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Puy de Dôme - Sancy 2020
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Par lartisan le 16 Mars 2020 à 14:56
En gare de Clermont-Ferrand, j'attends mon train. On est le 16 mars 2020. Hier (ou était-ce avant-hier ?), le gouvernement a fait fermer les bars et les restaurants.
Des préposés, armés de ruban, de scotch et d'affichettes, font le tour des espaces ouverts : ils ont pour mission "de faire respecter les dernières directives nationales" : la distanciation d'un mètre. Comme ils sont sur le point de bloquer quasiment tous les sièges, je leur suggère de n'en interdire qu'un sur deux.
Ils condamnent les toilettes. Comment faire ? se lamente une dame. Vous ferez dans le train, lui est-il répondu. Un voyageur maladroit laisse tomber son kitkat par terre. Il le pousse du pied jusqu'à côté de la poubelle.
Dans le train je suis tout seul. Peut-être y a-t-il du monde dans l'autre wagon ?
Il est 17h30, je descends en gare de Volvic. En fait, la gare est en pleine nature. Un kilomètre le long de la D90 et me voilà sur le GR 441.
Il bruine un peu. Mais en principe, ça devient ensoleillé dès demain. Jolie forêt de bouleaux.
J’avais prévu d'avancer jusqu'au Puy de Jume, mais je n'avais pas conscience de la précocité du coucher du soleil - 18h40. Pas l'habitude de me lancer sur un trek en hiver ! Je n'en suis qu'au Puy de la Nugère quand je me rends compte qu'il est déjà temps de chercher un lieu de bivouac !
Dans la descente après le passage dans le cratère égueulé et boisé de la Nugère, je m'écarte un peu dans les bois et monte la tente. Terre meuble, les sardines tiennent mal mais il n'y a pas de vent. Trop tard pour prendre en photo le bivouac.
4,7 km, +300 m, -100 m.
Un chevreuil aboie tout proche, il contourne ma tente. Ce serait impressionnant si je ne connaissais pas depuis mon trek dans le Vercors. Ça ressemble quand même sacrément aux aboiements d'un chien - sauf que ça fait plus "aah" que "ouah".
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Par lartisan le 17 Mars 2020 à 21:24
Un bon paquet de puys au programme aujourd'hui ! Mais d'abord essuyer la tente, trempée par la condensation, car il n'y a pas eu un poil de vent pendant la nuit.
Le premier de ces puys, avec un cratère de facture classique : le Puy de Jume.
Immédiatement suivi du Puy de la Coquille, cratère boisé, peu distinct, d'où j'ai les premiers points de vue sur le Puy de Dôme.
Les Puy de Clermont et Puy Chopine sont shuntés.
Car il me faut me réapprovisionner en eau, et j'ai donc quitté le GR4. Dans la prairie, un petit carnivore, grosse fouine ou martre, traverse le chemin devant moi.
Je déjeune à la fontaine des Pères.
Après la fontaine, je reste à flanc direction l'est, traverse une petite départementale et continue dans les bois. Ces chemins forestiers, avec leurs tas de grumes en attente, l'odeur de la résine, c'est un peu ma madeleine de Proust à moi. Me rappelle, enfant, de nombreuses vacances dans le Jura.
Je me faufile entre le Grand Sarcoui et le Puy des Goules, pose le sac et monte voir le cratère de ce dernier.
Le Puy des Goules : encore un cratère bien marqué.
Coup d’œil en arrière sur le collier de puys du nord que je viens d'arpenter.
Scille à deux feuilles :
Je traverse rapidement la route au col des Goules. C'est le moment du choix : Pariou ou Côme ? Le premier, très spectaculaire grâce à son cratère très creux, je me rappelle l'avoir déjà grimpé, même si ça remonte à facilement 20 ans ! Le Puy de Côme, je n'en ai pas le souvenir ; je vais donc opter pour ce dernier.
D'autant que le Puy de Côme a une particularité assez unique : un cratère en double anneau. Je veux voir ça. Je cache mon sac dans les bois et monte par le chemin en pente régulière du sud-ouest.
