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Avril en Corse 2019
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Par lartisan le 11 Avril 2019 à 22:23
Alors... Je passe rapidement sur la galère habituelle.
Le sac qui sort prem's sur le tapis de l'aéroport d'Ajaccio, mais à quoi bon puisqu'il faut attendre plus d'une heure la navette pour la ville. Bah oui faut pas concurrencer les compagnies de taxis locales.
La saucée à l'arrivée, en avant-goût du temps exécrable que me promet la météo pour toute la semaine à venir. Je sèche lentement dans le petit train de la ligne Ajaccio - Bastia.
La chasse dans tout Corte sous le crachin.
Et donc cette information essentielle que je t'apporte dès ce début de compte-rendu - et pour laquelle j'attends remerciements et reconnaissance à jamais : le spot s'appelle Omnisport et c'est cours Paoli. C'est là, et seulement là, dans ce petit magasin surnommé "Le Camp de Base", que tu trouveras une bouteille de gaz au format universel.
Mais comme tout le monde, tu patienteras jusqu'à 15 heures, l'ouverture du magasin... La sieste c'est sacré.
Et donc il est déjà 15h30 quand je prends le chemin des gorges du Tavignano.
Sans regret je laisse derrière moi la citadelle de Corte, cette ville que j'aurai sillonnée dans un sentiment d'urgence hargneuse, en parfait déphasage avec le tempérament corse, et qui méritait mieux.
Et d'ailleurs merci à la gentille cortenaise qui m'a signalé l'Omnisport, et qui a pris la peine de me guider au travers d'une labyrinthique traversée d'immeubles menant à la passerelle sur le Tavignano.
Ce même Tavignano que je vais maintenant remonter, j'espère, jusqu'à sa source.
"La première chose qu'on remarque, c'est l'odeur". Et oui, c'est vrai ! La pluie s'est arrêtée et la végétation en fleurs, vers les 600 m d'altitude, génère un incroyable fumet d'herbes provençales, expérience tout à fait nouvelle pour moi.
Peu de temps après avoir quitté Corte, je croise deux touristes en baskets et ensuite la montagne est toute à moi. De part et d'autre du Tavignano, elle s'érige en tours de guets et colonnes de granit.
Parmi les différentes essences d'épineux, ce pin dont l'écorce forme comme un kaléidoscope d'oranges et bruns abstraits.
Quelques spots de baignade - le ruisseau d'Antia -, mais ça n'est pas la saison !
Les gorges du Tavignano se creusent peu à peu.
Le chemin s'est élevé pour passer les ressauts et les étroitures sous le Brusco.
Au travers la roche tourmentée, le chemin parfaitement tracé est sans difficultés, mais la longue journée stressante pèse plus encore que le sac, et j'avance - littéralement - à deux à l'heure dès que ça monte un peu.
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Par lartisan le 11 Avril 2019 à 23:46
Les gorges du Tavignano, toujours...
Pas un chat... Il y a du crottin frais sur le sentier, ce qui me fait supposer qu'un mulet ou un âne est passé quelques heures avant moi, mais sinon rien. Juste quelques chèvres entraperçues dans les hauteurs.
J'arrive au pont sous le Brusco. Le chemin continue en rive droite.
Le sentier quitte momentanément le Tavignano et remonte dans les bois du Castagnolu. Sous la voute des pins, dans l'humidité qui remonte des mousses et des fougères, avec l'obscurité qui approche, l'atmosphère se densifie. Je suis bien loin de Brocéliande et pourtant...
Le refuge de la Sega est encore à une heure, mais je n'ai plus très envie d'y arriver. La forêt me fascine. Sous le ruisseau du Castagnolu, une sorte de terrasse providentielle. D'évidence il faut que je m'arrête là ce soir... Peu probable, vu l'heure et la météo, qu'un garde forestier vienne me reprocher ce bivouac sauvage.
Vite, je monte la tente, je sens qu'il va se passer quelque chose.
Épiphanie d'une journée si mal commencée...
Remontant lentement du ruisseau, s'approchant tranquillement de moi, une créature hors du temps, une salamandre de Corse...
Elle rentre à sa maison, une souche à deux mètres de ma tente.
Je suis absolument subjugué par la bête. Je prends photo sur photo, en gros plan, oubliant malheureusement de passer en mode macro.
L'esprit du feu, selon Paracelse, l'alter ego des ondines, des gnomes et des sylphes, esprits tutélaires des trois autres éléments - l'eau, la terre et le vent.
Je m'endors sur cette expérience onirique qui n'est pourtant pas mon genre ! La "communion avec la nature", Gaïa, tout ça, d'habitude ça ne me parle pas...
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Par lartisan le 12 Avril 2019 à 20:05
Je dégage le terrain de bonne heure... Me suis rendu compte en consultant ma carte hier soir que j'avais installé mon bivouac en pleine réserve biologique. Je suis bon pour un PV si je me fais chopper.
La pluie nocturne s'est arrêtée, et il y a presque un rayon de soleil. Dans le haut de la vallée - vers où je me dirige, c'est quand même bien bouché.
Le sentier rejoint le bord du Tavignano.
Et c'est l'arrivée au refuge de la Sega. Personne. Les dortoirs du bas grands ouverts.
Je m'y arrête le temps du petit déjeuner (krisprolls, beurre, thé au gingembre, amandes), fais le plein à la source et reprends ma route. Faut profiter avant que les averses annoncées ne me tombent dessus :).
La forêt ferme un peu le paysage, mais elle est un spectacle en soi, avec ces arbres explosés caractéristiques.
La cascade du - je ne sais pas ? - Scrocchiella.
Depuis la Sega, je suis repassé en rive gauche du Tavignano.
Pas grand chose à dire à part parler de la météo. Du ciel qui se dégage au fur et à mesure que je monte.
Dévoilant peu à peu les reliefs enneigés. La limite pluie-neige, ces derniers jours, était aux alentours des 1700 m - altitude que je tangenterai ce soir.
Passage à une jolie prairie, en aval de la bergerie de Binadelli.
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