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Glaciers de la Vanoise 2019
"Voici l'Espace, voici l'air pur, voici le silence. Le royaume des aurores intactes et des bêtes naïves. Ici commence le Pays de la Liberté."
Samivel
Où vibreront les roches et les glaces,
Où poseront les bêtes et les fleurs,
Où l'on s'ancrera, la tête dans les nues.
Où l'on s'évadera, les pieds dans les nouesHeu, bon, le tour des Glaciers de la Vanoise, par le Ravin Noir et la Pointe de la Réchasse. Environ 85 km et 7000 m de dénivelé en comptant quelques détours et escapades de fins de journée.
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Par lartisan le 18 Septembre 2019 à 22:11
La mise en jambe après les dix longues heures de voiture (bonjour le bilan carbone...). Je me suis garé au bout de la route, au sud de Pralognan, un peu avant le Pont de la Pêche.
Il s'agit juste de parcourir les 7 km jusqu'au refuge de Péclet-Polset, en longeant le Doron de Chavière. Le ciel est un peu encombré, laissant peu d'aperçus vers les sommets. Un peu de glaces, quand même, probablement un bout du glacier du Génépy ou peut-être du glacier de Rosoire.
Les glaciers sont le fil rouge et le prétexte de cette rando. Ils forment, dans cette partie de la Vanoise, ce qui ressemble le plus, en France, à un petit inlandsis. Inlandsis fossile, de 11 km sur 4 (au plus large), dont je ferai le tour avec, si tout va bien, quelques incursions sur ses flancs voire ses sommets...
La Pointe Ariande.
Si j'avais pu arriver le matin, j'en aurai programmé le tour avant de rejoindre le refuge. Il y a apparemment une jolie balade hors-piste possible, par le col du Génépy.
Le soir tombant, les marmottes, très nombreuses en Vanoise, sont de sortie, et peu farouches.
Le ciel se dégage un moment, le temps d'observer la Pointe de l’Échelle.
Et voilà qu'apparaît mon point de chute de ce soir, le refuge de Péclet-Polset.
Aujourd'hui d'après mon GPS, 7,7 km, +740 m. Impatient d'être à demain.
Le refuge de Péclet-Polset est encore ouvert (c'est sa dernière semaine de l'été, je crois). On n'est pas nombreux (8 clients). Mes voisins dégustent des crozets aux lardons, tandis que je réchauffe un lyophilisé. Pas bégueule, le gardien m'inclut dans la tournée de génépi. Fameux.
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Par lartisan le 19 Septembre 2019 à 21:21
Grand bleu ; à l'ouest du refuge de Péclet-Polset, le Dôme de Polset au soleil matinal...
En fait, il n'y aura pas beaucoup de glaces aujourd'hui : mon tour des glaciers de la Vanoise "à moi" déborde au sud au-delà de la Pointe de l’Échelle, afin d'intégrer quelques passages hors sentiers un peu sympas. Au lieu de traverser par le col d'Aussois, je remonte vers le col de Chavière.
Au nord, Pralognan est sous une splendide mer de nuages.
Sous le col de Chavière, le Plan des Cairns...
Le phénomène ne doit pas être récent, puisqu'il a même intégré la toponymie de l'IGN. Il paraît que c'est devenu la mode, en bord de mer, de fabriquer ces "apachetas", avec l'inconvénient de déplacer les galets et de détruire la faune qui vit dessous. Moins de risque ici, ce ne sont pas les cailloux qui manquent !
A 2600 m, il a givré cette nuit ; il en reste des traces sur les fleurs et dans les creux.
Arrivée au col de Chavière, 2796 m.
Large panorama, du col de Chavière, avec les sommets de l'Oisans, le Pelvoux et surtout la belle face nord-ouest de la Barre des Écrins.
Je dévale le col de Chavière côté Maurienne.
Paysage lunaire ponctué de cônes de dissolution blanchâtres. Je bifurque vers le lac de la Partie.
J'aurais pu le laisser à main droite, mais il vaut bien que j'en fasse le tour !
Allez ! Encore une photo du lac de la Partie, avec le col de Chavière en arrière-plan.
J'ai donc quitté le chemin pour remonter au jugé le Ravin Noir. J'essaye de trouver l’itinéraire le moins fatigant, d'éviter les accumulations de gros blocs, qu'il faut sauter ou contourner, ce qui bouffe pas mal d'énergie.
