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Entre les rios Ara et Otal 2023
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Par lartisan le 24 Septembre 2023 à 19:44
J'ai laissé la voiture sur le parking quasi désert (2-3 camping-cars pour la surveiller !) de la station de Gavarnie-Les Espécières.
Après le long trajet depuis la Bretagne, je n'ai que quelques heures pour randonner aujourd'hui. Je vais en profiter pour rejoindre l'arête du Pic de Tentes. J'ai le souvenir lointain (j'étais tout gamin) d'un point de vue impressionnant sur le cirque de Gavarnie et c'est ce que je veux retrouver. Je monte tout droit dans la pente, la piste de ski du Mourgat. A ma droite c'est la frontière avec l'Espagne, le col des Espécières.
Et me voilà très vite sur la crête, entre le pic Mourgat et le pic de la Pahule, récompensé de cette petite bavante, comme prévu, par le formidable cirque de Gavarnie.
Je remonte l'arête vers le sud. Un premier obstacle, le pic de la Pahule.
Ce n'est pas forcément évident sur la photo précédente, mais il y a un cheminement peu scabreux (peut-être un pas où mettre les mains) pour se faufiler au milieu de la barre rocheuse et passer sur le flanc est du pic de la Pahule. A mes pieds la belle vallée des Pouey Aspè. (C'est le chemin de descente vers Gavarnie depuis les Sarradets.)
Le cirque de Gavarnie à ma gauche, toujours, bien sûr. La fameuse Grande Cascade est bien famélique après cet été de sécheresse !
Le contournement en dahu du pic de la Pahule n'est pas très aisé, mais facilité par les traces des nombreux moutons. C'est la saison des agneaux.
Est-ce que ça donne envie d'un bon gigot ? Retour sur l'arête. A l'ouest apparaît le Vignemale, facilement reconnaissable, flanqué qu'il est par le glacier d'Ossoue - ce qu'il en reste...
Et à l'est, la brèche de Rolland et le Taillon.
Passage à la cabane d'arrivée du télésiège du pic de Tentes. Au fond, c'est le lac des Espécières, mon objectif du jour.
La cabane est ouverte, j'ai un moment la tentation de m'y installer pour la nuit - ce serait pour moi une première de dormir dans ce type d'environnement. Bah, je serai mieux plus loin, installé au bord d'un lac ! Je continue. Passage au col de Tentes, c'est le parking pour l'accès au refuge des Sarradets. Nombreux camping-cars, je continue encore.
Très vite je suis seul au bord du lac des Espécières, aucune concurrence pour choisir mon emplacement de bivouac. Données GPS du jour : 5,3 km, +545 m, -165 m.
Fin de journée. Ciel pur, il va faire froid cette nuit au bord du lac des Espécières.
Un peu de rose sur les Astazous et le Marboré.
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Par lartisan le 25 Septembre 2023 à 21:46
Ce matin, tandis que je beurre mes krisprolls (oui, il fait assez froid pour que je trimballe du beurre), le cirque des Espécières s'est transformé en volcan, lac de lave compris.
Contournement du lac des Espécières pour rejoindre le col éponyme. (Nb : des petites sources dans la pente, bon plan de ravito.)
Passage en Espagne. Et juste de l'autre côté du col des Espécières, l'ibon de Lapazosa.
Les eaux issues du lac disparaissent dans un gouffre.
En face c'est la sierra de Tendenera, on ira la visiter ces prochains jours.
Jonction avec le camino de Gavarnie, qui arrive du port de Boucharo.
Alors que j'arrive en fond de vallée, il me prend l'envie, pour la suite de la journée, de remonter le rio Ara le plus haut possible. Ce n'était pas mon idée première, je pensais bifurquer vers le rio Otal. La boucle va se transformer en huit.
Le pont médiéval de Bujaruelo. Treizième siècle.
Vers le bas de la vallée du rio Ara : le pico Mondarruego.
Et vers le haut.
Je laisse donc la vallée d'Otal sur la gauche et monte rejoindre la route carrossable.
Je t'avouerais que, dans ces premiers kilomètres au bord du rio Ara, je n'ai pas le coup de foudre. Trop l'impression de suivre une route. Ça passe certes au travers d'une sorte de défilé, mais sans rien de spectaculaire. Sauf cette jolie cascade.
Bon, au niveau du vallon de Ordiso la route devient enfin sentier.
Et tout ça devient bien sympa, avec une série de vallons sur la gauche qui mériteraient tous une petite explo. On en prendra un demain !
