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Jour 8 : Raudufossar - Reykjadalir
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.
Je suis un peu fleurs… bleues ce matin. Solitaire... 10 jours loin de ceux et celles que j'aime, 44 heures déjà sans voir ou parler à personne. Je réfléchis, je crois bien n'avoir jamais dépassé les 24 heures de totale solitude, même dans mes randonnées pyrénéennes automnales.
Du coup je me dirige vers le refuge de Dalakofin, histoire de voir du monde – et toujours laisser une trace.
Porte fermée à clé, zut. Pourtant j'aperçois par la fenêtre plein d'habits qui sèchent. Tant pis... Je me pose, j'allume la connexion 3G du blackberry. Ça passe un peu : j'envoie mon récit de la veille.
Mais voilà quie la porte s'ouvre brutalement sur un jeune homme mal réveillé, pieds nus et en pyjama. On dirait le jumeau du warden de Hrafntinnusker. Peut-être qu'ils les clonent, en fait ? Ça ne doit pas être très passionnant de passer ses journées à attendre le challand dans la solitude, et puis de supporter en soirée les vikings avinés ( ce n'est pas le bon mot... aschnapsés ?) qui viennent en 4*4 se biturer loin de leurs blondes... Le rapport à l'alcool dans les pays scandinaves, c'est un peu spécial.
La conversation s'engage. "Good morning", "where are you from", etc. J’essaye d’être dans le coup.
- Who won the europe cup ?Le gars interloqué ; il doit me prendre pour un martien … ; conduisez-moi à votre chef.
- Football.
- Oh yes ! Italy, I believe.A mon tour d'être interloqué, j'étais resté sur l'idée d'une finale Allemagne-Espagne.
J'apprends, un mois après mon retour, qu’en fait c’est l’Espagne qui a battu l’Italie en finale. Aussi paumé que moi, ce gardien !
Bon, je reprends la route. Je traverse la plaine de Vesturdalir (passage à gué, sans courant ni profondeur). Il y a des sources chaudes au milieu de la Markarfljót, pleines d'algues gluantes. Pas de baignade !
Direction les sources de la Rivière Rouge (hommage à Howard Hawks : en fait je cherche la Rauðufossakvisl, littéralement le torrent de la cascade rouge). Le paysage est morne et noir.
Me trompe de rivière : je m'en rends compte en arrivant sur une jolie chute imprévue.
Il s'agit peut-être de la Dalakvisl. La carte est assez imprécise. Je rectifie le cap (j'ai repéré le point GPS sur Google Earth : N 64°00'15" W 19°20'57"). Voilà enfin la fameuse source de la Rauðufossakvisl.
J'y arrive en même temps qu'un groupe de randonneurs islandais. Ils m'offrent une rasade d’Opal, le shnaps local. Pouah ! On dirait une vodka au concentré d’airwave...
Déjeuner : velouté poireau-jambon-pomme de terre (Travellunch). Je reprends la descente de la Rivière Rouge.
Mon but était de rejoindre maintenant la chute de Rauðufossar, sorte de "Voile de la Mariée" comme dans le Valgaudemard, sauf que... "la mariée était en rouge" (c'est la journée spéciale cinéphiles ;-). Mais j’arrive par au-dessus ; pas moyen d'avoir un bon point de vue sans descendre dans la plaine, tant pis. Pour le voile de la mariée, essayez Google. (Prise en photo du bus en 2016 : ici !)
Je reprends vers le sud, vers Reykjadalir. Je ne sais pas ce qui m’y attend, je n'ai pris aucun renseignement sur cet endroit, mais le nom m'inspire (reykj- = fumant - Reykjavik, par exemple, signifie "Baie des fumées" : beau nom, n'est-ce pas, pour une capitale !).
ll faut passer la ligne de crête du Svartikambur. Je repasse à 1000 m d'altitude, puis, suivant une route, je redescends alors que la pluie se met à tomber.
