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Chartreuse 2020
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Par lartisan le 6 Juillet 2020 à 18:26
Après la nuit hachée dans le "bus macron", cette journée en guise de marche d'approche va s'avérer costaud.
Depuis la petite gare de Pontcharra, il n'y a pas d'itinéraire évident pour rejoindre les crêtes de Chartreuse, et plus précisément, mon objectif d'aujourd'hui, le pré Orcel sous le col de l'Alpe. Ce ne sont pas les sentiers qui manquent, mais aucun ne permet un cheminement est-ouest cohérent. Il va falloir se frayer la route, ne pas hésiter à tracer au feeling, j'anticipe et j'aime !
Je remplis mes bouteilles au macdo, traverse l'Isère. Tout là-haut (1600 m plus haut !), mon terrain de jeu de demain, les Rochers de Belles Ombres et les Rochers de l'Alpe.
Je gravis les premiers ressauts. Je me heurte à une toute nouvelle carrière qui barre le sentier, la contourne et infléchis ma route pour passer sous le Fort Barraux.
Ce Fort Barraux a tout d'une construction à la Vauban, mais il lui est antérieur, construit par le Duc de Savoie sous Henri IV, en 1597-1598. De façon plus sinistre, il a servi de centre de transit sous Vichy, et encore de centre d'internement après guerre.
Après Barraux, c'est toujours un chemin balisé qui m'emmène plus au sud, pour passer un deuxième ressaut (j'approche déjà les 1000 m) via la combe étroite du ruisseau des Dégoutés.
Le ruisseau est à sec ; prémisse des difficultés logistiques de la rando en pays calcaire : la gestion de l'eau !
Gros plan sur cette jolie astrance toute en nuance pastel.
Passé le village de Saint Georges, il me reste encore 500 m de dénivelée et c'est maintenant que les choses se corsent. Il n'y a plus que de vieux chemins non entretenus, plus ou moins avalés par la forêt. Avec un peu de flair, on arrive quand même sans trop de difficultés à remonter vers l'ouest, par de vieux layons d'exploitation forestière abandonnés.
Les derniers hectomètres avant d'arriver au pré Orcel sont les plus compliqués, car la pente se fait raide et la végétation plus dense.
Au pré Orcel une petite fontaine me permet de reconstituer mes réserves d'eau. Par contre, pas de prairie où installer ma tente - sauf à la monter au bord même du parking.
En inspectant un peu le chemin qui monte vers le sud, je trouve dans les bois quelques zones plates pour un bivouac certes sans panorama mais bien au calme.
Selon mon GPS : 12,0 km, +1478 m, - 286 m. Pas mal (et même trop...) pour un premier jour à pleine charge.
Je serai à pied d’œuvre dès demain matin !
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Par lartisan le 6 Juillet 2020 à 19:52
C'est parti ! Du pré Orcel, le chemin monte, d'abord vers le nord puis par une série de zigzags.
Pas de difficulté pour trouver le point de départ du sangle des Belles Ombres, une sente qui se détache du chemin, 500 m avant le col de l'Alpe, juste avant un grand auvent rocheux caractéristique, et grimpe vers les falaises. Une première trace part vers le nord, je la dépasse sur la foi de mon topo (mauvaise interprétation de ma part !).
S'en suit un cheminement sympa, on s'élève au travers des roches et voilà le sangle des Belles Ombres, au début large et confortable.
Je rappelle ce qu'on appelle un sangle, en Chartreuse : en gros un palier entre deux barres rocheuses, plus ou moins étroit, plus ou moins incliné. Une vire, quoi, en plus large, qui se maintient parfois sur plusieurs kilomètres. Dans les Pyrénées espagnoles, vers le Mont-Perdu par exemple, on appelle ça une faja.
Superbe vue ensoleillée sur le nord du Grésivaudan et sur le seigneur Mont-Blanc qui trône tout au bout de la combe de Savoie.
Le sangle des Belles Ombres se fait déjà un peu plus étroit. En théorie j'approche d'un spot remarquable, une formation géologique que je ne veux pas manquer. Mais qui n'apparaît pas !?
Il me faut un moment pour admettre que j'ai encore trouvé le moyen de me perdre... L'insouciance de la jeunesse, hum. En fait il y a deux sangles des Belles Ombres, le sangle des Belles Ombres supérieur et le sangle des Belles Ombres inférieur. Je comptais cheminer sur ce dernier pour commencer mais j'ai grimpé d'emblée jusqu'au sangle du haut.