Le Vignemale apparaît au fond de la vallée du rio Ara. Je ne l'ai pas reconnu de suite en fait. Je n'avais pas la carte en tête.
Chacun des vallons a sa passerelle, afin que les vaches soient libres de paître des deux côtés du rio Ara.
J'arrive à la cabane de Cerbillonar.
J'envisage de m'y installer - elle est plutôt propre - mais je préférerais quand même un coin de pelouse un peu sympa. Les vaches ont pas mal remué la terre - sans parler des bouses. Pas évident de trouver mon bonheur. Que je trouve quand même en montant sur un replat au nord de la cabane. Deux génisses curieuses viennent jeter un œil vers mon bivouac et puis décident de me laisser tranquille.
Données GPS du jour : 16,5 km, +1350 m, -1550 m.
Je bouquine assez tard adossé à un rocher. L'obscurité s'installe et des animaux rôdent. Un petit mammifère à cornes se sauve en m'apercevant. Pas eu le temps de le reconnaître mais il m'a semblé que ce n'était ni un chamois ni un chevreuil (ce qui me laisse perplexe). Dans un pierrier au-dessus de moi, deux paires d'yeux reflètent la lumière de ma frontale. Ils se baladent à l'horizontale sur quelques mètres, me surveillant autant que je les observe... Deux petits carnivores ont probablement leur terrier là-haut.
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Par lartisan le 26 Septembre 2023 à 20:55
Pas mal de condensation sur la tente ce matin, je la sèche comme je peux. En face de mon lieu de bivouac, c'est le pico de Espelunz, et l'idée est d'explorer le vallon à sa gauche.
Je compte rejoindre les Sabocos en deux jours, ce qui me laisse le temps de flâner. Aujourd'hui c'est hors piste. En tout cas pas trace de sentier sur la carte OpenTopoMap. Sur ma vieille carte transfrontalière au 1/50 000 il y a bien un tireté, représenté plus ou moins en rive gauche orographique de l'arroyo de Espelunz. Mais d'abord traversée du rio Ara.
L'arroyo de Espelunz a créé un ravin, un barranco. En visu, passer sur la droite (la gauche orographique, donc) m'a paru un peu aléatoire. Je prends le pari de monter à gauche.
Une vesse-de-loup géante. Le mot vesse serait en vieux français argotique un gaz intestinal. Au Canada on parle d'ailleurs de pet-de-loup. Paraît que c'est un bon comestible à l'état jeune. Je n'ai jamais tenté.
Le Vignemale, face sud, se déploie derrière moi. Pas de glace et même pas de neige dans le cirque des Neveros de Labaza.
L'arroyo de Espelunz au fond de son barranco. C'est à ce niveau que ça se rétrécie en rive gauche orographique. Ça passerait, mais c'est pour l'instant bien plus aisé par l'autre côté.
Tout de même, un peu plus haut, je profite d'un accès au torrent pour le traverser et me caler sur la trace de ma carte.
On se remet un coup de Vignemale.
Je suis étonné de la dextérité des vaches espagnoles, de leur capacité à déplacer leur masses sur les chemins les plus étroits sans se poser de question. Il y en a deux-trois qui se faufilent devant moi jusqu'au plateau d'où naît le barranco de Espelunz.
Un coin bien tranquille pour estiver, en tout cas !
Et encore le Vignemale !
Ça repart en barranco - moins encaissé - après le plateau. Et disparition des vaches.
Au bord du ravin, je m'aperçois que se sont rassemblés une dizaine de vautours. Y aurait-il un cadavre ? Rien dans le torrent, en tout cas.
Je m'approche du groupe et ils s'envolent un à un.
La montée se fait raide ; c'est pas trop la forme et je m'arrête régulièrement pour souffler. Le vallon d'Espelunz dans toute sa splendeur. Vraiment une belle surprise.
Voilà le collado de Espelunz. Apparition à l'ouest de la sierra de Tendenera - non : de la sierra qui lui succède à l'ouest, la sierra de Partacua, qui méritera un petit tour un jour, d'ailleurs. Et deux petits laquets au bord desquels j'envisage tout de suite de bivouaquer.
Je les dépasse, histoire d'aller contempler l'ibon de Catieras en aval.
J'y descendrai demain. Je retourne installer ma tente pour qu'elle sèche au soleil. Données GPS : 7,2 km, +759 m, -170 m.
Dans la soirée, quelques isards m'observent depuis les crêtes, bien trop loin pour que je les photographie.
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