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Par lartisan le 12 Avril 2019 à 21:03
La haute vallée du Tavignano a des couleurs automnales. A vrai dire, rien d'étonnant : à cette altitude la neige a disparu il n'y a pas si longtemps ; le printemps arrive tout juste.
La ligne de crête entre Tavignano et Restonica. Cima San Gavino ?
Le Géant Terrassé...
Déjeuner au soleil. Je sors même les Vuarnet !
Traversée du Tavignano. Je m'attendais à un gué, mais il y a maintenant une passerelle. Trop facile !
Et une demi-heure plus tard j'émerge au dessus du Pianu di Campotile. Un caprice géologique fait que le Tavignano évite le Pianu, petit plateau marécageux perché quelques mètres sous la Bocca d'Acqua Ciarnente.
La bergerie de Vaccaghia. Personne apparemment. En principe je bifurque à droite vers le Nino.
Sauf qu'en quelques courtes minutes, la température a chuté de quasi dix degrés, et qu'il se met à pleuvoir. Non. Qu'il se met à neiger.
Le Pianu di Campotile a blanchi d'un coup. Moi, je suis transi, piégé en tee-shirt sous ma pèlerine. Du coup je prends à gauche, remontant presque en courant le chemin vers Manganu, sous la neige qui s'épaissit. Distingues-tu le refuge dans le brouillard ?
Je ne me plains pas : c'est exactement l'ambiance que j'espérais ! N’empêche que l'arrivée à Manganu est la bienvenue.
Encore personne au refuge. Un sac de couchage traîne sur un bas-flanc. Ça laisse supposer que quelqu'un me rejoindra avant le soir.
Peu à peu, la neige se calme, le temps redevient un peu plus lumineux. Je fais le tour du site, inspecte les autres bâtiments - tous fermés.
Le refuge de Manganu est accueillant, mais froid. Brrr. Je peine à me réchauffer. Un poêle et un tas de bûches ne demandent qu'à servir, mais je n'ai rien pour allumer le feu. J'enflamme quelques copies de cartes inutiles, mais c'est bien insuffisant pour amorcer le foyer. Tentative en sacrifiant une bougie. Petit à petit, une bûche se met à brûler puis s'éteint sans créer suffisamment de braises.
Après dîner - pas de visiteur ; décidément j'aurai passer la journée sans voir personne - la température tombe encore. J'empile toutes les couches possibles, les gants, le bonnet etc.
Même dans le duvet il fait froid. Je repense à ma belle rencontre d'hier soir. C'est maintenant qu'il me faudrait une salamandre de feu ! Je pense aussi à une amie, adepte des expériences les plus ésotériques. Je cherche un pont entre ses croyances et mes conceptions plus... raisonnables. J'invoque Newton, grand scientifique s'il en est et pourtant alchimiste, adepte de l'occultisme. Au vrai, quoi de plus étrange, dans le contexte de l'époque mais même aussi aujourd'hui, que cette force quasi magique qui nous attire l'un vers l'autre. F = G x ma.mb/d2. Certes...
Et puis je m'endors.
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Par lartisan le 13 Avril 2019 à 21:28
Pluie... Comme attendu : journée bien pourrie prévoyait Météofrance.
Du coup je prends mon temps. De toute façon aujourd'hui c'est excursion. Vers 10h, relative accalmie, je pars vers le lac de Nino, le sac réduit au minimum. L'autre option, c'était le lac de Goria, mais, à plus de 1850 m, il sera dans les nuages.
Nouvelle traversée du Pianu di Campotile.
Je joue à l'éclaireur indien. Je cherche des traces de pas, découvre une piste. Essaye de me rendre compte si c'est celle que j'aurais laissée hier. Apparemment oui.
Le plein d'eau à la source de Vaccaghia. Toujours personne. L'autoroute du GR20 désertée...
Magnifique hêtraie aux couleurs automnales, toujours ces étranges arbres tourmentés (par quoi ??).
Et me revoilà une fois de plus au bord du Tavignano.
Courte montée, sous la bergerie des Inzecche.
J'atteindrai bientôt la ligne de neige. Panorama...
Et le voilà donc, ce fameux lac de Nino, source du Tavignano.
Le lac de Nino, incontournable icône du GR20. Incontournable ? J'en fais le tour ;-) Des bouffées de brouillard descendent de la Bocca a Stazzona. Il neigeotte.
Y a pas de raison. Moi aussi, je me fais mon p'tit selfie du lac de Nino.
Les cinéphiles reconnaîtront : les "Randonneurs" passent là, le lendemain de leur algarade au castellu di Vergio. Mais pour moi, pas de Cinto ni de Rotondo en arrière-plan... Les sommets corses gardent leurs mystères.
Encore une fois, pas que je me plaigne. Le temps austère et comme confiné, tout autant que cette solitude inattendue, participe à donner à ma rando une atmosphère fantasmagorique qui m'envoûte.
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Par lartisan le 13 Avril 2019 à 22:31
Sûr que peu de GRistes auront les mêmes souvenirs. (Et la même photo...) La rive droite du Nino sous les névés.
Histoire de ne pas revenir par le même chemin - et puisqu'il ne fait au final pas si moche - il me vient l'idée de partir en hors-piste : je vais monter sur la crête qui me sépare du torrent de Pizzu Guardu.
Encore un panorama (si on peut dire...) du lac de Nino et de ses fameux pozzine, depuis la cote 1802.
Du même endroit : la bergerie des Inzecche et les pentes de la Punta Artica dans les nuages.
Et de l'autre côté, la crête de la Cimatella, qui, elle, daigne se découvrir à demi.
Si j'avais un peu mieux regarder ma carte, j'aurais pensé à remonter jusqu'au Capu a e Furcelle. Zut.
Bon, je continue ma fantaisie hors-piste avec un petit exercice de navigation : rejoindre les ruines de la bergerie de Pizzolo, vite trouvées au milieu des névés.
Il n'en reste pas grand chose, de cette bergerie de Pizzolo, mais cette courte course d'orientation dans la neige était sympa. Par contre les chaussures sont ruinées, les chaussettes définitivement trempées.
La navigation continue, à la recherche d'une vague sente cairnée, indiquée sur la carte, qui va me ramener jusqu'à Vaccaghia.
Et retour via le Planu de Campotile. Chemin connu.
La Punta di l'Arinella se dévoile également, mais pas les crêtes vers le Lombarduccio.
Un coup d’œil à la vallée du Zoïcu avant de rejoindre Manganu.
Manganu. A comparer à la photo d'hier soir !
Et toujours personne au refuge. Deuxième journée de totale solitude. "Vous êtes en avance !" m'avait lancé le gérant de la station-essence de Corte, pendant ma Quête de La Bouteille de Gaz. Sur le coup je n'avais pas compris, et m'étais même demandé s'il se foutait de ma gueule. Faut dire que tous les cortenais ont l'accent de Gros Tony. Faut s'y faire !
Pas de tentative d'allumer le foyer ce soir. Mais il fait moins froid qu'hier. Pas de gamberge non plus. Je déplace quelques matelas pour m'installer confortablement, et bouquiner peinard à l'aide de ma liseuse, la grande amie du randonneur lecteur.
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