-
Ma "ballade" de val Louron en val d'Astau : elle mérite d'être contée !
Très ambitieuse au départ : il s’agissait de passer en Espagne depuis le fond du Val Louron, via le lac du Portillon, de monter au Posets (3371 m quand même…) et retour par le Port de Pez… Bon on ne fait pas toujours ce qu’on veut.
Il faut dire que je pars fin septembre et que la veille de mon départ… il neige !
Après une bonne journée de voiture, je laisse celle-ci à côté de la centrale électrique du Pont du Prat, et je prends la route du refuge de la Soula par les gorges de la Clarabide. De la neige, il y en a, mais juste quelques centimètres, ça embellit bien le paysage !
(J'y suis repassé, en 2013, et j'ai pris quasiment la même photo, sans la neige.)
Au refuge, je suis le seul client – et le dernier pour la saison. La gardienne me dit qu’elle a tenté de m’appeler pour s’assurer que je venais – compte-tenu de la météo. Quant à elle, dès mon départ demain matin, elle boucle le refuge pour l’hiver et rejoint son mari qui vient de tuer le cochon…
Départ dès 8 heures, le lendemain. Je m’attends à galérer un peu, et le jour est court, il faut prendre une marge de sécurité ! Derrière moi, le Bachimala est bien enneigé.
J’arrive au lac de Caillauas sans difficulté, il y a peut-être, quoi, 15 cm de neige. En tout cas quel spectacle !
C’est là que le destin m’attend… ;-)
A partir de là, plus de chemin marqué. La route est évidente, il fait grand beau, mais cheminer dans la caillasse avec 20 cm de neige, c’est… problématique ! A chaque pas, la foulure guette, il faut sauter de rocher en rocher, ou sonder la neige avec les bâtons. Le temps passe… Voilà le lac des Isclots.
On est à 2400 m, et la neige se fait plus épaisse – mais c’est de la fraîche, le pied passe toujours au travers et il faut donc toujours avancer avec prudence… Un peu plus haut, le Col des Gourgs Blancs, mon 1er objectif.
Quand je bascule vers le Portillon, il n’est pas loin de 18 heures, la nuit ne va plus tarder. Trop tard pour faire demi-tour.
Il n’y aura plus de photo pour aujourd’hui. Avant de redescendre vers le refuge, il faut traverser le (la ?) Seil de la Baque, une dépression à 2800-2900 m. La neige s’est accumulée en congères, j’enfonce sur près d’un mètre…
J’entrevois le lac du Portillon (le refuge est en principe juste en contrebas du lac) et puis la nuit est là, je continue à la frontale. J’ai pointé le refuge au GPS sur la carte IGN, ça va le faire ! Il y a une série de cairns qui montent vers le nord, je la suis un moment. Mon pantalon s’est peu à peu trempé, puis gelé, c’est comme si j’avais 2 tubes de PVC autour des jambes…
Me voilà trop au nord, je laisse les cairns et au jugé je débaroule des petites pentes vers l’est en me laissant glisser dans la neige. Je ne sens plus mes pieds, ni mes mains. Je m’écorche les doigts sur des rochers sans même m’en rendre compte.
21h30, me voilà sur mon point GPS. Pas de refuge ? Je cherche dans la nuit, rien.
Je n’aurai pas vraiment le temps de gamberger, d’envisager la nuit à la belle étoile par moins 10°… Un sifflement ! A peut-être 300 m au sud, quelqu’un m’a repéré depuis le refuge (qui est bien loin du point indiqué sur la carte…). Coup de chance, il est sorti fumer une dernière clope avant de se coucher et il a repéré ma frontale ! Il me guide de la voix et il est 22h30 quand je m’écroule dans le refuge, où ce sont donc 2 alpinistes qui me prennent en charge, m’aident à m’installer et me font la popote.
Qu’ils en soient remercié, car je ne les reverrai pas : ils m’ont bordé dans le dortoir et quand j’émerge le lendemain, ils sont partis.
Je suis psychologiquement HS, incapable de reprendre mon parcours initial – sans parler de la neige. Alors je descends.
Je passe le lac Saussat, le lac d’Espingo. J’envisage de m’arrêter au refuge d’Espingo, mais il est quand même bien tôt. La gardienne m’informe qu’il y a un gîte aux Granges d’Astau : je reprends la descente.
