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Du ciel tombent des cordes
Faut-il y grimper ou s'y pendre?D'où vient cette morosité matinale ? Il pleut...
Ben oui mais en même temps le Hardanger c'est pas les Maldives. En tout cas pas la peine de me presser, je me rendors. Et à 9 heures, la pluie s'arrête.
Je sors pour quelques ablutions matinales. Et à quelques mètres à peine de la tente, je tombe sur un coin à multebaer.
Un de mes fantasmes justifiant ce trek dans le Hardangervidda - avec les wolverines (de ceux-ci on parlera une autre fois). C'est une sorte de mûre orange typique des marais boréaux, au goût paraît-il incomparablement délicat... J'en ramasse rapidement une douzaine, pour agrémenter mon petit déjeuner.
Je plie la tente et pars pour ma première journée à travers les plateaux du Hardanger. Le brouillard est sur le point de se déchirer tandis que je monte vers le col de Lonaskaret.
L'autre côté du col.
Le chemin passe en balcon au-dessus du Langavatnet.
Les chalets de Helnaberg.
Quelques arrêts - parce que les épaules tirent quand même un peu - propices à la récolte des myrtilles. J'en remplis un pochon, dans l'idée de les mélanger à mon dessert lyo du soir.
J'ai du mal à m'y retrouver, en rédigeant cette chronique, tant les lacs sont nombreux. Je me rappelle avoir plus ou moins perdu la piste, puis être tombé sur celui-ci qui me repousse vers le chemin balisé. (Le Austmannavatnet ? J'ai envie de traduire par "le lac du mec à l'ouest", ça me va bien - hum, faux ami, c'est plus probablement l'est que désigne le préfixe aust :-)
Je salue au passage deux pécheurs norvégiens puis débusque un peu plus loin une famille de lagopèdes - dont voilà le petit.
Encore un lac. Je ne commente pas : je ne sais pas où je suis :)
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Ensuite ?
Ben ensuite encore des lacs. A un moment j'enquille à droite, plein sud, dans une vallée étroite qui s'appelle Bøtadalen.
Le chemin grimpe peu à peu - de la cote 1100 à environ 1300 - et je ne suis plus à la fête. Je traîne des pieds et surtout, si je puis dire, des épaules.
Je domine un grand lac : Veivatnet. Salut les gigots.
J'ai retrouvé la Kinso : c'est elle qui se déverse, de lac en lac dans le Veivatnet, puis plus loin, à travers encore 7 autres lacs, jusqu'à la série de cascades d'hier matin. La remonter aurait été une belle balade hors piste.
Le paysage devient plus sec, plus austère. On sent qu'on est maintenant en haute montagne, que la végétation s’accroche avec difficulté. Au fond apparaît le Hårteigen, ma balise dans cette partie du trek : l'idée de départ est de virer la bouée pour ensuite remonter au nord.
Premier névé de l'année.
La Kinso, le Kinsevatnet, le Veivatnet.
J'en ai vraiment plein les pattes, et je m'arrêterais bien au bord de ce beau lac sans nom, le lac "cote 1377", mais il y a déjà une tente, et je ne vais pas gâcher sa solitude.
Ce lac se déverse dans une étroite faille orientée NNE. J'ai maintenant dépassé la limite de partage des eaux. Elles ne vont plus rejoindre la Kinso, à l'ouest, mais la Veig, vers le nord-est - comme moi demain.
Et voilà mon objectif de ce soir : le lac Øvsta-Soltjorni, au bord duquel est posé le refuge Torehytten.
Descente tout droit vers le bout du lac, pour m'installer sur le sable au bord du Øvsta-Soltjorni.
Je sympathise avec la bande de Danois installés dans deux tentes à côté. Ils sont venus escalader le Hårteigen.
"Bain public" avec les Gunnar et les Birgitta.
Au dessert ce soir : yaourt aux baies sauvages, agrémenté de myrtilles fraîches.
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Il est pas beau le Hårteigen ce matin ? Difficile d'imaginer site de bivouac plus grandiose.
Plouf dès 8 heures : mes voisins danois troublent l'eau du Øvsta-Soltjorni par un bain matinal en (très...) petite tenue. C'est des dingues.
Je traverse l'exutoire du lac, qui lui aussi s'écoule par une faille vers le nord-nord-est.
Je dépasse les chalets de Torehytten.
Hårteigen avec linaigrettes au premier plan.
Le Hårteigen... On va beaucoup le voir sur les photos du jour... Je m'en approche mais abandonne l'idée de le contourner.
Je pars en hors-piste : le terrain s'y prête et c'est un sentiment de liberté inégalable que de tracer sa route sans aucune contrainte. A partir de maintenant, cap au nord jusqu'au bout, le Hårteigen derrière moi.
Sauf qu'il y aura à négocier un gros obstacle, ma nouvelle balise qui apparaît à l'horizon : l'inlandsis du Hardangerjøkulen.
Mais j'en suis encore bien loin ! Je débaroule le long d'un torrent.
J'arrive dans la plaine. Deux rapaces - non identifiés - font tour à tour des ronds dans le ciel, et viennent jeter un œil sur moi avant de rejoindre leur conjoint au perchoir. J'essaye de les photographier mais c'est raté.
Je suis redescendu rapidement à la cote 1200. Derrière moi le vallon que j'ai dévalé et tout le socle sur lequel le Hårteigen est perché.
Ça m'énerve un peu : j'ai du mal à mettre un nom sur les montagnes enneigées au loin au-dessus de la plaine. Le Onen, peut-être, au-delà du Eidfjorden, avec les chalets de Flåjna au premier plan.
Encore une photo du Hårteigen avant de rejoindre les rivières et Viersdalen.
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