• Islande 2012

    Rochers Bleus de Sveinsgil

    Récit au jour le jour d'un trek en solo, en juin-juillet 2012, dans la réserve de Fjallabak. On y visitera quelques-uns des sites fameux de cette région : Strutslaug, le cratère Ljotipollur, la haute vallée de la Jokulgil, Sveinsgil, Hrafntinnusker, la Laufafell, etc !

    Un trek qui doit beaucoup à David "Bigfoot" : son blog (voir liens) en a été le déclencheur et l'inspirateur, notamment par le récit de son passage à Sveinsgil.

    Les cartes de l'itinéraire sont disponibles dans le dernier article de la rubrique.

  • Camping de Reykjavik. Dîner : paëlla au poulet de chez MX3 (excellent) et pâtes de coing "Tante Yvonne".

    Montage de la tente et préparation d'un dîner lyo, au soleil et sans vent en guise d'exercice. C'est mon premier trek en solo...

    Jour 0 : Reykjavik

    La même chose sous la pluie, ça risque d'être du sport ; mais n'anticipons pas, le pire n'est jamais sûr.

    Comme tout trek, celui-ci a commencé par la galère du transport - train et TER jusqu'à Roissy. Dans l'aérogare, j'emballe mon sac à dos dans un gros cabas genre "Tati", pour être sûr qu'il soit accepté dans la soute - et pour éviter de la casse au niveau des sangles.

    Avion jusqu'à Keflavik, bus pour rejoindre Reykjavik. 14 heures de voyage. Et malheureusement, pas de vue aérienne sur les glaciers ; ceux-ci sont restés cachés sous les nuages ; seule la péninsule de Reykjanes, avec son désert de lave a daigné se montrer.

    Jour 0 : Reykjavik

    Le bus de l'aéroport me dépose au camping. Il est déjà tard, mais il me reste à faire quelques courses : cartouches de gaz (au camping même), puis au 7-11 tout proche, du beurre pour compléter mes ressources calorifiques (j'ai prévu 3000 kcal par jour, et une perte de poids de 2-3 kg), et de quoi prendre un dernier bon petit déjeuner. Demain, encore une grosse journée de bus, et ensuite le vrai début de l'aventure...

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  • Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant.

    Ceux qui seront entrés dans mes froides cavernes sont-ils sûrs d'en sortir même pour un moment?

    J'entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre, pêle-mêle, les passagers et les marins, et j'éteins la lumière aux yeux, dans les cabines. Je me fais des amis des grandes profondeurs.

    Prêts à plonger ?

    Lever 6 h (8 heures françaises). Petit déjeuner : skyr aux blaber, rauðbrau et thé. (Nb : retenez le "ð", lettre très courante en Islandais, qui correspond au "th" anglais).

    Courte traversée de Reykjavik en bus. Aperçu de la "muraille de lave" dont parle Arnaldur Indriðason : c'est l'immeuble des banques, le seul « gratte-ciel » du pays, point névralgique de la terrible crise qu'a vécu le pays en 2009, et dont il s'est relevé bien plus vite que nous autres "€uropéens". Faut dire qu'ils se sont un peu révoltés, et ont carrément refusé de payer en totalité leurs créanciers, grosses banques britanniques et hollandaises.

    Jour 1 : Reykjavik - Holaskjol

    Me revoilà au terminal des bus. En route vers Landmannalaugar, qui sera en quelque sorte mon camp de base, et où je prévois de laisser du matériel et la moitié de ma nourriture.

    Le bus monte dans les collines. Traversée de coulées de lave et de vallons fumants.

    A Selfoss, changement d'ambiance : une plaine verdoyante, des prés avec une multitude de petits chevaux. Un peu plus loin, le volcan Hekla et ses 1400 m, prête (les volcans sont féminins, en Islandais, logique, non ?) pour sa prochaine éruption.

    Jour 1 : Reykjavik - Holaskjol

    Histoire de se mettre dans l'ambiance, arrivée à Landmannalaugar sous la pluie...

    Landmannalaugar

    Comme prévu, un warden m'indique où laisser les affaires inutiles pendant la 1ère partie du trek, et celles qui attendront le voyage de retour. Avant de reprendre la route, déjeuner entre deux averses : saumon et pommes de terre à l'aneth de chez Mountain House. Et je finis les pâtes de coing.

    A 15h30, nouveau bus. Celui-ci est un 4x4. La route qui nous mène à Eldgjá est hallucinante de beauté.

    Sur la route vers Eldgja

    Une vraie ballade (j'assume les 2 l...) en soi, à refaire en voiture ou pourquoi pas à vélo (mais costaud !).

    Jour 1 : Reykjavik - Holaskjol

    A Eldgjá (la « Gorge de Feu »), le bus s'arrête 1 heure (coup de chance, pas de pluie !), le temps de l'excursion à la cataracte d’Ofærufoss.

