(Jour précédent)

Lors donc, en ce deuxième jour de mon tour du Mont Blanc (en fait c'est le surlendemain mais chut), me revoilà au pied du glacier de Bionnassay.

Un point de vue assez semblable datant d'environ 1900 :

Je dépasse mon site de bivouac virtuel et traverse le torrent de Bionnassay sur l'opportune passerelle suspendue.

C'est donc de là-haut que surgit en 1892 la vague issue du glacier de Tête Rousse qui submergea Saint-Gervais et causa plus de 200 morts.

La combe des Juments traversée, je remonte la combe de Tricot. D'ici on voit presque le Mont Blanc. En fait c'est plutôt le Dôme du Goûter, au mieux les Bosses du Dromadaire.

Col de Tricot. Nord. A gauche le Buet, la neige a bien fondu depuis avant-hier. Les Aiguilles Rouges. Le col de Balme. Les GRistes horaires, qui la plupart sont partis de Chamonix, se congratulent : ce panorama concrétise leur réussite.

Col du Tricot sud. Les GRistes anti-horaires vont redescendre vers le Val Montjoie, se ravitailler aux Contamines.

Pas moi. Je pars à gauche, à flanc de vallée. L'idée qui a émergé dans mon esprit tordu pendant que je montais lourdement vers Tête Rousse, est de faire mon tour du Mont Blanc au plus près des glaciers. D'un point de vue physique ce sera laborieux, exigeant, trop peut-être. Du point de vue esthétique ça va changer la donne, rétrécir le champ. Toucher plutôt que voir, en quelque sorte.

Bref, sur cette étape je vais me rapprocher du glacier de Miage, avant de continuer au sud, par la trace en balcon qui mène du col de Tricot au refuge de Plan-Glacier.

Les Dômes de Miage. Ce sera le thème photographique du jour.

A ma droite, au sud-ouest donc, c'est le Mont Joly en arrière-plan, le domaine skiable des Contamines. Et juste en-dessous de moi le vallon de Miage fermé par un étrange plan de faille. Il semble qu'il se prolonge au nord par l'arête ouest de la combe de Tricot et même, côté les Houches, par le Mont Lachat puis l'arête des Arandellys. Faudra consulter une carte géologique pour en savoir plus.

Le sentier est étroit et assez vertigineux. Je ne suis pas à l'aise avec mon gros sac et retrouve les sensations désagréables de ma traversée de Chartreuse - le poids qui m'attire vers le bas, l'impression de mal maîtriser la gravité. J'occupe mon esprit comme je peux, avec un peu de photo macro.

J'ai déjà passé un premier éperon rocheux, puis un deuxième. Le chemin monte et descend, pour négocier au mieux ces passages difficiles. Je suis quasiment au niveau du Plan Glacier, le plateau sous les Dômes de Miage.

Le troisième éperon, je ne le sens pas. Ça ressemble à un court passage de via ferrata et j'ai le mental qui flanche. Je n'arrive pas à me convaincre de la nécessité - esthétique, conceptuelle ! - de monter jusqu'au refuge de Plan Glacier. D'autant que je connais déjà. En fait j'y suis allé une fois, il y a quasiment 20 ans ; sais plus par où j'étais monté. Photo d'époque du refuge de Plan Glacier.

Bref, je pars en hors sentier, descends en dahu pour éviter l'éperon rocheux et rejoindre la moraine. Au passage, déjeuner et farniente sous un bloc pour laisser passer le midi solaire.

(Suite de la journée)