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Par lartisan le 1 Novembre 2012 à 17:47
Des deux grands canyons de la réserve du Mont-Perdu, lequel est le plus beau ? Question de goût ! Celui d’Ordesa est plus ouvert, donne de magnifiques points de vue sur le Mont-Perdu. Celui d’Anisclo est plus austère, impressionne par ses dimensions – étroit, avec des parois de plus de 1000 m. Il est aussi plus difficile d’accès et plus long.
Je l’ai parcouru après avoir laissé la voiture à son entrée, pas loin de l’ermitage de San Urbez.
Que dire du chemin ? Il est simple et direct, alors on va laisser parler les photos.
Il remonte le torrent par sa rive droite orographique, sans difficulté particulière, hormis sa longueur. On a droit au spectacle aquatique du rio Bellos, aux envolées des falaises.
Un peu plus haut on passe en rive gauche.
Quelques aperçus vers les sommets et on approche de la Fuen Blanca (la fontaine blanche, je suppose), source qui émerge en cascade dans la falaise.
Je préconise de parcourir le canyon en entier : il faudrait continuer jusqu’au fond. Il y a moyen de rejoindre une faja (cheminement quasi horizontal entre deux barres rocheuses, équivalent des sangles de Chartreuse) qui ramène vers le refuge de Goriz en passant au pied du Soum de Ramond. Très bel itinéraire, mais que je connais déjà, alors je préfère remonter à gauche le barranco de Arrabla.
On passe sous le Mont-Perdu.
La Torre de Goriz :
Et voilà qu’on bascule sur la vallée d’Ordesa et le Circo de Goriz.
Le refuge de Goriz est proche ; on pourra y passer la nuit, et continuer vers d’autres aventures : canyon d’Ordesa, sommets du Mont-Perdu ou du Cylindre du Marboré, chemin vers la Brèche de Rolland. Quel terrain de jeu !
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Par lartisan le 30 Octobre 2012 à 20:26
La vallée d’Aguas Tuertas... un vrai coup de coeur pour moi ! J’étais allé m’installer au bout de la vallée d’Aspe, pour compléter ma randonnée au Pic d’Anie, et je ne m’attendais pas à une telle beauté.
J'arrive, donc, de la Pierre Saint Martin. Comme point de chute je choisis la cascade d’Espelunguère, au-dessus des Forges d'Abel, où je pourrai dormir dans la voiture. La cascade est trop forte pour se baigner carrément dessous. Des vasques, un peu plus bas, permettent de se baigner sans déranger/choquer les randonneurs.
1er jour : le Pic d’Aillary. Il y a du brouillard tandis que je prends la direction du refuge d’Arlet, mais très vite je passe au-dessus de la mer de nuages.
Dans mon dos, le Pic du Midi d’Ossau :
Vers les cabanes de Gourgue Sec, une source providentielle me permet de faire le plein (je manque d’eau potable à mon bivouac dans ma voiture !). Le paysage est très coloré, du gris au mauve.
Et voilà mon objectif du jour, le Pic d’Aillary.
Du col d’Arlet, c'est la découverte de cette superbe vallée d’Aguas Tuertas, avec en arrière-plan la Sierra de Bernera à l’est et le Castillo de Acher à l’ouest.
Tandis que je dévale hors sentier vers le Rio Aragon Subordan, je tombe à plusieurs reprises sur des tas d’os (d’isards, de moutons ?), probablement le garde-manger des vautours ou des gypaètes. Il paraît qu'il y a encore un ours dans le coin, mais ne fantasmons pas (quelle rencontre ce serait !), je suppose qu’il ne s’aventure pas au-dessus de la forêt.
Je rejoins la vallée d’Aspe par l’escalé d’Aigue Torte.
2ème jour : le lac d’Estaens (ibon de Astanes). Toujours de la cascade d’Espélunguère, je pars cette fois-ci v ers le haut de la vallée d’Aspe. Aux cabanes d’Escouret, nouvelle source où faire le plein.
Je rejoins une nouvelle fois la vallée d’Aguas Tuertas, par en haut, sous la Sierra de Bernera.
Les montagnes sont magnifiques. Toujours ces couleurs, et ces formes complexes qu'on ne trouve que dans les massifs calcaires. Petite cascade pas trop puissante, sous laquelle il y a moyen de se baigner.
Le Pico Liobilla et la Cupula de Secus :
Je contourne par le sud l’ibon de Astanes.
Quel contraste de couleurs !
Et comme hier, je retourne à la voiture par l’escalé d’Aigue Torte.
Alors, fort de cette expérience, voilà la splendide (et facile) boucle que je vous suggère sur 2 jours. Le 1er jour, laissez votre voiture vers Sansanet, pas loin du Somport et longez tranquillement les montagnes côté français jusqu’au refuge d’Arlet. Vous y passerez la nuit ; profitez de la soirée pour un petit tour au sommet du Pic d’Aillary. Le 2ème jour, basculez côté espagnol via le col d’Arlet et remontez la vallée d’Aguas Tuertas. Vous passerez au lac d’Estaens et rejoindrez ensuite votre véhicule. Plaisir garanti sous le soleil.
Une autre rando pyrénéenne ? c'est ici !