    Eldgja

    Tiens, j'en profite pour présenter mon compagnon de voyage, Bamba le Rouge (surnommé aussi le Beau Harry).

    Jour 1 : Reykjavik - Holaskjol

    Ofaerufoss

    Le bus repart, et quelques minutes après voilà le camp d'Hólaskjól, où on me laisse en pleine averse, sous les yeux mi-interloqués mi-goguenards des autres passagers. Vite j'équipe le sac à dos de sa housse anti-pluie et je me précipite vers le refuge. Première porte fermée, deuxième porte fermée. Ouf, le proprio apparaît. Je baragouine en mauvais anglais mon désir de m'abriter quelques minutes, le temps de faire le point. Ça n'a pas l'air de le mettre en joie, il veut me garder. Ben tiens, un client ! Bon, il m'autorise à rentrer.

    Dans la salle commune, il y a un couple de français. Ils me disent être installés dans un des lodges à côté. En attendant de me décider, je fais ma popote. Velouté de pommes de terre aux poireaux de chez Travellunch. De la purée quoi (bonne). Compote de pomme et cassis MX3, un peu aqueuse (j'ai pourtant respecté les consignes...)

    L’averse s'est presque arrêtée ; je piaffe d'impatience. Allez, tenue de pluie et en avant !

    Huttes d'Holaskjol

    Une petite côte, et juste un peu plus haut, voilà que je longe une belle cascade. Je ne l'avais pas repérée en préparant mon itinéraire. Bonne surprise.

    Chute d'Holaskjol

    Et si c'était par désespoir que les cascades se précipitent du haut des montagnes ? Ça fait juste dix minutes que je marche, et c'est déjà la grosse ambiance ! 

    Et la pluie qui s'arrête complètement !

    Je coupe un moment par la plaine puis je retrouve la rivière Syðriofæra. Ses bouillonnements me préoccupent un peu car je sais que bientôt il me faudra la traverser.

    Sydriofaera

    Moutons islandais

    J'arrive à une sorte de canyon.

    Jour 1 : Reykjavik - Holaskjol

    A la sortie de celui-ci, voici donc mon 1er gué, juste en amont d'une petite chute d'eau. Pas le droit de se rater.

    Gué de la Sydriofaera

    J'enlève chaussures et pantalon, et pour la première fois du trek, enfile ma tenue spéciale gué pride : caleçon cuir (avec dentelles), chaussons de plongée néoprène et mes bonnes vieilles crocs. L'eau au-dessus des genoux, mais pas beaucoup de courant ; et on voit le fond. Pas dur du tout.

    Du coup j'installe l'appareil photo, enclenche le retardateur et refais une partie de la traversée histoire d'immortaliser le moment ; admirez mes belles cuisses.

    Gué de la Sydriofaera

    Il est 20 h alors que je sors du canyon - temps de monter la tente. Hésitations... Faut-il s'installer sur la mousse (les sardines vont-elles tenir ?), sur la terre (boueuse...), sur les graviers (les sardines vont-elles rentrer ?)... Un débat que j'aurai chaque soir. Enfin, ceux où j'aurai le choix...

    Bivouac de la Sydriofaera

    Un peu de temps ce soir. Je déballe mon sac, et dedans, découvre le livre qu'une bonne copine a choisi pour accompagner mes soirées : Irving, « Le monde selon Garp ». Et je me fais un peu d'eau chaude : pas une météo à prendre une glace. D'ailleurs le marchand de banana split (et de dame blanche !) est bien loin. Une savoureuse odeur de vanille se répand dans la tente.

    A demain !

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  • Holmsarlon

    Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l’herbe menue : rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

    Je laisserai le vent baigner ma tête nue ! Je ne parlerai pas, je ne penserai rien.

    Mais l’amour infini me montera dans l’âme, et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, par la Nature, — heureux comme avec une femme.

    Trop tôt pour ressentir la solitude, patience, ce sera pour plus tard ! La nuit a été froide ; il m'a fallu un moment avant de me rappeler ce principe de survie : réchauffer les extrémités. Avec la polaire enroulée autour des pieds, j'ai réussi à m'endormir.

    Ce froid, c'est plutôt bon signe (on se console comme on peut) et d'ailleurs ce matin, grand bleu ! Ne boudons pas notre plaisir. Petit déjeuner rapide, ablutions dans l'eau froide de la rivière.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Départ à 8 heures. Je remonte une large vallée, toute en vert et en brun-rouge.

    Sur le Strutivegur

    Je passe au refuge d'Alftavötn marquer mon nom sur le cahier – histoire qu’on puisse reconstituer mon itinéraire au cas où il faille me rechercher. Personne ? Je crie hello et un vague grognement me répond de l'étage. Oups, j'ai réveillé quelqu'un... Euh, je me sauve.

