• Étançons

    Aujourd'hui est le jour des records. On serait huit milliards sur terre... Il y aurait eu cent mille visiteurs sur ce blog. 0,00125% des gens de ce monde se sont connectés. Ou il y eu un dingue qui s'est connecté cent mille fois. C'est le plus probable.

    Dernier record : celui du plus grand nombre de photos identiques. J'ai démonté la tente, je l'ai cachée au milieu des vernes puis je suis repassé en rive gauche du torrent des Étançons. Mon objectif : la Meije.

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    Le sentier repasse en rive droite. La Meije.

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    Histoire de rompre l'obsession : épilobes des moraines.

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    Première étape du jour, le refuge du Châtelleret. Devant la Meije.

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    Le refuge du Châtelleret, dans mon imaginaire, est un site majeur d'un de mes bouquins préférés : Trois curés en montagne, de Jean Sarenne. Oui, je sais, le titre n'est pas vendeur. C'est le livre de montagne le plus drôle que je connaisse. Le refuge est assez vieillot ; il date de 1958, avec une remise en état en 1985 suite à une grosse avalanche. Ce n'est pourtant pas celui du livre, petit baraquement misérable construit en 1882, "blotti entre deux rochers".

    C'est aussi le point extrême des randos que j'ai faites avec mes parents en Oisans quand j'étais môme. D'une certaine manière, à partir de là je rentre dans l'inconnu. Qu'est-ce qu'il y a au-delà ? La Meije...

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    Bon, quand même, je me retourne. A l'autre bout de la vallée des Étançons : les sommets au-dessus de la Bérarde. L'Encoula, je crois.

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    Il faudrait que je retrouve des photos de ces pérégrinations familiales, histoire, une fois de plus, de documenter la fonte des glaciers. Le glacier des Étançons, en l'occurrence. J'approche d'une ancienne moraine, qui à l'origine devait le scinder en deux : un côté est alimenté par la face sud de la Meije, l'autre à l'ouest par les parois sous le Râteau et la Brèche de la Meije. 

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    Côté ouest, il reste de la glace, ou plutôt un gros névé qui n'a pas fini de fondre malgré la canicule. Seul moment, cet été, où j'aurai touché la neige.

    (Ah tiens, ça rime.)

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    Dans Trois curés en montagne, l'un des moments épiques du récit relate la montée jusqu'au refuge du Promontoire, à travers le labyrinthe de crevasses du glacier des Étançons. Tout le long de la pente, les deux héros apprentis alpinistes / apprentis curés taillent des marches au piolet. On n'utilise pas encore de crampons "pointes avant", à l'époque. L'un taille des baignoires, l'autre, quand c'est son tour de mener la cordée, se contente d'encoches pour le bout du pied, ce qui suscite une dispute savoureuse... Sur les derniers mètres, exténués, ils terminent la montée en progressant facilement sur les ponts de neige qui leur cachent les gouffres mortels.

    Le copyright est de 1950. L'aventure relatée a dû se passer juste avant guerre, autant dire il y a près d'un siècle.

    Plus besoin de crampons ou de piolet - sauf épisode neigeux, ça arrive quand même encore, mais pas cet été ! Je remonte encore un peu sur la crête de la moraine, et puis c'est l'heure de déjeuner. De toute façon je n'avais pas prévu de continuer jusqu'au refuge du Promontoire.

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    Tandis que je grignote mon saucisson, un énorme grondement retentit dans la montagne. Je me retourne. Un gros éboulement vient d'avoir lieu sous le glacier Carré.

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    Le refuge du Promontoire est bien visible, sur cette photo, en bas à gauche de l'éperon, le dénommé Promontoire. Ça a dû faire du bruit, là-haut ! Depuis 2018, suite à un très gros écroulement dans le haut de la paroi, tout est instable et parpine en permanence. Les alpinistes ont été repoussés à gauche du Promontoire.

    A ce lien, un article intéressant et plein de photos édifiantes sur ce fameux écroulement du 7 août 2018.

    Cinq minutes après, le saucisson est fini tandis qu'un nuage de poussière s'est élevé au-dessus du glacier Carré, avant de dériver lentement vers Villars d'Arêne.

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    Retour dans la vallée. J'hésite à remonter vers le cirque de la Gandolière, autre moment épique du récit (une série d'avalanches ; je précise que ça se passe en juillet). Du glacier de la Gandolière il ne reste pas grand-chose, je ne pourrai pas l'approcher. Je choisis de monter plutôt vers le Plaret.

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    Ça monte lentement et gentiment en rive droite des Étançons, jusqu'à la traversée d'un pilier à l'aide de chaînes. Le passage est bien protégé mais il faut rester vigilant. Et là, en plein milieu... des edelweiss ! Je pensais que c'était réservé aux montagnes calcaires. Pas moyen de les shooter dans ce passage chaîné. Il en reste une petite, un peu mal foutue, au moment où je peux enfin me saisir de l'appareil photo.

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    Me voilà au niveau du torrent du Plaret. Plusieurs cairns ; chacun cherche à imposer son point de vue sur la meilleure façon de passer les cascades.

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    J'ai traversé à peu près là. 

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    Et c'est le retour à mon quartier des vernes.  En fin de journée je monte la tente au même endroit qu'hier. On se passera donc de la traditionnelle photo du bivouac.

    Pour faire suite à mon expérience d'hier soir, je me suis donné un objectif. Tandis que la pénombre approche, je lace les chaussures, mets ma liseuse dans la poche droite, ma frontale dans la poche gauche et je dégringole le chemin vers la Bérarde. Quelques chamois baguenaudent à cette heure tardive.

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    Je me cale tranquille au sommet d'un rocher, dans l'axe du vallon de Bonne Pierre, et j'attends. Peu à peu la Barre des Écrins se pare de jaune, puis le jaune vire à l'orange.

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    Il fait maintenant quasiment nuit, je retourne vers ma tente. J'aurai des voisins ce soir : je tombe sur un papa et ses deux fillettes de six ou sept ans, en train de s'installer à 150 mètres de mon bivouac. Ça va leur faire des beaux souvenirs, aux gamines. Étoiles filantes et chauves-souris sont de sortie.

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