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Hier, après quelques minutes face aux sources du Vénéon, il ne me restait plus qu'à redescendre. A la Roche de la Temple, un chamois peu farouche était là pour me féliciter.
Il n'a pas attendu que je finisse de monter la tente ; dommage ça aurait fait un beau cliché. Les lumières tranchantes du coucher du soleil face aux Bans, c'était pas mal non plus.
Pas d'orange ni de rose. Le lendemain matin un ciel grisâtre m'attendait. Il s'agissait de gagner le mauvais temps de vitesse. Je remontai le Vénéon jusqu'à la passerelle, dans l'idée de redescendre par la rive gauche et le vallon du Chardon.
Mais il n'y eut pas de miracle. A peine avais-je traversé le Vénéon que la pluie s'amorçait. Le ciel plombait la Barre des Écrins, l'atmosphère avait un goût d'ozone.
Et puis ce fut l'orage. Peu violent mais c'est quand même toujours un peu flippant en pleine nature.
Sur le sentier à flanc de montagne, je me persuadai que je n'étais pas une cible pour les éclairs : ils avaient mieux à faire à dézinguer les flèches de granite. Engoncé et aveuglé sous la capuche et sous la pluie, je ratai l'embranchement vers le glacier du Chardon et me retrouvai au bord du torrent.
Tant pis, il n'y avait plus rien à voir. La végétation, soulagée après des semaines de sécheresse, exhalait d'odeurs retrouvées de chlorophylle, de pétrichor et de vétiver. Le sens de l'odorat triomphait. Retour encore au Vénéon, face à L'Ailefroide écrêtée.
Et puis peu à peu l'orage s'éloignait vers l'est.
Un peu plus de luminosité vers la Bérarde mais la pluie ne se calmait pas.
Je longeai le Vénéon, revenu en rive gauche après la Bérarde, où les campeurs malheureux se cachaient sous les toiles. Au hameau des Étages, je m'avisai que j'étais trempé, qu'il faisait froid et que l'aventure s'écrivait au passé simple. Jusqu'à la prochaine fois.
Tags : Ailefroide, Bans, Vénéon
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