    Arrive une plaine à traverser et bien sur, rapidement, la rivière...

    Gué à Alftavatns-Krokur

    Pas de courant, eau claire, mais ça a l'air profond.

    Personne aux alentours ! Ni vune ni deux ni connu, j'enlève le bas et chausse les crocs. Je reste dans cette tenue à faire rougir les cygnes blancs (et pâlir les cygnes noirs) une bonne demi-heure, le temps de passer deux autres bras de la rivière.

    Voilà que je retrouve Eldgjá, la grande faille éruptive de l'an 934, dans sa partie sud.

    [Nb : Extrait de Wikipédia : Il s'agit d'une fissure explosive d'environ cinquante à soixante-dix kilomètres de longueur ; pendant environ six ans, Eldgjá a produit 19,5 km3 de lave qui ont recouvert une surface de plus de 780 km2. On estime qu'elle a produit plus de 200 millions de tonnes de dioxyde de soufre. Ces chiffres en font l'une des éruptions les plus importantes des temps historiques.]

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    La Syðriofæra traverse Eldgjá dans une magnifique cascade avec effets d'arc-en-ciel.

    Cascade de la Sydriofaera à Eldgja

    Plus loin, il est temps de faire une pause, les épaules souffrent en ce début de trek. Magnifique pique-nique au bord d'un ruisseau aux mousses fluorescentes ; fondue aux 4 fromages (et croutons) de chez MX3. Je ne suis pas pressé, alors je lézarde au soleil : quelques pages d'Irving pour accompagner la digestion.

    Mousses islandaises

    Tiens, un chien ? Avec un paquetage de secours sur le dos !?

    Un groupe de randonneurs passe à 100 m ; seul leur étrange infirmier m'a repéré. Un groupe de vététistes passe à son tour, dans mon sens cette fois-ci (on les retrouvera toute à l'heure). Eh bien, c'est l'heure d'affluence !

    Il est temps de repartir. Je longe une sorte de falaise, qu'il me faut garder à main gauche quasiment jusqu'à l'arrivée.

    Le chemin part au nord, mon GPS suggère le sud. Que faire ? Les cyclistes ont pris au nord, vers la vallée où serpente la Syðriofæra.

    Ofaerudalur

    Finalement peut-être ai-je l'esprit de contradiction, pas question de prendre la "piste cyclable" ! Tant pis pour le chemin, il fait beau !

    Ce n'était certainement pas la solution de facilité. Très vite me voilà à galérer à travers des ravinements et des névés.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Ça passe mais c'est un peu scabreux ; je suis récompensé par une magnifique vallée semée de gros blocs de lave qui ont dévalé de la falaise.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Je contourne la plaine d'Holmsarlon. Mon objectif, la source chaude de Strútslaug, est en vue. D'ailleurs les vététistes de tout à l'heure sont dans la piscine d'eau chaude (la « laugar »). Mais avant, un passage à gué. Il paraît que dans le temps il y avait un pont de bois mais ça fait quelques années qu'il a été emporté.

    Du sérieux : un torrent d'eau blanchâtre, gonflé par la fonte glaciaire de la journée, pas très large mais puissant - assez flippant. Perplexe… Par où traverser ?

    Le gué avant Strutslaug

    Un vététiste a la gentillesse de venir à mon secours ; il me fait signe d'avancer... tout droit ! Autrement dit n'importe où. Bon ben, quand faut y aller... Je me mets en tenue et je me lance. La vache, ça pousse fort. Ils ont dû en baver avec leurs vélos, j'imagine qu'ils ont fait la chaîne. Un appui à la fois, bâton gauche, pied droit etc. Ouf je suis de l'autre côté.

    Voilà la source d'eau chaude, avec notre ami Bamba.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Eh eh, les cyclistes s'en vont. Ils me laissent la laugar pour moi seul ! Quelle chance.

    Je monte vite ma tente, je prends mon savon, Garp et, nu comme un ver, je m'allonge dans l'eau chaude. Je rentre assez facilement : ça ne doit pas dépasser 45 degrés. (C'est le souvenir que j'en ai, mais vu la photo - petit coup de retardateur - ça ne devait pas être si facile !)

    Bain à Strutslaug

    Une heure à me prélasser.

    Il est temps de dîner. Soupe aux tomates Royco, pâtes siciliennes aux olives (Travellunch) et mousse au chocolat (T. aussi).

    Quelle belle journée, mais j'ai bien peur que l'horoscope pour demain (comprenne qui peut) ne soit pas aussi bon ! Le temps se couvre.

    (Si vous êtes attentifs, vous repérerez la laugar de Strutslaug sur la photo ci-dessous, juste à l'aplomb de la tente ; l'eau chaude arrive par la rigole à gauche.)

    Bivouac de Strutslaug

    (Jour précédent) (Jour suivant)

     


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