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J5 - Marchet
Après l'apothéose d'hier et d'avant-hier soir, je m'attendais à une journée de transition, ce ne sera pas le cas ! Pourtant, ce n'est plus le grand bleu - dégradation prévue par la météo d'avant mon départ, qui m'annonçait carrément une journée de pluie pour aujourd'hui. Au refuge du col de la Vanoise, on m'a plutôt prédit du mauvais temps pour demain.
De toute façon, il faut bien boucler la boucle, alors on charge le sac et on avance, on laisse la Grande Casse derrière soi.
Le lac des Assiettes est complètement à sec en cette fin d'été, je débaroule dans le vallon de l'Arcelin.
Le paysage est assez étrange, façonné par les glaciers - verrous glaciaires...
..., par la gélifraction des schistes et la dissolution des calcaires, extrayant de la masse les étonnantes formes des Rochers du Génépy.
Plus bas, le chemin se fraye une place au bord du ruisseau de l'Arcelin, à sec lui aussi.
Ça doit bien ronfler quand le ruisseau de l'Arcelin se fait torrent !
Par inattention, je rate l'embranchement, doit remonter sur une cinquantaine de mètres avant de m'enfoncer dans le couloir qui descend du cirque du Dard.
Une passerelle d'acier, solidement ancrée et haubanée permet de traverser le ruisseau du Dard. L'air de rien, ce site est connu pour ses avalanches particulièrement spectaculaires, la neige dévalant la pente à plus de 400 km/h... Photo trouvée sur le net :
Autant dire que ça reste bien minéral, comme... raclé !
A ma gauche, la Petite Aiguille de l'Arcelin s'élance avec élégance.
Tout en haut, sous le col du Grand Marchet, se dessinent les silhouettes de deux grands bouquetins mâles. Avec un peu de chance ils seront encore là quand j'y arriverai.
Ça monte raide, mais j'ai toujours mes semelles zélées.
Une sorte de grondement quasi-infrasonique m'alerte. Un groupe de chamois croise à ma gauche, de l'autre côté du cirque du Dard. Je ne mets pas de photos : trop loin, dans l'ombre.
Je me rapproche du col, à la recherche des deux bouquetins aperçus tout à l'heure. Sont-ils restés sur ce versant du col du Grand Marchet ? Eh oui, ils sont trois, en fait, descendus d'une centaine de mètres sous le col. Je traverse le couloir à leur rencontre.
Magnifiques. Deux d'entre eux arborent d'énormes trophées. Ils n'ont absolument pas peur de moi, je peux les approcher de très près.
Quel port altier ! Victor-Emmanuel ressuscité, seigneur des bouquetins, Roi de Vanoise !
Bon, je sens que je commence à les énerver, à jouer le paparazzi (paparazzo ?).
Je reprends la montée et débouche au col du Grand Marchet.
Ahuri, je suis, par la beauté du spot, un genre de Gavarnie (il y a même la cascade !) en forme de trapèze fermé vers l'extérieur. La photo en panorama ne rend pas. C'est comme la place de Sienne, il faut la voir en 3D.
Côté cirque du Dard, c'est aussi beau, avec la Grande Casse en arrière-plan.
C'est la conjonction de ces deux faces qui rend ce spot ultime, je le jure. Climax, épiphanie. Est-ce personnel, une question de moment, de phase ? Monte voir et dis-moi !
Pause... Je reste là un bon quart d'heure, je me lasse pas de tourner sur moi-même. Col du Grand Marchet côté sud...
Col du Grand Marchet côté nord...
Le monde est un coffret de bijoux. Les joyaux demeurent rares, l'homme ayant fait main basse sur le trésor. Parfois, on tient encore un brillant devant soi. Alors la Terre étincelle d'un éclat. Le cœur bat plus vite, l'esprit s'enrichit d'une vision.
J'avoue, c'est encore extrait de La panthère des neiges... Bon, je redescends. Faut bien. Et puis qui sait...? D'autres gemmes m'attendent-ils plus loin ?
Je me rapproche d'abord des cascades qui dégringolent du glacier du Grand Marchet.
Le chemin que j'ai pris semble vouloir rester sur le flanc est du cirque. Quant à moi je veux le contempler d'en bas, alors je lâche le sentier et descends droit dans les pierriers en bord de torrent. Je gagne l'entrée du cirque du Grand Marchet.
Tags : cirque du Dard, Grand Marchet, Arcelin, Grande Casse
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