• Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Holmsarlon

    Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l’herbe menue : rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

    Je laisserai le vent baigner ma tête nue ! Je ne parlerai pas, je ne penserai rien.

    Mais l’amour infini me montera dans l’âme, et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, par la Nature, — heureux comme avec une femme.

    Trop tôt pour ressentir la solitude, patience, ce sera pour plus tard ! La nuit a été froide ; il m'a fallu un moment avant de me rappeler ce principe de survie : réchauffer les extrémités. Avec la polaire enroulée autour des pieds, j'ai réussi à m'endormir.

    Ce froid, c'est plutôt bon signe (on se console comme on peut) et d'ailleurs ce matin, grand bleu ! Ne boudons pas notre plaisir. Petit déjeuner rapide, ablutions dans l'eau froide de la rivière.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Départ à 8 heures. Je remonte une large vallée, toute en vert et en brun-rouge.

    Sur le Strutivegur

    Je passe au refuge d'Alftavötn marquer mon nom sur le cahier – histoire qu’on puisse reconstituer mon itinéraire au cas où il faille me rechercher. Personne ? Je crie hello et un vague grognement me répond de l'étage. Oups, j'ai réveillé quelqu'un... Euh, je me sauve.

    Arrive une plaine à traverser et bien sur, rapidement, la rivière...

    Gué à Alftavatns-Krokur

    Pas de courant, eau claire, mais ça a l'air profond.

    Personne aux alentours ! Ni vune ni deux ni connu, j'enlève le bas et chausse les crocs. Je reste dans cette tenue à faire rougir les cygnes blancs (et pâlir les cygnes noirs) une bonne demi-heure, le temps de passer deux autres bras de la rivière.

    Voilà que je retrouve Eldgjá, la grande faille éruptive de l'an 934, dans sa partie sud.

    [Nb : Extrait de Wikipédia : Il s'agit d'une fissure explosive d'environ cinquante à soixante-dix kilomètres de longueur ; pendant environ six ans, Eldgjá a produit 19,5 km3 de lave qui ont recouvert une surface de plus de 780 km2. On estime qu'elle a produit plus de 200 millions de tonnes de dioxyde de soufre. Ces chiffres en font l'une des éruptions les plus importantes des temps historiques.]

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    La Syðriofæra traverse Eldgjá dans une magnifique cascade avec effets d'arc-en-ciel.

    Cascade de la Sydriofaera à Eldgja

    Plus loin, il est temps de faire une pause, les épaules souffrent en ce début de trek. Magnifique pique-nique au bord d'un ruisseau aux mousses fluorescentes ; fondue aux 4 fromages (et croutons) de chez MX3. Je ne suis pas pressé, alors je lézarde au soleil : quelques pages d'Irving pour accompagner la digestion.

    Mousses islandaises

    Tiens, un chien ? Avec un paquetage de secours sur le dos !?

    Un groupe de randonneurs passe à 100 m ; seul leur étrange infirmier m'a repéré. Un groupe de vététistes passe à son tour, dans mon sens cette fois-ci (on les retrouvera toute à l'heure). Eh bien, c'est l'heure d'affluence !

    Il est temps de repartir. Je longe une sorte de falaise, qu'il me faut garder à main gauche quasiment jusqu'à l'arrivée.

    Le chemin part au nord, mon GPS suggère le sud. Que faire ? Les cyclistes ont pris au nord, vers la vallée où serpente la Syðriofæra.

    Ofaerudalur

    Finalement peut-être ai-je l'esprit de contradiction, pas question de prendre la "piste cyclable" ! Tant pis pour le chemin, il fait beau !

    Ce n'était certainement pas la solution de facilité. Très vite me voilà à galérer à travers des ravinements et des névés.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Ça passe mais c'est un peu scabreux ; je suis récompensé par une magnifique vallée semée de gros blocs de lave qui ont dévalé de la falaise.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Je contourne la plaine d'Holmsarlon. Mon objectif, la source chaude de Strútslaug, est en vue. D'ailleurs les vététistes de tout à l'heure sont dans la piscine d'eau chaude (la « laugar »). Mais avant, un passage à gué. Il paraît que dans le temps il y avait un pont de bois mais ça fait quelques années qu'il a été emporté.

    Du sérieux : un torrent d'eau blanchâtre, gonflé par la fonte glaciaire de la journée, pas très large mais puissant - assez flippant. Perplexe… Par où traverser ?

    Le gué avant Strutslaug

    Un vététiste a la gentillesse de venir à mon secours ; il me fait signe d'avancer... tout droit ! Autrement dit n'importe où. Bon ben, quand faut y aller... Je me mets en tenue et je me lance. La vache, ça pousse fort. Ils ont dû en baver avec leurs vélos, j'imagine qu'ils ont fait la chaîne. Un appui à la fois, bâton gauche, pied droit etc. Ouf je suis de l'autre côté.

    Voilà la source d'eau chaude, avec notre ami Bamba.

    Jour 2 : Holaskjol - Strutslaug

    Eh eh, les cyclistes s'en vont. Ils me laissent la laugar pour moi seul ! Quelle chance.

    Je monte vite ma tente, je prends mon savon, Garp et, nu comme un ver, je m'allonge dans l'eau chaude. Je rentre assez facilement : ça ne doit pas dépasser 45 degrés. (C'est le souvenir que j'en ai, mais vu la photo - petit coup de retardateur - ça ne devait pas être si facile !)

    Bain à Strutslaug

    Une heure à me prélasser.

    Il est temps de dîner. Soupe aux tomates Royco, pâtes siciliennes aux olives (Travellunch) et mousse au chocolat (T. aussi).

    Quelle belle journée, mais j'ai bien peur que l'horoscope pour demain (comprenne qui peut) ne soit pas aussi bon ! Le temps se couvre.

    (Si vous êtes attentifs, vous repérerez la laugar de Strutslaug sur la photo ci-dessous, juste à l'aplomb de la tente ; l'eau chaude arrive par la rigole à gauche.)

    Bivouac de Strutslaug

    (Jour précédent) (Jour suivant)

     


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