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Ça monte, ça descend...
Je coupe dans les broussailles - peut-être 200 mètres de hors piste - pour rejoindre au nord le barranco de Used.
A ce niveau, le río Used et ses saltos sont également à sec.
Toujours ces bancs de roche dure qui barrent la route et signent le paysage. Mine de rien, on prend de la hauteur.
On approche d'un nouveau village, voilà les ruines du moulin d'Azpe, perdu dans la végétation.
Je me faufile dans les broussailles et les ronces, pour essayer d'apercevoir quelques vestiges de sa mécanique, mais il n'y a pas grand chose à voir alors je continue vers Azpe et ses ruines.
La vieille église d'Azpe n'a pas été rénovée.
L'exode rural, probablement inexorable, fut fortement favorisé sous Franco, dans les années 50-60. Tous ces braves gens, espérant le meilleur, sont allés s'entasser dans des bidonvilles en périphérie des grosses agglomérations. Aujourd'hui, leurs petits enfants tentent de reconquérir leurs vieilles terres, d'en faire des résidences secondaires ou des gîtes à touristes. Encore faut-il qu'elles soient accessibles, qu'on puisse y amener l’électricité, l'eau courante... Azpe, comme Otín, comme Nasarre, est trop éloigné du goudron, il n'avait aucune chance de survivre et est maintenant bien oublié..
Arrivé sur un nouveau palier des plateaux de Guara nord (on est autour des 1250 m d'altitude), je reprends la direction de l'ouest.
Magnifique arbre auquel je suis toujours incapable d'attribuer un nom. J'y croise un groupe de randonneurs à cheval précédés de quelques chiens.
Ça commence à redescendre. Dernières ruines de la journée : Abellada.
Le village n'est pas directement sur le chemin, j'ai la flemme d'y monter, j'ai eu mon comptant de ruines, alors je redescends en longeant le barranco d'Abellada et ses saltos, tout aussi secs que sur le barranco de Used.
Ah ben non, un dernier salto avec un peu d'eau en mini cascade ! Je m'y ravitaille.
Je me rapproche du plateau du bas, et il est l'heure d'envisager de s'arrêter. Sur ma droite, j'aperçois quelques terrasses assez bien cachées dans la végétation. Idéalement j'aurais aimé faire encore un ou deux kilomètres pour raccourcir la journée de demain - qui s'annonce costaud, mais sans certitude de trouver mieux, je m'y pose. Données GPS du jour : 18,7 km, +796/-721 m. L'heure venue je monte la tente sous les arbres ; pas de photo, j'ai oublié d'en prendre.
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Quelques chouettes hulottes pendant la nuit, pas d'autre visite (ou alors je dormais).
J'aurais pu imaginer une boucle de 4 jours en allant grenouiller du côté de Nocito (río Guatizalema, barranco de la Pillera, barranco Cuello si on n'a pas peur d'un peu se mouiller) puis peut-être en rentrant via le Tozal de Guara. Mais comme je tiens à visiter aussi la région d'Alquézar, je n'ai pas le temps. Donc, aujourd'hui retour sur Rodellar via le Tozal de la Cabeza, dit aussi Cabezo ou Cabeza de Guara.
Je reprends la descente, constatant au passage que j'ai eu le nez creux de m'installer dans le bois : le paysage se fait rocailleux et peu propice à un bivouac.
Le Tozal de Guara, sommet de la sierra de Guara, en face. 2078 m. 1000 mètres plus haut que le fond de vallée, belle bavante. Le Cabezo ne fera que 1870.
L'église de Bentué de Nocito, San Pedro, réhabilitée.
Bentué de Nocito fait partie de ces quelques villages sauvés par la proximité du goudron. Les maisons ont été retapées en sympathiques résidences secondaires. Je m'arrête le temps de compléter mes réserves d'eau à sa fontaine publique.
