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Par lartisan le 20 Septembre 2019 à 18:01
Ça piaille et ça court dans tous les sens encore ce matin mais en tout cas, moi j'ai dormi comme un bébé... Bon je traîne pas, c'est samedi et le refuge de l'Arpont, ce soir, est en période hors gardiennage, je veux y arriver de bonne heure.
Les lacs d'Aussois, Plan d'Amont et Plan d'Aval, sont encore à l'ombre tandis que je les contourne.
Derrière moi, en plein soleil, la Pointe de l’Échelle (à droite) et le Rateau d'Aussois, que j'aurai donc raté. Grr. Mais je vais me rattraper...
Et au nord, la Pointe de Labby et la Dent Parrachée, à contourner.
Je traverse rapidement le domaine de la station de ski d'Aussois.
L'attraction du coin, la Pierre du Diable...
Les habitants d'Aussois étaient très pieux, le Diable désespérait... Il lui vint une idée pour se débarrasser d'eux définitivement : détruire l'église le dimanche en plein office et tous les dégommer d'un coup. Strike... Il repéra, du côté de la Fournache, un énorme rocher qu'il pourrait précipiter vers le village. Mais alors qu'il s’apprêtait à réaliser son funeste forfait, quatre lièvres apparurent, s'emparèrent de la pierre et la laissèrent retomber sur place en écrasant le Diable...
Un peu plus au nord, le chemin remonte un ravin puis repart en traversée, dans un paysage digne des Dolomites ou du col de l'Izoard.
Au loin au sud, apparaissent tous les grands sommets de l'Oisans (où il faudra que je retourne ! Pas mis les pieds depuis bien 15 ans...) : le Pelvoux, l'Ailefroide, la Barre des Écrins, et même la Meije, à droite !
Toujours ce paysage tourmenté, ruiniforme, de cargneules, le cirque de la Turra.
Cargneules... Ah ah j'aime ce mot. Kaarrr-gneûûû-le. Si ça se trouve ç'en est même pas. Edit : ç'en est ! C'que c'est que de faire de longues études...
Un long moment, le chemin va rester quasi à l'horizontal, autour des 2300-2400 m d'altitude, dans les prairies jaunies par cette fin d'été et les pierriers de dolomie.
Et je remonte comme ça toute la haute Maurienne... Je m'écarte un moment du chemin pour prendre une photo de la vallée depuis un petit sommet surmonté d'une croix, la Loza.
Depuis un moment j'observe le ballet des vautours, au-dessus de ma tête.
J'arrive enfin à les shooter, ce qui me permettra, au retour, de les identifier, car je ne connais pas grand chose à ce genre d'oiseaux, quasi inconnus dans les Alpes il y a encore 20 ans. Donc... des vautours fauves.
"Ne comprends-tu pas que le moindre oiseau qui fend l'air est un immense monde de délices fermé à tes cinq sens ?" William Blake. Encore une phrase recopiée de La panthère des neiges. Pour le coup, on peut parler d'Altérité. La vision d'un rapace n'a rien à voir avec la nôtre, son acuité, sa perception du relief, des mouvements, des couleurs. Un autre monde...
Toujours la Dent Parrachée, à main gauche.
Et de l'autre côté de la Maurienne, le Gand Roc Noir.
Mais voilà qu'apparaissent enfin les Glaciers de la Vanoise, avec le Dôme de l'Arpont...
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Par lartisan le 20 Septembre 2019 à 19:21
Je lâche la Dent Parrachée...
En-dessous, la vallée s'est transformée en gorges, terrain d'aventure pour canyonistes, tandis qu'apparaît une montagne qu'on va voir souvent par la suite, le point culminant de la Vanoise : la Grande Casse.
Une belle chute d'eau, la cascade de Thibaud, qui descend directement du lac de l'Arpont.
J'en profite pour quelques ablutions et lessives dans le ruisseau de Thibaud.
Le Dôme de Chasseforêt.
Et nouveaux survols de vautours fauves.
Un mouton bravache me défie...
Il reste une petite pente à remonter pour rejoindre le refuge de l'Arpont. Apparemment, il n'y a pas grand monde autour ; les volets semblent clos.
Et effectivement personne. La grande terrasse du refuge de l'Arpont est totalement désertée...
D'après mon GPS : 18,3 km, +1450 m, - 1630 m.
Mais la journée n'est pas finie : il n'est que 15 heures.
J'inspecte les lieux... Une salle hors-sac, j'ouvre les volets. Deux grands dortoirs où bourdonnent des volutes de mouches, j'ouvre les fenêtres.
Une grosse demi-heure de pause et je repars à l’assaut des glaciers :).
Un chemin plutôt bien tracé remonte la crête d'une vieille moraine. Problème : elle est investie par un troupeau de moutons...
Et surtout par un patou vindicatif. C'est son métier, il y a des loups en Vanoise. Je m'assieds sur un rocher, prends le temps de bavarder avec lui, il gronde et aboie alternativement. Je décide de lui tourner le dos. En attendant qu'il se calme, je prends quelques photos de fleurs.
