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Alta Rocca & Bavella 2024
L'idée est de rejoindre les aiguilles de Bavella, l'un des sites magiques de la Corse. Une boucle (ou quasi) de 5 jours et demi à partir de Porto-Vecchio.
On enchaîne les premières étapes du mare a mare sud, la traversée des montagnes de l'Alta Rocca et la forêt de l'Ospedale, puis la remontée de la vallée d'Asinao, la traversée des aiguilles de Bavella et enfin le retour vers le littoral par le GR20.
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Par lartisan le 24 Mai 2024 à 20:18
Aéroport de Figari. Damned, la navette de Porto-Vecchio est dans 2 heures 30. Je le savais, mais ce n'est pas la même chose quand tu es sur place et impatient. J'avise une autre touriste avec un gros sac de rando : elle va se lancer sur le GR20. Je la convaincs de partager un taxi. 30 € chacun, ça va. Le taximan est bien gentil. Il nous régale de toutes les anecdotes possibles et imaginables sur les accidents du GR20. Le drame de 2015, bien sûr ; le randonneur mort de froid il y a à peine trois semaines ; la nonne retrouvée morte d'une crise cardiaque les bras en croix au sommet de la montagne (est-ce qu'il galège ? C'est dur d'en juger, compte-tenu de son accent corse). Dépôt de ma "collègue" à la gare routière puis c'est mon tour, au coin du Décathlon local. La QBG la plus rapide du monde !
Armé d'une bouteille de gaz au format universel et de deux bouteilles d'eau, j'entame mon périple avec quelques heures d'avance, elles me seront bien utiles. Un kilomètre pour sortir de la ville. Ensuite il y a encore plus de 6 km en bord de route. Oui c'est chiant.
Après les tout premiers kilomètres, il n'y a plus trop de trafic. Prémices des forêts de l'Alta Rocca, ce beau chêne-liège au bord de la route.
Les montagnes sont juste là-bas, j'y serai vite !
Et voilà. Alzu di Gallina. Début du sentier du mare a mare sud, je vais y rester les deux prochains jours. Tout de suite ça grimpe !
Ambiance ! Le maquis !
Pas très propice à poser la tente, ce type de paysage. Pourtant la journée a été longue depuis ma Bretagne et je n'aspire qu'à m'arrêter ; j'en ai déjà fait plus que je m'y attendais aujourd'hui.
Au point coté 233 du chemin, à l'intuition, je quitte le sentier balisé à une intersection et pars à l'horizontal. Quelques mètres plus loin, une petite zone débroussaillée apparaît. Juste la place pour ma tente !
Données GPS : 6,7 km, déniv +250 m.
Désolé, j'ai oublié de prendre une photo du bivouac.
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Par lartisan le 25 Mai 2024 à 20:54
Seule péripétie nocturne, un cochon sauvage est venu rôder autour de la tente. Ses grognements m'ont bercé... Il faisait suffisamment chaud pour que je ne me serve du duvet qu'en guise de couverture. Matin un peu chagrin : de la pluie (petit orage), alors que j'étais persuadé de bénéficier d'une journée ensoleillée aujourd'hui. Bah ça se calme vite.
C'est reparti, ça monte : je suis dans les 200 m d'altitude ce matin, je serai au-dessus de 1000 ce soir.
A l'approche du Monte di Renapiana, une petite zone débroussaillée permet de jeter un œil jusqu'à la mer et le golfe de Porto-Vecchio. (Plus à droite, on aperçoit même les côtes de Sardaigne.)
Il n'y aura pas des masses de photos aujourd'hui : l'essentiel de la rando se passe sous le maquis ou sous les pins de la forêt de l'Ospedale.
Le sentier croise régulièrement les lacets de la Départementale, sur laquelle grondent des quantités de motards. La forêt est ponctuée de chaos de roches, je ne suis pas dépaysé : on dirait Huelgoat !
Je débouche au village de l'Ospedale. Nouveau point de vue sur la mer Tyrrhénienne.
Je m'arrête prendre un café au premier troquet. Ce n'est pas tellement pour le café, mais je viens mendier une cuillère : j'ai oublié d'en mettre une dans le paquetage ! Manger les lyos sur la lame de mon Opinel, c'est pas génial. Le patron du café ne veut pas me donner de cuillère, apparemment il en manque, mais il me refile une fourchette, c'est déjà ça. Merci !
Je me ravitaille en eau à la fontaine du village, déjeune un peu plus loin sur une espèce de zone de pique-nique puis repars dans la forêt en direction de Cartalavone.
Nouveau ravito à la fontaine de Cartalavone puis ça se remet à grimper, en direction de la Punta di a Vaca Morta. Quelques touristes : le panorama depuis la Vache Morte est réputé. Mais je ne vais pas y monter ; une série d'orages est en approche, il ne ferait pas bon être sur une crête quand ils seront sur moi. Pour l'instant ils passent au sud, il pleut bien fort sur Porto-Vecchio.
Il semble y avoir des éclaircies du côté ouest du col de Foce Alta. Je vais peut-être complètement éviter la pluie ?
Digitale pourpre.
A ma droite (le chemin est reparti vers le nord-est), une trouée dans la forêt permet d'apercevoir le lac de l'Ospedale.
C'est un lac artificiel : il est alimenté par un pompage depuis l'Asinao et sert de réservoir d'eau pour Porto-Vecchio.