Plutôt que de prendre à gauche le GR1 vers Used, je rejoins le goudron, traverse tout droit, traverse aussi le río de Abellada et monte dans la forêt. Ma carte indique plusieurs chemins est-ouest, nord-sud, des passerelles nord-ouest sud-est, bref plein d'options pour rejoindre les fenales de Guara. J'y vais un peu au feeling. Aux alentours du lieu-dit Paul de Bentué je saute un muret de pierres sèches, me fiant aux traces de troupeaux pour traverser sans difficultés la garrigue. La carte indique les ruines de l'église de Can de Used ; je suis passé un peu plus au sud.
Peu après la caseta de la photo ci-dessus, ma piste rejoint un chemin plus large, bien tracé entre deux murs de pierre, qui monte de Used vers les fenales de Guara. Des papiers fixés au bord de la route indiquent une chasse en cours et dissuadent de continuer la route, j'espère les éviter...
Arrivée aux fenales de Guara, pause déjeuner.
Je remonte les prés, salue deux chasseurs qui poireautent à côté de leurs 4x4, reprends vers l'est.
J'entends les chiens s'exciter dans les bosquets en-dessous de moi, mais ne vois plus de chasseurs, ni d'animaux affolés. Le temps se détériore un peu, surtout du côté des Pyrénées.
Je déboule sur les llanos de Cubierto, sorte de plateau désertique qui s'étend entre le Tozal de Guara et le Tozal de la Cabeza, mon objectif.
Arrivé à une sorte de col, à la cote 1684, il s'agit de remonter le plus directement possible en louvoyant entre les broussailles, vers le sommet du Cabezo.
Le sac à dos se fait lourd, je n'ai pas trop les jambes, j'adopte la technique du cerveau débranché : fixer le sol un mètre devant soi, ne penser à rien, ne surtout pas jeter un œil vers l'objectif... Peu à peu la pente se fait moins raide, je m'approche du sommet, je m'arrête pour admirer le panorama. A l'ouest, la crête principale, qui conduit du Tozal de Cubilás au Tozal de Guara. Les nuages bas sont pile à leur hauteur.
Au nord-ouest, le haut du canyon des Gorgas Negras qui dissimulent le río Alcanadre. Les Pyrénées toujours dans les nuages.
Et c'est le sommet du Cabezo de Guara, 1870 m.
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Et c'est le sommet du Cabezo de Guara, 1870 m.
S'il fait moche sur les Pyrénées, au sud c'est mieux, avec juste quelques grains éparses et on sent que ça s'améliore. Soleil sur les falaises des Gorgas Negras.
Rodellar est encore loin, je ne me sens pas d'aller visiter le puits à neige en contrebas. Mon chemin rejoint une piste carrossable puis la quitte brutalement et plonge vers l'est.
C'est un sentier balisé tout neuf, qui se faufile dans les broussailles, se rapproche du canyon pour un beau point de vue vers les Gorgas Negras.
Succession harassante de montées et descentes sur la crête qui rejoint la Lacuna Alta. Point de vue sur l'itinéraire que je viens d'emprunter depuis le sommet du Tozal de la Cabeza :
Après la Lacuna Alta, je me dis que j'en ai presque fini avec les montées, mais c'est sans compter sur un dernier petit col à passer, le cuello Reguero. Enfin, voilà la vallée de l'Alcanadre, avec las Almunias sur la pente opposée.
Descente un peu pénible vers Pedruel. Rodellar, au fond de la vallée, est bien visible, paraît bien loin et casse bien le moral...
Une bonne heure de descente. Bien content de rejoindre la vallée. A Pedruel, il me reste encore un peu moins de deux kilomètres et 100 mètres de dénivelée, mais ça sent l'écurie !
Traversée de l'Alcanadre au Puente de Pedruel.
L'Alcanadre...
L'église de Rodellar se rapproche.
Et voilà le parking, la boucle est bouclée. Données GPS du jour : 22,7 km, +1194/-1569 m. Pas mal.
Total de la boucle : 56 km et dénivelé positif de 3300 m. Je m'installe pour la nuit au camping de Rodellar (transformé en exposition de camping-cars pour le week-end), mais la suite se passera autour d'Alquezar.
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