Estimant l'altitude raisonnable pour un bivouac pas trop froid, je m'installe. (A savoir : la chaleur baisse de 0.6° tous les 100 m : quand il fait 12° en plaine, il gèle à 2000 m). Reykjadalir est juste à côté. Dîner ; colombo au poulet et riz (MX3) et mousse au chocolat (Travellunch).
A demain.
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Tags : dalakofin, raudufossar, raudufossarkvisl, dalakvisl, reykjadalir
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Commentaires
2CarolineDimanche 1er Juillet 2018 à 01:14Bonsoir,
j'ai besoin de votre aide concernant la cascade Raudufossar , l'accès est ´il possiblre depuis la f225 et si oui , est ce indiqué ?
si l'accès est possible depuis la f225 , à combien se trouve t'elle en distance ?
je vous remercie d'avance .
caroline
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Lundi 2 Juillet 2018 à 10:33
Bonjour Caroline. La cascade est à 2 km de la F225, plein sud depuis l'embranchement qui mène soit directement à Landmannalaugar soit à Landmannahellir.
Elle est en visu : voir ma 1ère journée de 2016, photo prise du bus : http://lartisan.eklablog.com/j1-jokulgil-a126668854
Très facile d'accès à pied. Ensuite remonter la pente (plutôt rive droite orographique). Continuer à remonter la rivière d'abord par les coteaux puis dans le lit même. Sans difficultés.
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3CarolineLundi 2 Juillet 2018 à 10:43Ho!
Un GRAND merci à vous !!!!!
c'est exactement ce que je voulais savoir, si il était possible d'y accéder par la 225 .
y'a t'ils un sentier qui y part, du coup , ou une indication sur la 225 ?
4CarolineLundi 2 Juillet 2018 à 10:45Question idiote de ma part !!!!
puisqu'elle est vue du bus , y'a plus de soucis pour trouver la trace .
desolee , je me suis précipitée !!!!
merci, merci .
caroline
juste une dernière question, combien de temps pour arriver au pied de la cascade ?
5CarolineLundi 2 Juillet 2018 à 10:51J'ai bien reçu le mail .
Pour y répondre , nous voyageons en free-lance . Hors piste avec GPS .
caroline
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Lundi 2 Juillet 2018 à 11:08
Dans ce cas, je suggère par exemple de vous faire déposer par le bus à proximité (là où j'ai pris la photo !), de bivouaquer vers la source et de rejoindre Landmannalaugar le lendemain via le lac Hothavatn. Des extraits de cartes là : http://lartisan.eklablog.com/cartes-et-vues-3d-a63910219
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6CarolineLundi 2 Juillet 2018 à 11:21Ok, merci pour l'info .Nous irons donc depuis la route en voiture , puisque celle ci est visible depuis la 225 et donc facile à localiser .
le landmanalaugar est prévu à un autre moment et le circuit ne nous mènera pas à la cascade .
nous construisons nos voyages à partir de photos et votre blog sur l'Islande nous a été d'une grande utilité.
merci pour tout .
quel est le prochain périple ?
7CarolineLundi 2 Juillet 2018 à 11:52Et en plus j'ai les cartes , c'est trop génial , je vais potasser l'ensemble et du coup revoir ce coin plus en détails avec ces infos .
merci pour votre grande générosité . merci lartisan.
caroline
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Bonjour,
Je me permets de prendre contact avec vous, car j'ai découvert ce lieu par hazard ce soir et je suis tombé sur votre blog en faisant une recherche.
J'aimerais savoir s'il est facile de joindre ce merveilleux coin depuis la cascade rouge, dont vous parlez. Vous ^y êtes allé à pied, mais combien de temps cela vous a-t-il pris?
J'y vais dans quelques semaines et je serais très heureux d'y aller aussi.
Je vous souhaite une belle soirée et merci pour votre récit.
Bien à vous
Stephane
D'après les heures de mes clichés, j'ai mis moins d'une heure et demi de la source à la cascade. Elle-même très facile d'accès depuis la route. Donc en disposant d'une voiture ou en se faisant déposer par le bus, c'est très court. De la source à Landmannalaugar, c'est une journée de rando en passant par exemple par le Hofthavatn.