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J1 - Aguas Tuertas
J'ai laissé la voiture au fond de la vallée d'Aspe, à la centrale électrique d'Estaens vers 15-16 heures et monte au bord du ruisseau d'Espelunguère en longeant la conduite forcée qui exploite les eaux de l'ibón de Estanès.
Je dépasse la cascade d'Espélunguère et le parking où j'avais dormi plusieurs nuits dans ma voiture, il y a quelques années. Passage à l'époque quasi fortuit et coup de foudre pour l'extraordinaire et pourtant méconnue sierra de Bernera. Peu de véhicules cette année. Le confinement n'est levé que depuis 2-3 jours !
Pas mal d'orchidées rouges en bord du chemin, probablement des orchis sureau, précoces.
Dans l'hypothèse d'un retour tardif (le couvre-feu de 19 heures est alors en vigueur), je jette un œil à la cabane d'Espélunguère.
Propre et bien achalandée, ce sera un parfait site de bivouac, si nécessaire, avant de récupérer la voiture.
Je reprends le sentier principal qui monte sans à-coup jusqu'à l'escalé d'Aigue-Torte.
En bord du chemin, une colonne vertébrale, plus loin un crâne, un fémur... C'était déjà comme ça à mon premier passage !
Me voilà passé en Espagne sans même m'en rendre compte. Pas de douane, pas d'attestation, de résultat de test à fournir...
Les crêtes de la sierra de Bernera commencent à se dévoiler. Premiers isards.
Il y en aura d'autres. Des centaines !
Gentianes alpines.
Au puerto de Escalé, on domine la vallée d'Aguas Tuertas, la lente reptation des méandres de l'Aragón Subordán.
Encore des ossements ! Je ne me l'explique pas. A croire qu'on est dans l'arrière cuisine d'un dragon dévoreur de moutons (ou d'isards ?).
Je suis resté en rive droite de l'Aragón Subordán. C'est malin ! Le torrent a grossi, il n'y a plus qu'à déchausser pour passer à gué. Les crêtes, du Pico Alto de la Portaza au Puntal de Secús, sont bien enneigées.
Ce n'est pas pour me déplaire, mais ça risque de me créer quelques difficultés par la suite. Un peu au-dessus de la vallée, c'est la cabane d'Aguas Tuertas, où je vais passer ma première nuit. Données GPS du jour : 7,5 km, +509 m/-165 m.
Un VTTiste arrive à la cabane en même temps que moi, par le chemin carrossable qui remonte de l'autre côté. Il est bavard et curieux ; en sabir spingo-anglais je lui explique mon projet, mes craintes de rencontrer trop de neige vers le Secús. T'inquiète, ça va passer me dit-il.
Il redescend, me laisse tout seul dans la cabane d'Aguas Tuertas. J'y fais mon nid, tranquillement, il y a deux bas-flancs, juste assez larges pour étaler un matelas gonflable. Une petite table et deux chaises en ferraille. J'en tire une dehors pour contempler l'Aragón Subordán.
Les ombres s'allongent peu à peu, tandis qu'une brume s'installe au fond de la vallée d'Aguas Tuertas, sur la sierra de Bernera...
Tags : aragon subordan, aguas tuertas, bernera
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