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J7 Col de Rhêmes-Golette
En guise de digestif après ce tour des Alpes Grées, j'aurais pu grimper au sommet de la Grande Sassière. C'est le plus haut sommet français accessible au randonneur - quand les congères ont disparues, en août ou septembre, donc. 3700 m et des poussières. Pas mal ! Une belle bavante, quand même. Je me sens trop fatigué, il me paraît plus raisonnable de viser le glacier de Rhêmes-Golette.
Je contourne rapidement le lac de la Sassière, direction le fond de la vallée.
Le chemin est ponctué de touffes d'edelweiss, obligeamment mises en évidence dans des cercles de pierre.
Idée sympathique, je trouve, avec le double avantage, il me semble, d'éviter le piétinement intempestif et de provoquer le respect (et donc de bloquer le geste du cueillage). Le sentier s'élève au-dessus du lac de la Sassière.
Va, encore de l'edelweiss !
Le glacier de Rhêmes-Golette en vue !
Perso, je ne le connaissais pas, mais il paraît qu'il a particulièrement morflé dans la dernière décennie. Bref, si tu veux en profiter, dépêche-toi... Je commence à être bien haut. Le chemin dit "officiel" s'interrompt. Un panneau l'indique clairement : au-delà, moraine et glace, pas de balisage.
La Grande Motte et la Grande Casse (point culminant de la Vanoise) se détachent nettement.
En fait le chemin reste aisé jusqu'à proximité même du front de glace.
Je me demandais si j'oserais prendre pied sur la glace. A gauche (droite orographique), il y a un peu trop de pente. Je traverse le torrent de la Sassière à gué ; de bonne heure il est encore peu puissant. De l'autre côté, un mamelon de pierres et de névé permet de dominer les lacs de fonte au pied des glaciers.
A droite, le glacier de Rhêmes-Golette qui dévale du col éponyme.
A droite de la pointe de la Golette, le col de la Tsanteleina.
Encore plus à droite, la Tsanteleina. Je descend jusqu'au bord du lac de Rhêmes-Golette.
C'est ici qu'il y a le moins de pente pour atteindre la glace. Comme le glacier de Rhêmes-Golette ne me semble pas si raide, au moins dans sa partie basse, je me décide à chausser les crampons légers - c'est la première fois qu'ils quittent le sac à dos, après m'avoir accompagné sur bien des kilomètres, sur plusieurs saisons !
Toujours la Tsanteleina au-dessus des lacs (admire la différence de couleur entre celui du fond, qui ne reçoit pas les eaux de fonte limoneuses et ceux de devant), toujours la Grande Motte et la Grande Casse au fond vers Pralognan.
Plus haut, le glacier se redresse un peu. Je fais une courbe vers la droite puis retour sur la gauche pour amoindrir la raideur. Ce serait vraiment limite sans crampons. (Au-delà de la limite, en fait, mais bon, en cas de glissade on aurait largement la possibilité d'enrayer la chute avant de faire plouf dans le lac.) En approche du col, la neige recouvre la glace vive. Pas trace de crevasses, cependant, côté français.
Me voilà donc au col de Rhêmes-Golette. 3102 m. Point culminant de mon trek.
Le panorama côté italien est assez décevant. Il faudrait descendre un peu le glacier de la Golette, longer la Granta Parei. Mais côté italien la neige recouvre tout et je ne sais pas du tout s'il y a des crevasses dessous : je ne prends pas le risque. Il y aurait aussi moyen de prendre sur pied sur l'arête de la pointe Traversière, mais ça implique encore 200 m d'escalade.
Je m'avise que je ne suis qu'à un kilomètre du col de Bassac Déré où j'avais tant galéré il y a trois jours. Et plus haut. J'ai dit que je ressentais la fatigue, mais j'ai maintenant une hématocrite digne de Marco Pantani (le Pirate au bandana, la photo du col de la Lose :-), ça produit un effet de dingue !
Bref, il n'y a plus qu'à redescendre le glacier de Rhêmes-Golette, face à la pente, en prenant son temps, en posant bien les crampons à plat, en jouant bien des bâtons.
Forcément, le panorama est le même - mais je ne m'en lasse pas. Tsanteleina.
Grande Motte, Grande Casse, lacs de Rhêmes-Golette, lac de la Sassière.
Comment ça, c'est la même photo que tout à l'heure ? (Lac de Rhêmes-Golette.)
Et ça dégringole. Rhâ, encore des edelweiss. Je fabrique leur petit écrin de caillasses.
Plus loin une autre variété, spécialement pâle, aux folioles étroits et allongés, que je trouve particulièrement belle.
(Il existe, en russe, un mot sans équivalent français qui traduit la tendresse qui perdure, après que la passion amoureuse s'est éteinte. Il faudra que je le retrouve, ça me vient de Sylvain Tesson il me semble. Dans le langage des fleurs, l'edelweiss est le symbole des amours passées.)
Bref. Retour au lac de la Sassière, retour au Saut. Et voilà.
Tags : Tsanteleina
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