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Larzac méridional 2013
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Par lartisan le 16 Avril 2013 à 22:09
Le retour d'Islande a été pénible, déprimant. Pour plein de raisons, dont la moindre n'est pas cette impression de vide qui vous envahit lorsque vous arrivez au bout d'un projet. Un projet qui vous a accompagné, accaparé, qui vous a rendu sourd et paradoxalement vulnérable au monde extérieur pendant presque 6 mois.
Alors pas de prise de tête cette fois-ci, pas de rêve partagé avec une éphémère et décevante Nahandove. Un créneau de quelques jours, le soleil qui s'annonce, quelques clics sur Internet. C'est parti.
Traversée de la France, 10 heures dans la bulle : boite auto, GPS, régulateur. Pour un peu on s'effondrerait sur la banquette arrière et on laisserait à l'ordinateur de bord le soin de la téléportation. On se redresse brusquement. Qu'est-ce que c'est que ça, on l'avait vu à la télé, on le voit pour de vrai : le fantastique viaduc de Millau.
1er bivouac, un coin tranquille à 10 mn de Saint-Guilhem, une petite église isolée, perdue au milieu des oliviers et dans les saveurs du thym sauvage.
Le soleil affalé, le silence s'installe quelques instants puis brutalement c'est un extraordinaire vacarme au fond du vallon. Il y a un filet d'eau, une petite mare et quelques grenouilles qui coassent à coeur-joie. Sans parler des grillons (à moins qu'il s'agisse d'hélicoptères ?) qui vrombissent, heureusement à plus de 100 m de la tente.
Popote du soir - je vous fais grâce de la litanie des lyo, cette fois-ci. MX3, Mountain House et Travellunch ne sponsorisent pas mon blog. Dodo.
Au matin, tandis que je savoure un vrai petit déjeuner - la manne du coffre de ma voiture - voilà qu'un cycliste surgit de la garrigue.
Ecoutez, qu'il me dit. Pause. Vous entendez cet oiseau ? Pause. Ça veut dire qu'il va pleuvoir.
Ah bon !? je réponds (cause toujours : la météo annonce 4 jours de beau).
C'est un berger qui m'a appris ça. Pause. Mais la pluie n'est pas pour tout de suite. Pause. Dans 3 jours.
Et il s'en va.
Un coup d'oeil en passant au Pont du Diable, je gare la voiture à Saint-Guilhem, fais le plein d'eau et zou, c'est parti.
Tout de suite, ça grimpe dur. La route du Cirque de l'Infernet est une vraie oeuvre d'art, elle date du moyen-âge : c'est un des chemins de Compostelle.
On se dirige en plein vers le fond du Cirque, on se demande bien comment on va le franchir.
On s'élève, on s'élève.
Me voilà aux Fenestrelles. De quand précisemment date cet ouvrage invraisemblable, qui a priori n'a été construit qu'à seule fin de supporter le passage des pélerins de Saint Jacques ?
Le chemin continue dans la garrigue. Petite pause pour reprendre mon souffle. Le sac pèse lourd : craignant la chaleur et la sécheresse, j'ai fait le plein d'eau, près de 5 litres, ce qui est idiot puisque je vais passer dans un village dans l'après-midi. Du coup, je dois bien porter près de 18 kg.
Une vipère s'échappe quasiment entre mes jambes. Elle ne me laisse pas le temps de la prendre en photo.
Je recommence à grimper, vers le point culminant de mon trek, le Mont Saint Baudille, 848 m.
Une bande de lycéens squatte la table d'orientation avec leur prof de géologie. Il leur détaille le paysage, le lac du Salagou et ses épanchements volcaniques.
Descente vers les causses.
La suite est un peu moins sympa. L'ancien chemin est coupé par des barbelés, les randonneurs sont déviés sur le chemin des VTT. Chemin large et poussiéreux, avec de part et d'autre une clôture électrique. Pas même moyen d'aller s'abriter quelques minutes sous un arbre. De l'autre côté de la clôture (mais qui est in qui est out ?), quelques ânes.
Ouf, finie la piste cyclable. Comme la végétation n'est pas très dense, je tente un petit raccourci hors sentier, saute 2-3 clôtures (pas électrifiées... elles me font peur), passe à côté d'une sympathique bergerie (Tédenat).