C’est à peine midi, mais je m’installe – seul, allume le feu dans la cheminée pour réchauffer le grand gîte.
J’ai trouvé un chemin pour retourner vers le val Louron : le col du Couret d’Esquierry. 2131 m : je ne serai pas gêné par la neige.
Le lendemain, donc, ça va mieux, je reprends la route de bonne heure.
Arrivé au Couret d’Esquierry je repère quelques animaux qui broutent un peu plus haut vers le Montségu. Je les prends pour des isards bien sûr, jusqu’à entendre les grondements qui retentissent dans le vallon (le val d’Aube) après le col : on est en plein brâme du cerf ! Je retrouve un mâle avec un (petit !) harem de 2 biches un peu plus loin.
La descente continue dans le val d’Aube et je rejoins la route puis ma voiture. Fin de l'histoire...
votre commentaire -
Depuis des années je crapahute dans la vallée de Chamonix, en été comme en hiver. Témoin, comme les autres amoureux du pays du Mont-Blanc, du recul des glaciers, voilà ma petite contribution iconographique.
Je précise que je ne prends pas partie dans le débat sur l’origine anthropique du phénomène, ni sur son irréversibilité, ni sur son rapport avec l’effet de serre…
Le glacier des Bossons serait la plus grande chute de glace des Alpes, droit du sommet du Mont-Blanc.
Quand j’était gosse, le glacier descendait encore jusqu'en bas de la combe qu'il avait lui-même créée, on le touchait, on grimpait dessus. Je n'ai pas de photos de l'époque.
Chaque année ou presque, de 1993 à 2012, j’ai pris une photo de mes enfants avec en arrière-plan le glacier des Bossons, debout sur le même rocher. On les y voit grandir - ça ne vous regarde pas ! On y voit le glacier évoluer. Voilà quelques recadrages :
Pendant cette période, le recul est finalement assez peu important. 5 ans après, le changement n’est pas encore très sensible.
En 2004, il y a des chamois dans la pente, je m’en approche et, tant qu’à faire, je monte toucher le front du glacier.
Ça risque bien d’être la dernière fois…
Ça a bien reculé, et ça s’accélère : 1 photo par an :
J’en ai gardé une pour la fin… 1990 ! La prise de vue n’est pas tout à fait du même endroit, mais comparez à 1993 (la 2ème photo de l’article) ! En l’espace de seulement 3 ans, la langue de glace a disparu ! Pire qu’en 2009-2012.
Encore une, der des der : 1900 ! Carte postale de l’école de glace. Le cadrage est assez semblable…
Il faut le dire honnêtement, le recul ne date pas d'aujourd'hui. Quant à en tirer une quelconque conclusion... Effet de serre ou rattrapage suite aux dernières périodes d'avancée...
(Cinq ans après, je publie la suite - 2012-2017.) Et encore 5 ans après - 2017-2022.)
1 commentaire -
Spéciale dédicace aux jeunes pacsés
Elle rêve d’île…
De plages dorées
Sur un atoll
De fruits sucrés
Aux îles Marshall
De bord de mer
D’aventure folle
D’un jeune pêcheur
Aux cheveux pâles
Lui rêve d’aile…
De longs planés
De cabrioles
D’accompagner
L’aigle royal
Vers son repaire
De pigeon-vol
D’hôtesse de l’air
Aux yeux fatals
…………………………..
Les yeux sur une télé
Allumée ils s’endorment
Ils se sentent appelés
Vers d’autres horizons
Chatoyants multiformes
S’abandonnent et s’en vont
Loin du gris et du moche
Tous deux à la dérive
Ont oublié leurs proches
Et dans un univers
Aux couleurs les plus vives
Voguent enfin de concert
……………………………
Elle rêve d’île
Lui rêve d’aile
Elle rêve d’île
Lui rêve d’aile…
……………………………
Mais hélas quand la mer et le ciel
Se mélangent
C'est tempête au pays du réel
Les temps changent
Et sans tarder la vie se révèle
Et se venge
Contre elle ces songeries futiles
Se fracassent
Détruisant cette empathie fragile
Et fugace
Comme un tatouage malhabile
Qui s'efface
……………………………
[Mais peut-on vivre sans ailes ?
Sans îles, sans rêves même ?
Ce serait, lecteur fidèle,
(Lectrice ?)
Le sujet d'autres poèmes
(Moins tristes ?).]
votre commentaire