Grrr, j'aperçois, loin en dessous de moi ce site que je veux approcher : le Dromadaire des Belles Ombres. J'hésite, je fais quelques allers-retours et zut. Je pose le sac sur le chemin puis débaroule un couloir herbeux jusqu'à m'approcher du Dromadaire.
Le Dromadaire des Belles Ombres... Il a deux bosses ! Chameau va ! A l'arrière plan : les sommets de Belledonne.
Bon, je laisse le Dromadaire des Belles Ombres, continue un peu vers l'est, jusqu'à me rapprocher du rocher dit "des Griffes de l'Ours".
Je trouve un couloir pas trop pentu pour remonter vers le sangle supérieur.
Je retourne chercher mon sac. Déjeuner, déjà ! Sur le sangle, une belle orchidée.
Déterminée grâce au net, l'orchidée du jour est une Orchis verdâtre. Le label qui tire la langue...
A ce stade, le sangle des Belles Ombres se resserre encore, ce n'est plus l'endroit pour faire des cabrioles !
Pas trop besoin de commenter, les images parlent d’elles-mêmes, non ?
Juste dire quand même qu'aussi impressionnant que cela paraisse, en fait le chemin est sûr (quand il est sec, en tout cas !). Certes il faut être précautionneux, car le sangle n'est pas plat : chaque traversée de couloir commence par une descente, où le poids du sac s'amuse à vous pousser dans la pente... On va lentement.
Vers le bout nord du sangle des Belles Ombres, les deux derniers cirques traversés sont les plus vertigineux.
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Par lartisan le 6 Juillet 2020 à 20:20
Le sangle des Belles Ombres suite...
S'agit de s'extraire du sangle des Belles Ombres. Un petit quart d'heure après le dernier cirque, le sangle s'effiloche, tandis qu'un marquage indique la sortie via un petit couloir sans difficultés.
Sans difficultés selon mes informations. Mais me vla au pied d'un genre de dièdre bien vertical, apparemment assez court, je m'y lance sans trop réfléchir.
Je grimpe dedans, poussant mes bâtons devant moi. Je m'accroche à la végétation, il y a plein de bonnes prises, c'est de l'escalade facile mais quand même, j'ai du mal à m'imaginer dans ce passage à la descente - avec le gros sac de rando !
Un bon quart d'heure plus tard, bien cintré, je débouche sur la crête.
En face, le Mont-Granier. J'imaginais redescendre directement par là, en hors piste. Il y a de la pente, de la végétation dense, des lapiaz déchiquetés ; ben non. Il va falloir rester sur l'arête.
Je repars donc vers le sud, sur l'arête des Rochers des Belles Ombres ; en fait mon chemin de l'aller est tout juste en dessous.
A peine 100 mètres au sud de ma sortie, je tombe sur les marquages du passage "normal". M'étais donc encore paumé... Je continue comme ça, à longer la crête jusqu'au col des Belles Ombres.
La crête s'élargit en magnifiques alpages aux points de vue uniques vers le Mont-Blanc...
... et vers Belledonne.
Nouvelle orchidée du jour ! Ma p'tite préférée, la nigritelle.
Plan rapproché pour observer sa fleur, avec le label, gros pétale caractéristique des orchidées, mais placé en haut de la fleur au lieu d'être en bas comme chez 95% des membres de sa famille. J'adore la nigritelle, sa discrétion (qui y reconnaît une orchidée ?), son odeur magique. L'autre nom de la nigritelle est l'orchis vanille...
Je poserais bien ma tente là - quel bivouac ce serait ! Mais il est encore tôt.
Arrivé au col des belles Ombres, je bifurque vers l'ouest, sur une trace qui descend vers l'Alpe. Je suis un peu en roue libre, peu fixé sur mon chemin, je me dirige d'abord vers le col de l'Alpette et le Mont-Granier, avec vaguement l'idée de trouver de l'eau à la cabane de l'Alpette.
Je m'avise, sur la carte, de la présence éventuelle d'un point d'eau plus proche. Je pars à la recherche de la source de la Vieille.
De la source de la Vieille sort juste un filet d'eau, ça me suffit amplement pour refaire mes réserves. Entrainé par l'inertie je reprends la route de l'Alpette, passe à proximité d'une étrange et vaste doline et d'une demi-douzaine de vaches.
Pfff, je grenouille, je ne sais plus ce que je veux faire, un coup je me dis que j'irai vers le sommet du Pinet, un coup je décide de partir direct au sud. Je crois qu'il est temps de m'arrêter. D'après mon GPS : 9,2 km, +890 m / -736 m. J'ai été vraiment lent... Bon ces chiffres ne prennent pas en compte la virée au Dromadaire.
J'installe le bivouac à côté de ruines, les haberts de Barraux.
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