Et me voilà au village de la Vacquerie. J'ai une adresse, un vigneron, fournisseur et ami d'un copain marchand de vin. Un spot pour refaire de l'eau et heu..
Ben zut, il n'est pas là. Mais sa compagne, Géraldine me reçoit avec gentillesse. On écluse 2 godets chacun (appellation Terrasses du Larzac) et je reprends la route. La vache ! Sous le soleil, le vin n'est pas l'ami du randonneur... Je trimbale tant bien que mal mes 18 kgs vers le hameau de la Barre, au travers d'une route sans grand intérêt et c'est tant mieux car je n'aurais pas été en état de l'apprécier.
Re-voilà la garrigue, chuis crevé, je m'arrête avant de trop monter et que le terrain ne se prête plus au bivouac.
Gros dodo, pas de bruits de bête ce soir...
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Par lartisan le 17 Avril 2013 à 22:11
Je paresse un peu, au matin du 2ème jour, il est déjà 10h15 quand je démarre. J'arrive rapidement au hameau des Besses. "Les meilleurs agneaux du monde", m'a dit Géraldine. "Ce sont des amis, ils vous préteront un coin de pelouse pour planter la tente".
L'agneau des Besses
Producteurs d'agneaux
Béatrice Herrero
dir. St Maurice Navacelles
34520 Les Besses
Tél : 04 67 44 69 74 - 06 87 69 98 47Ben comme j'ai campé avant d'y arriver, et que je ne vais pas demander à goûter leur gigot, je ne m'arrête pas. Le chemin que je veux emprunter est au coin d'une maison, flanqué d'un portail et d'un panneau "chemin privé". Je n'ai pas tellement d'autre solution, alors j'y vais au culot, soulève le loquet, passe dignement sous les fenêtres et continue ma route à grands pas décidés.
Belle bergerie : Jasse Nove.
J'adore les fleurs vertes, pas vous ? Elles partent avec un handicap, en quelque sorte (sauf les vertes fluo, eh eh, comprenne qui pourra). Ça m'émeut. Sensitive kind...
J'ai envie de partir un peu à l'aventure, alors je lâche l'itinéraire que j'avais prévu après cette fermette et surtout ce joli abreuvoir proche du lieu-dit Viala.
Je m'enfonce dans la garrigue, passe à proximité d'une ruine, une ambiance à la Giono (il faut lire "Colline", son premier roman).
Mon hors-piste me rapproche peu à peu des Gorges.
Cette fois-ci je n'ai pas le choix, il faut me faufiler sous une cloture électrique (probablement désaffectée ; quelqu'un veut essayer ?) pour rejoindre le chemin qui descend dans un talweg vers Vissec.
Vissec ! Là où la Vis est à sec !
Je ne passe pas au village. J'ai décidé de faire le plein d'eau à la résurgence, sur la foi de ce que m'a dit Géraldine : la Vis serait potable jusqu'à Navacelles (nostagie de l'Islande où je m'abreuvais au premier torrent venu...).
Le chemin passe en terrasse en suivant les méandres secs puis descend lentement vers le fond des Gorges pour rejoindre le Moulin de la Foux où surgit enfin la Vis en bouillonnant.
Me revoilà chargé à bloc, je continue à suivre les méandres vers Navacelles.
Navacelles... Un petit tour pour admirer le pont médiéval.
La magie du site, c'est ce Cirque et sa colline centrale qu'a créé la Vis en coupant un méandre. Sur Google vous trouverez le célèbre point de vue depuis le belvédère du plateau sud. Mon chemin est moins spectaculaire, mais s'élève quand même un peu et permet une jolie photo depuis le bout du méandre suivant :
Le chemin s'est de nouveau élevé. Un peu plus bas, le canal d'alimentation de la centrale hydroélectrique de Madières suit les méandres, tantôt à ciel ouvert, tantôt en tunnel. (A droite sur la 2ème photo ci-dessous).
Il se fait tard, les épaules souffrent mais je me demande bien où je vais bivouaquer... Eboulis à droite, éboulis à gauche... Reste la possibilité d'étendre le matelas autogonflant directement sur le chemin. Je m'arrête un moment pour me reposer en bouquinant, puis je repars. Je me laisse jusqu' 19 heures.