Neuf ans après, il a fallu que j'y retourne, tellement cette randonnée m'avait marqué, pour un tour complet de la sierra de Bernera, récit et photos ici !
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Par lartisan le 3 Octobre 2012 à 22:50
Ma "ballade" de val Louron en val d'Astau : elle mérite d'être contée !
Très ambitieuse au départ : il s’agissait de passer en Espagne depuis le fond du Val Louron, via le lac du Portillon, de monter au Posets (3371 m quand même…) et retour par le Port de Pez… Bon on ne fait pas toujours ce qu’on veut.
Il faut dire que je pars fin septembre et que la veille de mon départ… il neige !
Après une bonne journée de voiture, je laisse celle-ci à côté de la centrale électrique du Pont du Prat, et je prends la route du refuge de la Soula par les gorges de la Clarabide. De la neige, il y en a, mais juste quelques centimètres, ça embellit bien le paysage !
(J'y suis repassé, en 2013, et j'ai pris quasiment la même photo, sans la neige.)
Au refuge, je suis le seul client – et le dernier pour la saison. La gardienne me dit qu’elle a tenté de m’appeler pour s’assurer que je venais – compte-tenu de la météo. Quant à elle, dès mon départ demain matin, elle boucle le refuge pour l’hiver et rejoint son mari qui vient de tuer le cochon…
Départ dès 8 heures, le lendemain. Je m’attends à galérer un peu, et le jour est court, il faut prendre une marge de sécurité ! Derrière moi, le Bachimala est bien enneigé.
J’arrive au lac de Caillauas sans difficulté, il y a peut-être, quoi, 15 cm de neige. En tout cas quel spectacle !
C’est là que le destin m’attend… ;-)
A partir de là, plus de chemin marqué. La route est évidente, il fait grand beau, mais cheminer dans la caillasse avec 20 cm de neige, c’est… problématique ! A chaque pas, la foulure guette, il faut sauter de rocher en rocher, ou sonder la neige avec les bâtons. Le temps passe… Voilà le lac des Isclots.
On est à 2400 m, et la neige se fait plus épaisse – mais c’est de la fraîche, le pied passe toujours au travers et il faut donc toujours avancer avec prudence… Un peu plus haut, le Col des Gourgs Blancs, mon 1er objectif.
Quand je bascule vers le Portillon, il n’est pas loin de 18 heures, la nuit ne va plus tarder. Trop tard pour faire demi-tour.
Il n’y aura plus de photo pour aujourd’hui. Avant de redescendre vers le refuge, il faut traverser le (la ?) Seil de la Baque, une dépression à 2800-2900 m. La neige s’est accumulée en congères, j’enfonce sur près d’un mètre…
J’entrevois le lac du Portillon (le refuge est en principe juste en contrebas du lac) et puis la nuit est là, je continue à la frontale. J’ai pointé le refuge au GPS sur la carte IGN, ça va le faire ! Il y a une série de cairns qui montent vers le nord, je la suis un moment. Mon pantalon s’est peu à peu trempé, puis gelé, c’est comme si j’avais 2 tubes de PVC autour des jambes…
Me voilà trop au nord, je laisse les cairns et au jugé je débaroule des petites pentes vers l’est en me laissant glisser dans la neige. Je ne sens plus mes pieds, ni mes mains. Je m’écorche les doigts sur des rochers sans même m’en rendre compte.
21h30, me voilà sur mon point GPS. Pas de refuge ? Je cherche dans la nuit, rien.
Je n’aurai pas vraiment le temps de gamberger, d’envisager la nuit à la belle étoile par moins 10°… Un sifflement ! A peut-être 300 m au sud, quelqu’un m’a repéré depuis le refuge (qui est bien loin du point indiqué sur la carte…). Coup de chance, il est sorti fumer une dernière clope avant de se coucher et il a repéré ma frontale ! Il me guide de la voix et il est 22h30 quand je m’écroule dans le refuge, où ce sont donc 2 alpinistes qui me prennent en charge, m’aident à m’installer et me font la popote.
Qu’ils en soient remercié, car je ne les reverrai pas : ils m’ont bordé dans le dortoir et quand j’émerge le lendemain, ils sont partis.
Je suis psychologiquement HS, incapable de reprendre mon parcours initial – sans parler de la neige. Alors je descends.
Je passe le lac Saussat, le lac d’Espingo. J’envisage de m’arrêter au refuge d’Espingo, mais il est quand même bien tôt. La gardienne m’informe qu’il y a un gîte aux Granges d’Astau : je reprends la descente.
C’est à peine midi, mais je m’installe – seul, allume le feu dans la cheminée pour réchauffer le grand gîte.
J’ai trouvé un chemin pour retourner vers le val Louron : le col du Couret d’Esquierry. 2131 m : je ne serai pas gêné par la neige.
Le lendemain, donc, ça va mieux, je reprends la route de bonne heure.
Arrivé au Couret d’Esquierry je repère quelques animaux qui broutent un peu plus haut vers le Montségu. Je les prends pour des isards bien sûr, jusqu’à entendre les grondements qui retentissent dans le vallon (le val d’Aube) après le col : on est en plein brâme du cerf ! Je retrouve un mâle avec un (petit !) harem de 2 biches un peu plus loin.
La descente continue dans le val d’Aube et je rejoins la route puis ma voiture. Fin de l'histoire...
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