Quand je me retourne, cinq minutes plus tard, il s'est éloigné. Je peux reprendre mon ascension. Après la moraine, la trace part à l'horizontal vers la gauche. Puis se perd au niveau d'un petit couloir pierreux qui aboutit à un petit lac.
Et plus haut c'est le grand choc émotionnel. Digne de ce que j'ai ressenti à Sveinsgil ou à Rauðibotn. Le lac de l'Arpont...
Avec encore la Dent Parrachée en reflets. Le contre-jour abîme un peu mes photos, ça ne rend qu'à moitié l'indicible (et d'ailleurs je ne m'y risque pas) beauté du spot.
Le lac de l'Arpont, toujours, avec le glacier de l'Arpont en reflets, cette fois-ci...
Je suis le bord du lac vers le sud.
Et va pour une dernière : toujours le lac de l'Arpont, toujours le glacier de l'Arpont, à l'exutoire du ruisseau de Thibaud.
Bon ben faut bien redescendre. La beauté plein la tête, l'envie de partager, le désir de revenir demain au lever du soleil...
Je reviens sur mes pas. J'anticipe ma nouvelle rencontre avec le patou. Je peaufine une petite chanson pour l'amadouer. Ça fait à peu près ça :
Oh patou, pas touche,
Patatou, pas touche,
Pâtes à tout du vendredi, pas touche,
Pâtes à tout du mercredi, pas touche,
Celles du mardi, celles du jeudi, pas touche,
Quant au samedi c'est jour de riz, pas touche,
Du coup dimanche y a rien du tout... C'est tout.Oh patou, pas touche,
Patatou, pas touche,
Etc...Efficacité garantie sur facture... En fait, j'arrive au refuge juste en même temps qu'un couple de randonneurs. Le patou s'en va les embêter, et j'en profite pour contourner le refuge tranquillement dans l'autre sens.
Au final, on sera 5 randonneurs au refuge de l'Arpont, cette nuit. Un dortoir pour moi tout seul.
(Jour précédent) (Jour suivant)
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Par lartisan le 21 Septembre 2019 à 21:43
Lever du jour sur la Dent Parrachée...
Vais-je retourner au lac d'Arpont ? Ce serait spectaculaire, au soleil levant, mais j'ai d'autres projets tout aussi fascinants pour aujourd'hui, du hors-sentier, de l'ascension, de l'orientation... De l'aventure ! Dans un premier temps, il me faut continuer de longer la montagne vers le nord en suivant le GR5.
En face, de l'autre côté de la vallée, tout est encore dans l'ombre, avec la tache de mercure du lac Blanc, et plus loin les nuages sur le lac du Mont-Cenis.
J'aperçois une petite harde de chamois. Ils ne se laissent pas approcher. Je mets la photo quand même... (le Dôme de Chasseforêt en arrière-plan).
Les chamois sont bien farouches. Eux sont toujours chassés (hors du parc bien entendu), quand les bouquetins sont intégralement protégés. Et puis il y a le loup, dont ils sont une proie désignée. Les bouquetins, plus imposants et plus agiles en même temps, ont moins à craindre du prédateur.
Je quitte le chemin quelques minutes, pour rejoindre une crête, au-dessus du plan de Gressan, d'où je peux photographier en panorama les montagnes, du Dôme de Chasseforêt à la Grande Motte.
Un gros plan sur la Grande Motte et la Pointe de la Sana.
Et au sud-ouest, les glaciers, sous le Dôme de Chasseforêt.
Descente le long du ruisseau de la Letta, passage d'une petite crête - une ancienne moraine du glacier de Pelve du temps de sa splendeur. Pause pour faire le point avant le début du hors-piste. L'excitation monte, je vais m'enfoncer dans la vallée cachée au pied du Mont Pelve.
Je remonte le torrent, en restant en rive droite (orographique), jusqu'en haut de la cascade.
Je traverse, en-dessous d'autres cascades, sous la Roche Ferran.
Et me voilà dans l'axe de la vallée cachée...
Est-ce qu'on peut traduire par des mots la lente montée de, de quoi d'ailleurs ? L'ivresse de l'altitude (sous le ciel bleu qui s'assombrit, on s'imagine astronaute) ; la plénitude de la solitude (dans le bon sens de celle-ci : être intégralement maître de ses choix) ; l'exaltation de la beauté. Au moins celle-ci je peux essayer de la traduire en photos. Je mitraille...
Le cristal ciselé d'étain du Dôme de Chasseforêt.
L'émeraude veinée d'onyx du vallon sous la Roche Ferran.
La dentelle du voile de mariée qui descend du lac de la Roche Ferran.
En apothéose, le saphir ultramarin du lac du Pelve où se reflète le Dôme de Chasseforêt.
Encore (là je rame un peu...), l'ambre safrané du Mont Pelve.
Encore, encore. L'améthystique touche de rose (réglementaire).
Après le lac du Pelve, un étrange goulet sous une falaise de brèche permet de continuer vers le fond du vallon.
Quoiqu'il en soit, la suite de l'itinéraire ne passe pas par là...
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