Maintenant le chemin a rejoint le canal. Il s'est transformé en route carrossable, et toujours sans vraie possibilité de bivouaquer, hormis dans quelques élargissements peu attrayants car transformés en quasi-chantiers par le service d'entretien du canal.
Et puis voilà que le chemin se remet à descendre. Juste à l'heure de la popote, un bosquet et un replat apparaissent. Je m'enfonce de quelques mètres dans la végétation et installe la tente. Ouf !
Concert ce soir : deux chats-huants se répondent - houhou houuuuuu houhou, c'est magique.
Encore une de mes gentilles copines fleurs vertes pour finir.
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Par lartisan le 18 Avril 2013 à 22:05
Réveil à peine plus tôt qu'hier, départ vers 9h30.
En inspectant mon GPS, je me suis aperçu que j'étais rendu presque à mon point de sortie des Gorges, donc pas loin de St Maurice de Navacelles, où je vais faire le plein d'eau pour les 2 jours qui suivent. Ça m'ennuie, je vais ravitailler avant de déjeuner, près d'1/2 litre de perdu.
Très vite, effectivement, j'arrive à l'intersection et prends le chemin qui monte en lacets.
Progressivement je retrouve le paysage des causses.
Encore 20 minutes de marche et j'entre dans St Maurice. Sur la place du village, une fontaine d'eau potable en fonte à côté d'un banc. Je m'installe, enlève mes chaussures pour un agréable bain de pieds. J'aurais bien approfondi le bain, mais la présence des 2 villageoises qui m'observent de l'autre bout de la place me perturbe un peu...
Un balisage GR et une flèche "Rancas", parfait, c'est ma destination. A la sortie du village, un petit vieux me confirme : Rancas c'est par là, vous tournez à gauche et vous entrez dans les montagnes. Je range la carte et j'entre...
Le chemin rejoint une petite route goudronnée, détail du parcours que j'avais en tête. Par la droite, ça, ça aurait dû m'alerter ; puis à l'entrée d'un village, le chemin balisé part en contournement vers le nord-est. Peu à peu la végétation devient plus dense ; peut-être est-ce la différence entre le maquis et la garrigue ?
Je m'arrête pour déjeuner, installe succinctement la tente pour la faire bien sècher au soleil. Je repars. Toujours le soleil dans le dos, midi passé, ça m'intrigue, je suis moins sûr de moi, je ralentis, je stoppe. Coup d'oeil au GPS. Coordonnée 4851. Report sur la carte. Je suis 2,5 km plus au nord que prévu...
Grrr. Se perdre avec la carte et le GPS... Les balisages, c'est comme les (remplissez les pointillés) : jamais trop se (con)fier !
Conseil de guerre tout seul. Si je continue, je retrouve mon chemin (et ce fameux Rancas ; eh oui, y a 2 routes qui y mènent...), mais j'aurai 2 grosses heures de retard et je serai encore dans les hauteurs au moment du bivouac. Si je retourne au village (qui s'avère être le Mas de Gay), je rate la forêt et le Cirque de la Séranne. Le maquis est trop dense pour partir en hors-piste. Compromis : la carte indique un chemin non balisé qui va me rapprocher des crêtes au-dessus de la Séranne.
Demi-tour (c'est très irritant). Retour au Mas de Gay puis passage au Coulet.
Au moins le paysage reste magnifique.
Je passe à proximité de la mare du Goutal, accueilli par les coassements des grenouilles.
Restent 200 m de maquis à traverser (s'agit plutôt de s'extirper ; bonjour les coupures aux mollets et aux bras...) pour rejoindre le GR, puis le bord de la crête au-dessus du Cirque de la Séranne.
Avec tout ça, le temps a passé. Il faudrait commencer à penser au site de bivouac, mais je suis encore en plein plateau calcaire.
D'après la carte, je passe à proximité d'un menhir. Bon, je ne prends pas le temps de chercher. Plus loin, de nouveaux coassements me permettent de trouver deux beaux abreuvoirs taillés dans le calcaire.
Encore 1/2 heure et le chemin descend. Je passe à côté du Mas Aubert et un peu plus bas trouve un petit espace un peu plat et pas trop caillouteux où installer la tente.
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