Je ne sais pas pourquoi, je m'étais mis en tête que l'anneau externe serait le plus haut des deux. En fait, c'est le contraire, l'anneau externe n'est quasiment qu'un épisode plus ou moins plat avant que ça reparte en montée. C'est beaucoup moins spectaculaire. C'est surtout vu d'avion que le double anneau du Puy de Côme est mis en évidence.
Cela-dit, le point de vue du Puy de Côme (deuxième par l'altitude) vers le Puy de Dôme est assez unique !
Point de vue également vers le Puy des Goules où j'étais tout à l'heure.
Un dernier coup d’œil au Puy de Dôme et ensuite on redescend.
Je récupère mon sac et vais monter la tente quelque part dans la plaine de la Chabanne Vieille, profitant qu'il n'y ait pas encore de troupeaux : le pré est tout à moi !
20,5 km ; +1000 m -900 m.
Aboiements de chevreuils, hululements des chouettes. Ambiance !
(Jour suivant) (Jour précédent)
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Par lartisan le 18 Mars 2020 à 22:17
La tente encore plus trempée ce matin. Ma tentative de l'installer dans un endroit dégagé vers l'est s'est avérée inefficace. Je lâche le GR et me faufile entre le Cliersou et le Grand Suchet.
Et comme je me sens en forme, je cache le sac et grimpe au Cliersou, ce qui n'était pas du tout dans mes projets. Vue sur le Puy de Côme.
De jolies grottes, au flanc du Cliersou, où j'aurais pu dormir sans déployer la tente.
Mes objectifs : aujourd'hui le Puy de Dôme, en fin de semaine le Puy de Sancy...
Je passe entre le Grand Suchet (photo ci-dessous) et le Petit Suchet...
... pour rejoindre le plateau dénudé du Traversin. Une fontaine est indiquée, sur la carte, mais le robinet est démonté et remplacé par un bouchon. Tant pis, j'ai encore des réserves.
J'attaque le chemin de montée du Puy de Dôme, face nord, le "chemin des chèvres".
Un randonneur me double. Il porte un sac à dos gigantesque, je ne comprendrai que plus tard qu'il contient son parapente.
Je rejoins la mythique route, celle du fameux duel Poulidor-Anquetil, celle aussi - c'est plus ma génération - où s'illustra Pedro Delgado en 1988.
Sauf que là, pas un vélo, pas une auto - pas un train, non plus mais ça c'est normal, on est hors saison.
Je continue jusqu'à l'esplanade du haut. Deux touristes étrangers, c'est tout, restaurants bouclés, plateforme panoramique désertée.
Je consulte mes mails. Confirmation par les collègues de ce que ma fille m'annonçait dans un whatsapp reçu hier soir. Confinement généralisé. Et attestation de sortie obligatoire. Bigre !
De toute façon ma voiture est là-bas, au pied du Puy de Sancy.
Le tour du sommet. (Personne.) Point d'eau fermé, sans doute en raison des évènements et de la désertion du site.
Panorama au nord du Puy de Dôme, tous les puys contournés ou grimpés depuis le début de la rando.
Et gros plan sur le Puy de Côme ; on discerne bien le double anneau.
Retour au sud. Pendant ce temps-là, le parapentiste de tout à l'heure a pris son envol vers Clermont-Ferrand.
Je redescends côté sud le "chemin des mulets", passe au col de Ceyssat (restaurant fermé, point d'eau sur le parking fermé). Je continue sur le GR4, au travers d'une belle forêt, puis de prés ensoleillés.
Coup d’œil sur la face sud du Puy de Dôme.
Ce chemin me permet de rejoindre le village de Laschamps, où je peux enfin faire de l'eau, dans la fontaine du bourg. Ça continue quelques kilomètres dans les champs et les bois. Quelques VTTistes qui ont bravé le confinement me doublent.
Le sac, avec le plein d'eau, se fait très lourd. Je suis vanné et décide de m'arrêter quand un magnifique pré me tend les bras alors que je dépasse le Puy de Mercoeur. 16 km ; +900 m, -800 m.
Un judicieux tronc d'arbre me permet de bouquiner tranquillement tandis que la tente finit de sécher. (L'Archipel des Larmes, très beau "polar suédois" ; Camilla Grëbe, à retenir.) Mais le soleil se couche rapidement.
Ce soir, ce sont deux chevreuils qui s'engueulent copieusement de part et d'autre de la tente.
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