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Le lac du glacier des Bossons
De nombreux joyaux ont surgi des entrailles du glacier des Bossons, réapparus suite à sa lente et triste fonte (voir là pour un saut de trente ans en arrière). On en trouvera quelques-uns dans les musées de Chamonix. Aucun héritier potentiel ne se disputera ce saphir-là. Il n'est pas si difficile d'y accéder mais ça ne deviendra pas un classique de la vallée. Danger, roches instables et chutes de glace...
Bon, bref, il fallait quand même que j'aille voir ça de plus près. Direction le chalet de Cerro depuis le parking à droite du tunnel du Mont-Blanc. Balade classique des familles, on peut facilement y savourer une glace, par ces temps de canicule. Le chemin carrossable traverse le torrent de la Crosette à gué, le sentier pédestre bénéficie d'une passerelle.
Y a du débit ! C'est le glacier des Bossons qui se barre vers la mer... Apparemment, au vu de Géoportail, c'est le torrent issu du lac. Ce dernier n'est d'ailleurs pas répertorié par l'IGN : c'est encore la glace qui y est représentée.
Au niveau du chalet de Cerro sont exposés quelques débris des avions qui se sont abimés sur le Mont-Blanc et qu'on a retrouvés sur le plateau des Pyramides trente ans après.
Après le chalet de Cerro deux sentiers continuent l'ascension. J'interviewe un serveur pour lui demander quelle est la meilleure option pour rejoindre le lac. il me suggère de tenter le chemin de l'est ; pas sûr qu'il ait bien compris mais ça me conforte dans mon idée. Va pour le chemin des Pyramides ! Re-traversée du torrent de la Crosette, encore sur des passerelles de bois.
Le sentier zigzague sous les résineux et dans les buissons, difficile de voir le glacier.
Suffisamment quand même pour me rendre compte que je me rapproche de la rupture de pente des Pyramides. Le moment d'être attentif. Une trace part à droite dans la végétation.
Une ébauche de sente s'est créée. Pas de doute, c'est le bon chemin. Le glacier des Bossons apparaît, et je suis bien juste sous le plateau des Pyramides.
J'atteins la moraine latérale du glacier.
Et voilà ce fameux lac du glacier des Bossons !
S'il n'est visible que depuis 4 ou 5 ans, il préexistait probablement sous la glace. Le granite forme une sorte de cuvette où il a pu s'installer depuis longtemps.
Préoccupés par le volume sans cesse plus important du lac, les autorités se sont récemment inquiétées du risque que la pression de l'eau fasse sauter le remblai morainique ou la glace elle-même, et qu'il se déverse en catastrophe sous le glacier. Une pelleteuse a été montée par hélicoptère et a élargi l'exutoire du torrent de la Crosette pour améliorer l'écoulement et stopper la montée des eaux.
Le voilà, cet exutoire. La pelleteuse n'est plus là, elle a été redescendue une fois sa mission accomplie. Apparemment, des gens sympathiques ont compris qu'il y aurait toujours des casse-cou dans mon genre pour visiter le coin, et ont plus ou moins sécurisé la traversée du torrent.
La sangle est placée un peu bas ; la corde, elle, est juste à la bonne hauteur pour me permettre de rejoindre l'autre côté sans difficultés. Je remonte la bosse de granite et la moraine qui bloquent le lac. De nouveau des débris des catastrophes aériennes du siècle dernier.
J'ai mesuré le diamètre de la roue - plus d'un mètre. J'en conclus qu'il ne s'agit pas des restes d'un petit avion de tourisme. Quoiqu'à vrai dire je n'y connaisse rien. Il y a eu deux crashes d'avions de ligne sur ce versant du Mont-Blanc : le Malabar Princess en 1950 et le Kanchenjunga en 1966. S'agit-il d'une roue d'un de ces deux avions ?
Revoilà le lac du glacier des Bossons, depuis le nord, sous l'aiguille du Midi.
Je crapahute un moment vers le glacier.
Je descends jusqu'au front de glace - juste pour pouvoir me dire que je l'ai touché. Comme je l'ai fait il y a 16 ans en y montant depuis la combe, comme je le faisais dans la combe-même, quand mes parents m'y emmenaient dans les années 70-80...
Bon, c'est pas très sérieux de se balader sous le front du glacier des Bossons... Faut pas rester là, monsieur...
Je suis vite retourné vers la moraine latérale, remonté au lac.
J'ai retraversé l'exutoire et suis redescendu par le même itinéraire. Il y avait deux autres randonneurs (et leur chien) qui apparemment arrivaient du bas, du moins je le crois (ils ne parlaient pas français) : on peut probablement accéder au lac en montant directement au-dessus du chalet de Cerro. En restant en rive gauche du torrent de la Crosette, donc.
Parcours moins aisé qui grimpe dans la moraine. De quoi faire une boucle sympa, mais un peu casse-gueule. Je ne sais pas. J'insiste une fois de plus, marcher sur une moraine instable n'a rien d'anodin, et s'aventurer sous le front du glacier des Bossons est carrément périlleux.
Edit 2023 : tout a changé, c'est là !
(Sommaire articles Mont-Blanc)
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