Ça gronde de plus en plus fort devant moi, et je me rends compte qu'en fait les orages arrivent de l'est, pas de l'ouest... Je ne vais pas y couper, j'anticipe, me dessape au maximum (il ne fait pas froid) et mets la housse de pluie sur le sac à dos. Et voilà la pluie.
Sous le maquis je suis bien protégé ; et en fait de pluie ce sont plutôt des petits grêlons bien secs. Plus bas le sentier rejoint une piste carrossable, je m'arrête juste avant et attends l'éclaircie. Avant de repartir je consulte la carte. Après le col de Mela il y a une grosse descente bien raide, plus de 500 m de déniv', puis ensuite c'est très vite le village de Carbini. Il me semble que j'ai intérêt à me trouver un coin de bivouac avant le col, même s'il n'est pas tard.
Pas trop de possibilités. Je jette un œil à une citerne anti-incendie, me disant qu'il y aura peut-être un peu de place à côté mais bof. Tant pis je continue. Et au col de Mela, je trouve une magnifique pelouse bien plate, nickel !
Données GPS : 11 km, déniv +1000 et -260 m.
Je poirote un peu en attendant 18-19 heures avant d'installer la tente, d'autant qu'il y a un beau panneau d'interdiction de camper (et un autre d'interdiction de faire du feu, même au réchaud, d'ailleurs). Il y a un petit bâtiment d'élevage juste à côté, ceint de clôtures mais portail ouvert. Deux vaches plus deux petits veaux très curieux vadrouillent de mon côté. Un taureau mugit régulièrement de l'autre côté. Je bouquine assis sur une souche.
Tandis qu'enfin j'estime qu'il est assez tard pour monter la tente (j'ai encore oublié de la photographier), deux véhicules se pointent par le chemin carrossable. Les éleveurs rentrent les bêtes dans l'enclos et ferment le portail avant de s'en aller.
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Par lartisan le 26 Mai 2024 à 21:55
Alors cette nuit : aboiements de chevreuils, grognements de cochons, mugissements de taureau. J'ai pensé à prendre une photo du bivouac ce matin. Présentation officielle de ma nouvelle tente. Mes genoux commencent à se plaindre, je m'efforce autant que je peux de transitionner en mode MUL. Avec cette tente - une MSR Freelight 2 places, je garde mes aises -, c'est 800 g de gagnés.
Deux pas après le col de Mella et juste avant d'enclencher la descente, une trace s'enfonce sous les arbres vers un chaos de roches d'où je me dis que je pourrais glaner un point de vue vers les aiguilles de Bavella. C'est un vrai fourré de ronces, en fait. J'arrive à rejoindre les premiers blocs, les escalade tant bien que mal, mais n'en retire qu'une vue vers l'ouest, vers la Punta di a Vaca Morta, sans grand intérêt. Au moins j'aurai essayé.
Cyclamen de Naples.
Retour au tracé du mare a mare sud, je dévale dans la forêt vers Carbini.
Une ouverture vers le nord, mais pas d'aiguilles de Bavella en vue.
Gué du ruisseau de Vaca Morta.
Ah ! Les voilà les aiguilles de Bavella (c'est pour demain).
A Carbini supranu, pas de site de bivouac vraiment discret, rien à regretter, quoi qu'il y aurait eu moyen de poser la tente dans un pré, avec l'accord d'un propriétaire. Au chef-lieu de Carbini, magnifique église romane du XIème siècle.
C'est l'église San Giovanni Battista, de style pisan avec son campanile séparé.
Toute la suite est une randonnée tranquille dans les sous-bois, avec traversées de ruisseaux par des gués ou des passerelles.
Du coup, pas beaucoup de photos. Mauve des bois.
Il faut que je sois au refuge d'Asinau demain soir, et pas trop tard pour être sûr d'y trouver un emplacement de bivouac sympa : c'est un refuge du GR20, et même si on est en début de saison, je suppose qu'il va y avoir du monde, ce qui me changera de ces derniers jours où j'ai dû croiser deux randonneurs au maximum... Bref faut que j'avance, l'objectif étant de me rapprocher le plus possible de Quenza, et même possiblement d'y dormir ce soir.
Appro à la fontaine de Levie, dans les hauts du village.
Je rase le site préhistorique de Cucuruzzu, sans prendre le temps de le visiter. Encore de beaux chaos de granite.
Commence alors une longue partie de plat, où je peux avancer vite. Traversée du Rizzanese sur une belle passerelle qui paraît bien disproportionnée.
Mais qu'est-ce que j'en sais en fait des risques de crue pendant les gros orages corses de fin d'été ? Pancrace d'Illyrie.
Il y aurait moyen de bivouaquer dans les prairies juste après la traversée du fleuve (Eh oui, le Rizzanese ne paie pas de mine à cet endroit, mais c'est bien un fleuve, il se jette en Méditerranée au niveau de Propriano.) Je continue quand même, je m'arrache dans la côte qui suit, jusqu'à rejoindre une sorte de plaine agricole, la plaine d'Anau. Sur ma droite, encore un kilomètre plus loin, un pré flanqué d'une haie épaisse me semble propice à installer ma tente en toute discrétion.
Données GPS : 18 km, déniv +1040 et -1340 m.
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