Pour cela, je reste au plus près de la falaise nord, dans une zone plus enherbée. De temps en temps je tombe sur un cairn ou une vague trace. A vrai dire, tous les itinéraires se valent...
Je monte péniblement. Le génépi d'hier - à moins que ce soit juste l'altitude - m'a provoqué une grosse migraine nocturne et maintenant je paye ma nuit sans sommeil. Pendant ce temps, des nuages de condensation sont apparu et cachent l'Aiguille de Polset.
Le haut du Ravin Noir est un vaste éboulis. Je me rapproche de la crête. Pas évident ; il semble qu'il y ait plusieurs points bas quasiment de niveau sur environ 200 m. Il s'agit pourtant d'atteindre la crête au bon endroit, là où la descente côté est sera possible. Heureusement, dans les derniers moments de la montée, une trace bien marqué apparaît, montant en diagonale vers le sud.
Voilà donc le col du Ravin Noir, 2940 m.
Juste à l'heure du déjeuner.
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Par lartisan le 19 Septembre 2019 à 21:32
Inspection du versant est du col du Ravin Noir : une ravine austère, surmontée par le Rateau d'Aussois, un 3000 que j'avais mis à mon programme, mais vu ma fatigue, il n'y aura pas moyen. De toute façon pas de visi.
Pendant que mon lyophilisé se réhydrate, le ciel se découvre un peu à l'ouest du Ravin Noir, au-dessus de l'Aiguille de Polset.
Le massif de Péclet-Polset en panorama, de la Pointe Rénod à l'Aiguille de Polset.
Je redescends à l'est du col du Ravin Noir. Les premiers mètres sont délicats, dans un éboulis de schistouille assez raide qu'il faut traverser en diagonale vers le nord. La photo ci-dessous illustre bien le passage.
Les bâtons sont bien utiles dans ce type de terrain. Je me tue à le répéter, c'est un équipement indispensable. Ils stabilisent le corps, réduisant beaucoup l'énergie dépensée à gainer, ils amortissent les descentes, font participer les épaules à l'effort en montée ; je passe sur leur usage en traversée de gué.
Ma route vers le col de la Masse me mène droit vers une petite harde de bouquetins.
Quelques étagnes et cabris.
Me voilà dans l'axe du vallon de la Masse.
D'où je rejoins péniblement le col de la Masse. Une vue de la traversée depuis le col du Ravin Noir.
Au nord, c'est la Dent Parrachée, extrémité sud des Glaciers de la Vanoise. Le refuge de ce soir est quelque part dans les alpages en-dessous.
Il y a donc une longue descente dans les pentes herbeuses. Nouveau groupe de bouquetins.
"Le face à face avec l'animal, c'est la véritable expérience de l'Altérité" écrit Sylvain Tesson dans La Panthère des neiges. Je ne sais pas si j'adhère à cette phrase, personnellement. Me demande si je ne me sens pas plus Autre à un cocktail, disons. Ou à un match de foot.
La vallée à main droite, c'est la haute Maurienne. Je n'arrive pas à mettre un nom sur les sommets, vers le Mont-Cenis.
Il a fallu que je descende au fond de la vallée, le Fond d'Aussois. Cote 2215 m au pont de Sétéria.
300 m à remonter pour rejoindre le refuge de la Dent Parrachée.
Je n'en peux plus, je m'arrête tous les 100 mètres. Bah, j'ai tout mon temps...
A 18 heures, je suis au refuge, une demi-heure avant l'heure du dîner. Aujourd'hui d'après mon GPS, 13,2 km, +1290 m, -1240 m.
Riz, oignons et diots (saucisse en savoyard, au cas où tu l'ignorais - mais tu le savais, bien sûr). Me rappelle plus ce qu'il y a eu en entrée ; de la salade verte, ça j'en suis sûr, vu que je me suis donné du mal à la mélanger pour toute la tablée. En dessert, tarte fine aux pommes et sa glace vanille ; moins la glace.
Et la tournée de génépi du gardien, évidemment. Échaudé par ma dernière nuit, je me contente tristement d'y tremper les lèvres (elle est plus goûteuse que celle de Péclet-Polset) et refourgue mon verre à mes voisins ravis de l'aubaine.
Il y a toute une troupe de gamins d'une 6ème de Montmélian en journée d'intégration, ils font un boucan d'enfer, mais à l'heure du couvre-feu, tout le monde au lit sans discussion.
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