du trek, et celles qui attendront le voyage de retour. Avant de reprendre la route, déjeuner entre deux averses : saumon et pommes de terre à l'aneth de chez Mountain House. Et je finis les pâtes de coing.
A 15h30, nouveau bus. Celui-ci est un 4x4. La route qui nous mène à Eldgjá est hallucinante de beauté.
Une vraie ballade (j'assume les 2 l...) en soi, à refaire en voiture ou pourquoi pas à vélo (mais costaud !).
A Eldgjá (la « Gorge de Feu »), le bus s'arrête 1 heure (coup de chance, pas de pluie !), le temps de l'excursion à la cataracte d’Ofærufoss.
Tiens, j'en profite pour présenter mon compagnon de voyage, Bamba le Rouge (surnommé aussi le Beau Harry).
Le bus repart, et quelques minutes après voilà le camp d'Hólaskjól, où on me laisse en pleine averse, sous les yeux mi-interloqués mi-goguenards des autres passagers. Vite j'équipe le sac à dos de sa housse anti-pluie et je me précipite vers le refuge. Première porte fermée, deuxième porte fermée. Ouf, le proprio apparaît. Je baragouine en mauvais anglais mon désir de m'abriter quelques minutes, le temps de faire le point. Ça n'a pas l'air de le mettre en joie, il veut me garder. Ben tiens, un client ! Bon, il m'autorise à rentrer.
Dans la salle commune, il y a un couple de français. Ils me disent être installés dans un des lodges à côté. En attendant de me décider, je fais ma popote. Velouté de pommes de terre aux poireaux de chez Travellunch. De la purée quoi (bonne). Compote de pomme et cassis MX3, un peu aqueuse (j'ai pourtant respecté les consignes...)
L’averse s'est presque arrêtée ; je piaffe d'impatience. Allez, tenue de pluie et en avant !
Une petite côte, et juste un peu plus haut, voilà que je longe une belle cascade. Je ne l'avais pas repérée en préparant mon itinéraire. Bonne surprise.
Et si c'était par désespoir que les cascades se précipitent du haut des montagnes ? Ça fait juste dix minutes que je marche, et c'est déjà la grosse ambiance !
Et la pluie qui s'arrête complètement !
Je coupe un moment par la plaine puis je retrouve la rivière Syðriofæra. Ses bouillonnements me préoccupent un peu car je sais que bientôt il me faudra la traverser.
J'arrive à une sorte de canyon.
A la sortie de celui-ci, voici donc mon 1er gué, juste en amont d'une petite chute d'eau. Pas le droit de se rater.
J'enlève chaussures et pantalon, et pour la première fois du trek, enfile ma tenue spéciale gué pride : caleçon cuir (avec dentelles), chaussons de plongée néoprène et mes bonnes vieilles crocs. L'eau au-dessus des genoux, mais pas beaucoup de courant ; et on voit le fond. Pas dur du tout.
Du coup j'installe l'appareil photo, enclenche le retardateur et refais une partie de la traversée histoire d'immortaliser le moment ; admirez mes belles cuisses.
Il est 20 h alors que je sors du canyon - temps de monter la tente. Hésitations... Faut-il s'installer sur la mousse (les sardines vont-elles tenir ?), sur la terre (boueuse...), sur les graviers (les sardines vont-elles rentrer ?)... Un débat que j'aurai chaque soir. Enfin, ceux où j'aurai le choix...
Un peu de temps ce soir. Je déballe mon sac, et dedans, découvre le livre qu'une bonne copine a choisi pour accompagner mes soirées : Irving, « Le monde selon Garp ». Et je me fais un peu d'eau chaude : pas une météo à prendre une glace. D'ailleurs le marchand de banana split (et de dame blanche !) est bien loin. Une savoureuse odeur de vanille se répand dans la tente.
A demain !
Tags : holaskjol, landmannalaugar, eldgja, sydriofaera
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